Jamais, remaniement ministériel n’a été autant "chanté" comme celui que se prépare à opérer le Président Alpha Condé. En effet, tout est parti de la rencontre avec la communauté baga, quand il a annoncé qu’il procèdera très prochainement à la formation d’un nouveau gouvernement en plaçant «l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut». Suivra l’annonce lors de son allocution de nouvel an à la nation. Des occasions au cours desquelles le Chef de l’Etat a déclaré qu’il s’agira d’«un gouvernement de mission».
La démission du Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana avec son équipe est attendue, ce n’est point de la tradition des régimes guinéens.
La seule fois que l’on a assisté à un départ officiel d’un Gouvernement, c’était à l’occasion de la fin de la seconde phase de la transition avec la présentation de la démission de l’équipe de Jean Marie Doré, Premier ministre, Chef du Gouvernement.
Le seul bémol à la solennité, a été l’intervention esseulée de Tibou Kamara, Ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence.
C’est donc, la première fois qu’un remaniement ministériel est claironné sur tous les toits. Sinon, il a toujours eu l’effet d’un couperet. L’effet de surprise est resté. Même si le Numéro Un guinéen annonce «un Gouvernement de mission» au sein duquel «chaque Ministre aura une feuille de route sur laquelle, il sera évalué et jugé».
A y regarder de près, les différents actes obéissent à la Constitution en ses différents articles:
«Article 46 : Le Président de la République dispose du pouvoir réglementaire qu’il exerce par décret.
Il fixe par décret les attributions de chaque Ministre. Il peut déléguer une partie de ses pouvoirs au Premier Ministre…».
Au regard des rumeurs de démission ou pas de l’actuel Premier ministre, la Constitution est claire: «Article 52 : Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement est nommé par le Président de la République qui peut le révoquer». Autrement dit, la démission du Premier ministre, fût-il Chef du Gouvernement, ne saurait être de tradition donc, d’actualité.
D’autre part, l’alinéa 2 de l’Article 53 dispose que «Le Président de la République nomme les Ministres et met fin à leur fonction, après consultation du Premier Ministre».
Quelle que soit son ampleur, bien malin sera celui qui pourra esquisser la physionomie de la nouvelle équipe. Une certitude cependant, sauf extrême surprise, le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances et celui Délégué au Budget pourraient se voir reconduits ou promus à d’autres postes. La raison? C’est l’appréciation faite par le Chef de l’Etat en personne de ces deux hauts cadres lors de son adresse à la nation de nouvel an: «C’est le lieu d’ailleurs de saluer les gros efforts déployés par les ministères des Finances et du Budget, pour redresser la situation budgétaire de notre pays, et assurer un suivi constant de l’exécution du budget national à travers des procédures plus strictes et plus transparentes. La rigueur affichée par ces deux départements ministériels, est le signe de notre volonté de nous doter d’une administration moderne, efficace, soucieuse de la qualité du service public et de l’intérêt général».
Dans quelques heures donc, le nouveau gouvernement que le Président de la République qualifie de «Gouvernement de mission, chaque Ministre aura une feuille de route sur laquelle, il sera évalué et jugé».
D’ici là , tout le monde s’accorde à dire que «c’est la période de vaches grasses pour les karamoko ou marabouts qui sont consultés par les Ministres en sursis, ou les Ministrables ou candidats aux maroquins».
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