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Psychose à Bangui

Dec 07, 2013
Psychose à Bangui

L'armée française a lancé son opération en Centrafrique avec un renforcement dans un premier temps vendredi des patrouilles dans Bangui, qui vit dans la psychose de nouvelles tueries, après les massacres à grande échelle de la veille.

Si aucune violence de grande ampleur n'a été signalée vendredi, plusieurs milliers d'habitants de Bangui étaient rassemblés aux abords de l'aéroport de la capitale centrafricaine, où l'armée française et la force africaine ont leurs bases, de crainte d'exactions dans leurs quartiers voisins de Boeing et Boy-Rabe.

Dans le quartier de l'Assemblée nationale, la Croix-Rouge centrafricaine ramassait des dizaines de cadavres abandonnés dans la ville depuis les violents affrontements de la veille, suivis de tueries, par armes à feu ou machette.

«L'opération a commencé» et les forces françaises présentes en Centrafrique «ont développé des patrouilles dans Bangui», a affirmé vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

À l'aéroport, d'où les patrouilles de blindés sortent en ville, l'armée française continuait d'augmenter son dispositif. Venu de la ville portuaire de Douala au Cameroun, un convoi terrestre s'apprêtait également à entrer en Centrafrique. De son côté, Londres a mis à la disposition de l'opération un avion militaire gros porteur C17.

À la nuit tombante, quelques minutes avant le couvre-feu, deux avions de combat français Rafale ont longuement survolé la ville pour impressionner les belligérants.

Cadavres abandonnés dans les rues

Excepté aux abords immédiats de l'aéroport, les rues de la capitale sont encore restées désertes toute la journée.

Après les tueries de jeudi, les agents de la Croix-Rouge, dans une odeur pestilentielle, emballaient les corps des victimes restées dans les rues dans des sacs blancs puis les plaçaient dans des véhicules, sous le regard de combattants de l'ex-Séléka, intégrés par le président Michel Djotodia dans les nouvelles forces de sécurité.

Après avoir subi, des mois durant, la loi d'airain et les exactions des ex-rebelles Séléka, pour la plupart musulmans, certains dans la capitale, très majoritairement chrétienne, pensent que l'heure de la vengeance a sonné. La colère des populations s'est progressivement reportée contre les musulmans, faisant planer le spectre de massacres à grande échelle entre chrétiens et musulmans, avec l'habituel cercle infernal des représailles.

La présidence centrafricaine a demandé vendredi à toutes les forces de défense et de sécurité de regagner leurs casernes, autorisant seules les forces panafricaine, française et la sécurité présidentielle à patrouiller dans Bangui. En fin de journée, cette demande était restée lettre morte, avec des picks-up bondés de soldats visibles dans tout Bangui.

Rétablir «un minimum de sécurité»

Jeudi, avant l'aube, de violents affrontements avaient éclaté dans le nord de la capitale. «Des groupes armés ont lancé une offensive sur la ville. Les forces de l'ex-Séléka (ex-rébellion, au pouvoir) ont riposté», selon Médecins sans frontières (MSF).
Dans un seul hôpital de la ville, MSF a comptabilisé 92 morts et 155 blessés, par arme blanche ou par balle, en deux jours, selon un nouveau bilan de l'ONG.

Jeudi après-midi, les journalistes avaient comptabilisé au moins 54 cadavres rassemblés dans une mosquée du centre-ville et 25 cadavres gisant dans les rues voisines. De nombreuses zones de la ville restent inaccessibles aux secours, faisant craindre un bilan extrêmement lourd de ces violences.

C'est dans ce climat délétère et explosif que l'ONU a donné son feu à une opération conjointe de forces africaines et françaises pour rétablir la sécurité. La France, ancienne puissance coloniale, est déjà intervenue à plusieurs reprises en Centrafrique par le passé.
La mission des militaires français, en appui de la force africaine sur place, est d'assurer «une sécurité minimum, permettant à une intervention humanitaire de se mettre en oeuvre, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», a expliqué M. Le Drian. Cette mission passe «par la sécurisation des rues, des itinéraires principaux pour permettre aux gens d'aller même à l'hôpital», a-t-il expliqué.

La Centrafrique, pays très pauvre de 4,5 millions d'habitants, est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses entre chrétiens (majoritaires à 80 %) et musulmans depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka.

Le chef de la Séléka, Michel Djotodia, a été investi président de transition en août, puis a dissous la Séléka en septembre, mais sans parvenir à rétablir l'ordre. – AfricaLog avec agence

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