Charles Pasqua, condamné à trois ans de prison dont un an ferme dans le cadre d'une affaire de trafic d'armes à destination de l'Angola dans les années 1990, rejette les accusations portées contre lui et promet des révélations.
Dans une lettre à tous les parlementaires français et une interview publiée dans l'édition de samedi du Journal du Dimanche, il met de nouveau en cause l'ex-président Jacques Chirac et Dominique de Villepin, ex-secrétaire général de l'Elysée et ancien Premier ministre. Dans la lettre datée du 5 novembre, dont Reuters a obtenu une copie, il réfute l'accusation selon laquelle il se serait rendu coupable d'un trafic d'influence pour l'attribution d'une décoration à un des principaux protagonistes de l'Angolagate, le milliardaire israélien Arcady Gaydamak, en échange de 1,5 million de francs (225.000 euros). Il assure qu'Arcady Gaydamak a obtenu cette décoration en 1996 pour son rôle dans la libération de deux pilotes français détenus en Bosnie, "avec l'aval du président de la République" de l'époque, c'est-à -dire Jacques Chirac, "qui a assuré le financement initial des opérations". Dans Le Journal du Dimanche, il annonce : "J'organise jeudi une conférence de presse au cours de laquelle je vais faire des révélations". "Des preuves seront apportées que l'Elysée et Dominique de Villepin étaient parfaitement au courant", ajoute l'ancien ministre de l'Intérieur. "Ils ne pourront plus prétendre le contraire. J'ai des preuves matérielles de ce que j'avance." Dans sa lettre aux députés et sénateurs, il demande par ailleurs la mise en place d'une "commission parlementaire permanente ayant accès à tous les documents financiers concernant des ventes de matériels sensibles, couverts par le secret défense". Il propose que la majorité et l'opposition soient représentées dans cette commission. "Le Parlement serait ainsi à même de suivre la régularité des marchés concernés. Il pourrait, le cas échéant, constater la réalité des allégations, faire litière des accusations sans fondement et, si besoin, saisir les présidents des assemblées", ajoute Charles Pasqua. Il estime que le "mauvais roman" de la manipulation des listings de la société Clearstream, affaire dans laquelle Dominique de Villepin est poursuivi, n'a été rendu possible que par la décision de ne pas lever le secret défense sur les opérations financières liées à la vente de frégates à Taïwan. Il affirme dans Le Journal du Dimanche que le secret défense sert aujourd'hui à protéger "quelques aigrefins". "Des escrocs s'abritent derrière l'intérêt national et le secret défense pour faire leurs propres affaires", dit Charles Pasqua, qui affirme penser à "une douzaine de personnes". - Reuters