Pourquoi Alpha Condé a-t-il marché pour Charlie Hebdo?
Jan 12, 2015
Ce dimanche, une marche silencieux a été organisée à Conakry sur le parcours Conseil National de la Communication (CNC), ambassade de France. Marche à laquelle se sont jointes toutes les sensibilités éprises de liberté dans toute son acception, de paix et de justice.
Ils étaient ainsi des hommes du monde des médias, de la culture, de la politique, de la diplomatie, des membres du gouvernement, de la Société civile. Tous, venus exprimer leur solidarité en la mémoire de nos confrères froidement assassinés le 7 janvier 2015 dans les installations du journal Charlie Hebdo.
Une présence a particulièrement retenu l’attention. Celle du Président Alpha Condé.L’homme verse les larmes, des larmes chaudes, sensibles. Plus d’une fois, on l’a constaté.
Ce dimanche, 11 janvier 2015 donc, c’est un autre Alpha Condé que l’on a découvert. On l’a connu président de la FEANF (Fédération des Etudiants de l’Afrique Noire de France). Mais pas, de par ses talents de journaliste.
A l’arrivée de la marche silencieuse dans les locaux de la chancellerie de l’ambassade de France, on sera accroché, pendant de bonnes minutes, aux lèvres du locataire de Sèkhutureya.
Dans son speech, Alpha Condé fera découvrir une autre facette de sa vie. Celle de journaliste. Rédacteur notamment, dans les colonnes de Charlie Hebdo. En vrai Charlie, le chef de l’Etat de narrer: «Vous savez, Libération et Charlie Hebdo [des journaux français ; NDLR] sont des enfants de mai 68. Ce sont des journaux dont nous avons été les rédacteurs parce que les rédacteurs n'étaient pas forcément des journalistes mais, tout simplement des militants qui s'y réunissaient. Le comité de rédaction était formé de tout le monde, Libération et Charlie Hebdo».
Le chef de l’Etat a, en d’autres termes, exprimé la douleur qu’il ressent à la suite de la perte de ces hommes qui étaient aussi des compagnons de lutte: «Nous n'avons pas perdu que des journalistes mais, des compagnons de longue date avec lesquels nous avons sillonné le pavé du quartier Latin. Ce qui nous a amenés à enlever le pavé pour mettre le goudron parce que le pavé nous servait d'arme face aux gendarmes».
Le numéro Un guinéen a conclu son intervention en présentant les condoléances du peuple de Guinée à la France entière.
Alpha Condé a toutefois regretté que l’épidémie de la maladie à virus Ebola qui a entrainé la déclaration de l’Urgence sanitaire nationale fait que la marche silencieuse n’a pu connaitre l’ampleur souhaitée: «Il est vrai qu'avec Ebola, on ne peut pas organiser une grande manifestation puisque, nous avons une contrainte d'urgence sanitaire mais, nous avons pris nos précautions pour montrer à la face du monde que la Guinée est solidaire de la France».
Ainsi que l’on le voit, c’est le monde entier qui a été choqué par l’assassinat de plus de la dizaine de personnes dans les locaux du journal français, Charlie Hebdo. Mais, passé le temps du choc et de l’émotion, il y a lieu que les hommes de la plume aussi, se ravisent et se responsabilisent en évitant toujours de choquer. Oui, à la liberté de la presse et d’expression mais, non à la provocation avec pour argument que c’est de l’humour. On peut esquisser un rictus sans pour autant que cela ne soit du rire, même pas du rire jaune!
Que Dieu accepte de pardonner les fautes de nos confrères disparus. Amen!
AfricaLog.com
