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Washington: une délégation de la junte guinéenne « arrosée » avec des oeufs

Sep 21, 2009

La rencontre entre la délégation de la junte guinéenne et les guinéens de la diaspora vivant dans la métropole de Washington prévue le samedi 19 Septembre a l’hôtel Marriott, dans le campus de l’Université de Maryland a été interrompu par des mouvements de protestations. La délégation était composée du colonel Korka Diallo, Ministre du commerce, de l’industrie et des PME, du Ministre de l’information et porte-parole du gouvernement Justin Morel Junior, de l’Ambassadeur Mory Karamoko Kaba, du vice président du comité d’audit, Habib Hann, du directeur de la RTG, Ahmed Barry et autres sbires du régime militaire de Conakry.

Dès l’entrée des membres de la délégation accompagnés du personnel de l’ambassade dans la salle on pouvait pressentir que les débats devaient être houleux. D’un côté les pro-Dadis ont commencé à scander son nom de l’autre les anti-Dadis huaient. Dans cette cacophonie il était difficile de faire le discernement.

Après avoir pris place sur la tribune c’est une pluie d’oeufs qui s’est déferlée sur les membres de la délégation guinéenne. Une scène indescriptible et surréaliste. Les ministres et officiels “bombardés” ont pu s’en sortir avec l’aide de la police. A noter que ceci n’était pas un mouvement spontanée mais préparé et coordonné par une délégation guinéenne venant de New-York, qui voulait envoyer un message fort au chef de la junte.

Après cette humiliation la délégation guinéenne, a décidé de se retrancher en lieu sûr dans une salle de l’ambassade, à l’ abris des « lanceurs d’œufs », pour expliquer les raisons de leur visite et répondre aux questions. La délégation devait se rendre à Atlanta et New-York. Dans une interview exclusive accordée à AfricaLog, qui sera publiée dans quelques jours, le ministre de l’information, Justin Morel Junior n’a pas voulu être explicite sur la suite de la tournée américaine.

Dans son allocution de bienvenue l’Ambassadeur de Guinée à Washington, Mory Karamoko Kaba a remercié la délégation conduite par le colonel korka Diallo. Il a salué l’engagement de « l’homme du 23 Décembre » et exprimé le souhait de voir en Guinée une transition apaisée qui permettra aux guinéens de se doter du leader de leur choix, sachant que les problèmes de la guinée ne peuvent être réglés que par les guinéens. Il a ensuite donné le programme des débats qui devait commencer par un message du bureau de la communauté guinéenne de Washington. Le Dr. Faya Millimino qui est membre du bureau exécutif a exprimé dans son intervention, le souhait des guinéens de la diaspora de la métropole de Washington de voir l’organisation des élections libres et transparentes. Il a énumèré les exemples de pays voisins comme la côte d’ivoire, le Liberia, la Sierra Leone etle Sénégal qui ont traversé des périodes de guerres civiles et que la Guinée avait la chance de pouvoir éviter des troubles en organisant des élections libres et transparentes.

Le colonel Korka a ironisé qu’il trouvait dommage que certains guinéens qui vivent dans le pays de la plus grande démocratie du monde ne puissent respecter des règles élémentaires de démocratie à savoir laisser à chacun l’opportunité de s’exprimer. A Conakry aujourd’hui a t-il dit les gens ne se comportent pas comme ça et chacun parle librement. Il a martelé que tous les leaders politiques qui font du bruit aujourd’hui ont été trempé dans des affaires de malversations financières et il n’y a que les jeunes leaders qui sont sans reproches mais à cause de leur inexpérience le peuple a peur de l’après Dadis et souhaiterait qu’il reste. En plus tous les chefs de partis politiques sont soutenus par leurs ethnies respectives ce qui est déplorable.

Il a rappelé que la délégation a été mandaté pour expliquer ce que le CNDD entreprend depuis la prise de pouvoir à la diaspora guinéenne vivant aux états- unis et non pour demander le soutien à la candidature de Dadis puisque celui ci n’a jamais dit qu’il était candidat. Il a rappelé qu’il apprécie tous ceux qui ont manifesté leur soutien au CNDD mais celui qui ne soutient pas le CNDD ne sera jamais son ennemi. Il a fait savoir que lorsque le CNDD commence un grand chantier ils sont accusés de vouloir s’éterniser au pouvoir.

Sur la question des tueries de Janvier et Février 2007 il a fait savoir que les leaders des partis politiques ont demandé que le dossier soit mené par le prochain président et non le CNDD. Sur la question des audits il a répondu que la tâche des auditeurs est de s’atteler aux questions de gestions et non de savoir au préalable qui est concerné par les dossiers. Il a dit que personne ne sera éliminé à la course à la présidentielle mais qu’il est important que les guinéens sachent la vérité.

Les guinéens présents ont eu l’opportunité de donner leurs opinions sur la transition dans des échanges parfois houleux. Les supporters de la candidature de Dadis donnent pour exemple la lutte contre les narcotrafiquants et les audits. Les opposants à sa candidature ont fait entendre leurs points de vus sur la confiscation du pouvoir, le contrôle des médias ; Dadis ne peut être joueur et arbitre en même en temps.

Avec émotion Habib Hann, le vice président du comité d’audit a dit que lors des échauffourées sa sœur qui est asthmatique a reçu du gaz lacrymogène sur le visage et en souffre. Il a rappelé ce qui l’a motivé à abandonner son travail dans la finance à new York pour travailler pour le développement du pays. Il a fustigé au passage les guinéens de New-York qu’il connaît bien puisqu’il a vécu à New-York pendant quinze ans. Il a dit qu’ils sont manipulés par les leaders politiques qui ont peur d’être rattrapés par les dossiers d’audits. Il a rappelé pourquoi c’était important de finir le travail commencé.

A son tour de prendre la parole pour clore les débats. Le ministre de l’information et porte-parole du gouvernement, Justin Morel Junior a demandé aux guinéens présents de se mettre à sa place lorsqu’il a été appelé par le chef de la junte qui lui demandait de venir servir la Guinée. Il a répondu qu’il ne pourra jamais refuser de servir son pays. Chacun est libre de faire ses choix, il y a d’un côté les partisans du Dadis doit partir et de l’autre les partisans du Dadis doit rester. Il a déploré les débordements à l’hôtel Marriott et l’attitude de la communauté international envers la Guinée et souhaité que tout se passe à travers les urnes, avec les élections transparentes pour départager les uns et les autres. - AfricaLog

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