Dans le scénario de sortie de crise en Guinée, les Forces vives ont proposé la mise en place d’un gouvernement d’union dirigé par une personnalité de consensus qui ne se présenterait pas à la présidentielle issue de cette période de transition. A Ouagadougou, quelques noms sont déjà avancés par des Guinéens présents dans la capitale burkinabè, à la faveur de la rencontre entre les Forces vives de leur pays et Blaise Compaoré, le facilitateur de sortie de crise.
L’un des noms qui est le plus cité pour gérer la transition au cas où le capitaine Dadis Camara devrait partir, c’est celui de Monseigneur Robert Sarah, archevêque émérite de Conakry, secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, en poste au Vatican. Ce prélat, selon ses compatriotes, a toujours laissé l’image d’un homme intègre. Nombre de Guinéens jouent volontiers sa carte pour gérer la transition. A ce nom, s’ajoute celui de François Lonsseny Fall, chef de parti d'opposition en Guinée, qui est aussi une figure bien connue du monde diplomatique. Il possèderait un carnet d’adresse fourni. François Lonsseny Fall a été blessé au stade du 28-Septembre, lors de la manifestation des Forces vives de la Guinée au cours de laquelle des militaires proches de Dadis Camara sont accusés d’avoir tué par balles et violenté des civils. Quelques noms d'hommes politiques comme les anciens premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré sont également avancés au gré des conversations, mais bien loin des tribunes officielles. Il faut reconnaître que l'appât de la transition ne semble pas trop aiguiser les appétits des politiques, vu que celui qui la gère ne devrait plus se présenter pour la présidentielle à venir. C’est du reste dans cette logique que Mamadou Mouctar Diallo, leader des Nouvelles forces démocratiques (NFD), se verrait bien diriger cette transition, si la proposition lui est faite. Diplômé de la faculté de droit, son jeune âge ne lui permet pas de briguer le fauteuil présidentiel l’année prochaine. Mais, Mouctar Diallo suscite autant d’animosités que d’espoirs dans le camp des Forces vives. La suppression de son nom sur la liste de ceux des Forces vives guinéennes qui devraient prendre part aux discussions de Ouagadougou avec le Facilitateur, aurait suscité bien des protestations, notamment de la part de Rabiatou Sera Diallo et de bien d’autres figures de ce mouvement. Le leader des NFG aurait été plusieurs fois menacé de mort par des éléments dits proches du CNDD du capitaine Dadis Camara. Interrogé à Ouagadougou sur ce qu’il pense d’un poste de président de la transition, ce jeune homme a esquissé un sourire avant de lâcher: «Si c’est pour l’intérêt supérieur de la Guinée, pourquoi pas?» Et celui que ses proches ont surnommé «Le mouk», d’ajouter: «Si l’on s’en tient aux conditions de la Constitution qui était en vigueur, je ne peux me présenter à la présidentielle. Je n’ai pas l’âge requis. Mais cette exclusion est aussi un atout. En effet, cela fait de moi un candidat qui peut gérer la transition. Celui qui gère la transition ne pourra se présenter à la présidentielle prochaine. Je ne perdrai rien en gérant la transition». Un Guillaume Soro à la sauce guinéenne va t-il gérer la transition? On attend de voir. - Fasozine