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Ramadan à la synagogue en Virginie

Sep 17, 2009

Vendredi, à midi, les fidèles entrant dans le lieu de culte retirent leurs chaussures, déroulent des tapis et s'agenouillent pour prier en arabe. Ceux qui prennent le relais, au coucher du soleil, portent eux la kippa, allument des bougies et prient en hébreu.

Nous sommes dans une synagogue de Virginie, dans une rue bordée d'arbres en banlieue de la capitale américaine Washington, qui, le temps du mois sacré du Ramadan, accueille aussi les musulmans en mal de mosquée.

Ce sont les membres de cette congrégation juive réformée qui ont suggéré de recevoir les membres de la communauté musulmane, après avoir appris qu'ils cherchaient un lieu de culte pour cette période particulière.

"Les gens ne voient les relations entre juifs et musulmans qu'en termes de conflit", souligne Mohammed Magid, l'imam de la société islamique pour toute la région de Dulles, notant que généralement c'est le conflit israélo-palestinien qui fait la "une": "Voici une histoire qui bouscule les stéréotypes".

L'imam, originaire du Soudan, raconte qu'il n'avait jamais rencontré de juifs avant son arrivée aux Etats-Unis, alors âgé d'une vingtaine d'années. Et il n'aurait jamais imaginé non plus pouvoir avoir des relations aussi étroites avec un rabbin.

Aujourd'hui, explique-t-il, cette relation avec les membres de la congrégation juive du nord de la Virginie l'a changé, lui et les membres de sa communauté: les fidèles de la synagogue de Reston ont été plus que tolérants, ils ont été très accueillants, dit-il.

Et Magid de confier qu'un de ses fidèles lui a dit: "la prochaine fois que je regarderai un juif, je ne le verrai plus avec les mêmes yeux".

Pour le rabbin Robert Nosanchuk, à la tête de cette congrégation réformée comptant quelque 500 familles, la relation fonctionne dans les deux sens. "On ne connaît vraiment une personne qu'une fois qu'on l'a invitée chez soi (...) On apprend à la reconnaître. On apprend l e nom de ses enfants".

La prière des musulmans se fait dans la salle des activités sociales de la synagogue.

Synagogue et mosquée savent ce que partager veut dire. Il n'est pas rare de voir les fidèles qui s'y rendent le vendredi soir, veille de shabbat, se garer sur le parking de l'église voisine. Et le dimanche, il est fréquent aussi les paroissiens se gardent derrière la synagogue.

Quant à la mosquée, elle loue des espaces tous azimuts depuis sa création, en 1983: ses fidèles ont tout à tour prié dans un centre de loisirs, un lycée, un immeuble de bureaux et, pendant longtemps, dans une église. Mais à mesure que la communauté grandissait, l'espace lui manquait. En 2002, la communauté a inauguré son propre local à Sterling (Virginie) qui peut accueillir 900 fidèles. La communauté dispose aussi de locaux satellites pour recevoir davantage de personnes dont un hôtel, une salle de banquets et même une deuxième synagogue, de la congrégation réformée Beth Chaverim à Ashburn (Virginie).

La communauté musulmane a commencé à louer des salles dans les deux synagogues en 2008, à celle d'Ashburn pour les prières quotidiennes et à celle de Reston pour la prière du vendredi, la plus importante. Mais c'est la première fois que la communauté loue une salle à Reston pour la période sacrée du Ramadan, à raison de 300 dollars (203 euros) par jour.

Ces jours-ci, on entend donc parfois des musulmans lancer "shalom" quand ils croisent le rabbin, qui leur répond par un "salaam" tout aussi amical... Le rabbin Nosanchuk a récemment pris la parole lors de la prière du vendredi et l'imam Magid en a fait de même à la prière du shabbat.

La fin du Ramadan ne sera pas la fin de cette cohabitation harmonieuse: les deux religieux envisagent même d'organiser un voyage commun au Proche-Orient.

Quant à l'imam Magid, il s'amuse du fait que certains de ses fidèles ont déserté pour de bon la mosquée pour la synagogue, qu'ils trouvent plus confortable...

"Mais où étais-tu donc passé?", a-t-il récemment demandé à un ancien habitué de la mosquée. "Mais, tu m'as vu à la synagogue", lui a répondu l'homme. – AP 

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