La présence d'Hillary Clinton à la cérémonie anniversaire du 11 septembre 2001 devait consolider sa stature présidentielle. Mais un «coup de chaleur» et un départ prématuré dimanche ternissent davantage un week-end noir, après son «erreur stupide» sur les électeurs «pitoyables» de Donald Trump.
La candidate démocrate a participé dimanche matin à la minute de silence à l'occasion de la cérémonie de commémoration des attentats du 11 septembre 2001 à New York, à l'instar du milliardaire républicain.
Vers 9H30, après une heure et trente minutes passées à Ground Zero, l'ancienne Première dame «a eu un coup de chaleur» et a quitté les lieux pour rejoindre l'appartement new-yorkais de sa fille Chelsea, a affirmé son équipe de campagne.
Elle en est ressortie tout sourire en fin de matinée devant les caméras de télévision, assurant qu'elle se «sent bien» et saluant la foule.
Sur une vidéo amateur de l'incident qui circule sur internet et les chaines de télévision, Hillary Clinton, statique, perd l'équilibre devant le VUS noir dans lequel elle doit monter, et semble s'effondrer, mais est rattrapée par des collaborateurs.
L'épisode devrait donner du grain à moudre à Donald Trump, qui répète depuis des mois qu'Hillary Clinton souffre de problèmes médicaux tenus secrets, ce qui la rend inapte à la fonction suprême.
L'incident, «même s'il ne signifie probablement rien, va servir de preuve» à Donald Trump pour soutenir ces allégations, analyse Jennifer Lawless, professeur à l'American University à Washington.
Toutefois, reconnaît-elle, il va obliger l'équipe de campagne d'Hillary Clinton «à la montrer en forme et énergique» et à «multiplier des rassemblements» dans les prochains jours.
Surtout, cela intervient au lendemain d'excuses de l'ancienne secrétaire d'État qui a reçu une pluie de critiques pour ses propos sur les électeurs de son rival.
Lors d'une soirée de collecte de fonds vendredi soir à New York, devant les caméras de télévision, Hillary Clinton avait assuré que, «pour généraliser grossièrement, vous pouvez placer la moitié des partisans de (Donald) Trump dans le panier des pitoyables». «Les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. À vous de choisir».
Face à une polémique devenue nationale et la colère de Donald Trump assurant que ces commentaires lui coûteraient des voix, Hillary Clinton a reconnu samedi que «généraliser grossièrement n'est jamais une bonne idée».
«C'était une erreur stupide et la tournure étrange de sa phrase est mémorable et va continuer à être utilisée contre elle», a commenté Larry Sabato, politologue vétéran des campagnes présidentielles américaines. «La grosse erreur a été d'utiliser moitié, et d'avoir rétro-pédalé. Mais ce n'est pas facile de se défaire (de ces commentaires), car tout a été pris en vidéo».
«Toutefois, Donald Trump a une liste bien plus longue d'insultes envers des groupes et des personnes. Clinton peut désamorcer son erreur en citant toutes les offenses de Trump», a-t-il estimé.
De nombreux commentateurs politiques ont fait le rapprochement entre l'erreur commise par Hillary Clinton et celle de l'ancien candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, qui affirmait dans une vidéo volée que 47% des Américains étaient des assistés, ce qui les pousserait à voter pour Barack Obama. Une assertion qui avait largement déstabilisé sa campagne.
«Hillary Clinton vient d'avoir son moment 47%. Quelle terrible chose a-t-elle dite à propos de tant d'Américains respectables», a d'ailleurs écrit Donald Trump sur Twitter.
Cet enchaînement d'événements pourrait-il représenter un tournant dans une course à la Maison-Blanche serrée et imprévisible?
«Je ne pense pas», reprend Jennifer Lawless. «Son équipe de campagne est très professionnelle et elle va s'appliquer à démontrer dans les prochaines semaines que les allégations que porte Trump sont infondées».
Un sondage Washington Post-ABC News publié dimanche donne toujours l'ancienne Première dame en tête avec 46% des intentions de vote contre 41% pour le magnat de l'immobilier. Mais il a été conduit avant la première controverse.
«Les commentaires sur le «panier des pitoyables» étaient de sa faute. Se sentir mal à un événement, non», estime Mme Lawless.
«Mais du point de vue de Donald Trump», conclut-elle, «ces deux incidents permettent de dire qu'elle est inapte à la présidence». – AfricaLog avec agence