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L’opposition guinéenne accuse et menace

Jan 12, 2013
L’opposition guinéenne accuse et menace

L’opposition guinéenne réunie au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et de l’Alliance pour la démocratie et le progrès a menacé de reprendre les manifestations de rue à Conakry ainsi qu’à l’arrière-pays. L'annonce a été faite lors d’une conférence de presse tenue ce 11 janvier à Conakry.

Les opposants parlaient de la situation socio-politique du pays, a vécu AfricaLog surplace. Les leaders de l’opposition, notamment Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, Aboubacar Sylla de l’UFC, accusent un blocage politique et économique qui serait orchestré et entretenu par le pouvoir du Président Alpha Condé. Celui-ci manquerait de dialogue avec l’opposition politique qui en a réclamé depuis 2011. L’opposition dans sa déclaration de circonstance, déplore que la CENI tombe «de nouveau dans ses anciens comportements qui étaient à la base de sa perte de crédibilité, de sa dissolution et de sa recomposition.» L’opposition estime qu’en quelques semaines de sa nomination, M. Bakary Fofana le président de la CENI «qui perd progressivement sa crédibilité, a mis en évidence son incapacité à garantir l’indépendance de son institution.»

Aboubacar Sylla, le porte-parole des deux blocs politiques regrette que les Guinéens se retrouvent dans une situation de blocage du processus électoral. «Nous avions tous espéré, dit-il, qu’après la mise en place de cette CENI que les choses allaient se dérouler mieux que par le passé, que les décisions au sein de la CENI seraient plus consensuelles et obéiraient surtout à la loi et au règlement intérieur que par le passé. Malheureusement, nous nous sommes rendu compte que le nouveau président de la CENI est exactement dans la même ligne que son prédécesseur. Et il a décidé tout simplement d’inféoder son institution au pouvoir public en violant délibérément toutes les dispositions relatives au processus de prise de décision au sein de la CENI.»

M. Sylla dénonce la fuite en avant à laquelle se serait livré actuellement le président de la CENI, qui met «les uns et les autres, y compris les commissaires de la CENI, devant une situation de fait accompli». L’opposition a reproché au Président de la CENI d’avoir commis cinq actes répréhensibles.

Premièrement, Bakary Fofana est accusé de dissimuler, depuis un mois, un rapport d’évaluation fait par une mission de l’OIF à Conakry. Du fait, déclare le porte-parole de l’opposition, que le rapport n’a pas été favorable au système Waymark. Cela en dépit des appels répétés pour la publication de son contenu.

Deuxièmement, M. Fofana aurait décidé tout seul, de présenter un chronogramme A sur les antennes des médias d’Etat, alors «que l’assemblée plénière des commissaires de la CENI ne s’est pas prononcée sur le chronogramme» qui prévoit les élections législatives le 12 mai prochain, avec le maintien de l’opérateur Waymark.

Troisièmement, a poursuivi l’orateur, le nouveau Président de la CENI a aussi décidé de cacher le chronogramme B, élaboré au sein de la CENI, qui prévoyait l’organisation des élections législatives le 22 septembre 2013. Un chronogramme qui tient compte non seulement du vote des Guinéens de l’étranger mais aussi de la nécessité de changer l’opérateur Waymark par un appel d’offres transparent.

Quatrièmement, le président de la CENI est accusé d’avoir mis en place «un Comité technique chargé de la révision du fichier électoral biométrique permanent de la CENI.» Ce comité est une CENI au sein de la CENI, qui ne rend compte qu’à M. Bakary Fofana, a affirmé le président de l’Union des forces du changement, UFC.

Cinquièmement, il a été reproché à Bakary Fofana d’avoir écrit aux préfets, sous-préfets, maires et autres présidents de délégations spéciales pour leur demander de superviser la mise en place des démembrements de la CENI. Ce qui est illégal, en plus de la réduction progressive du «peu de crédit, dont disposait la Guinée à l’orée de la présidentielle de 2010, suite à la mauvaise gouvernance politique, économique et sociale pratiquée dans le pays.»

Aboubacar Sylla a aussi dénoncé les deux discours du Président Alpha Condé prononcés à l’occasion de ses vœux de nouvel an à la nation et de ses vœux au corps diplomatique, aux institutions républicaines et aux membres du gouvernement. Selon lui, le premier discours a vanté les mérites du gouvernement en deux ans de gestion des affaires du pays. Le second a été un mea culpa du Président qui a reconnu, croit savoir l’orateur, ce que l’opposition critiquait, à savoir que l’administration ne fonctionnait pas, la mamaya avait envahi les mœurs politiques dans le pays et que les préfets s’étaient positionnés politiquement au service d’un pouvoir au lieu de leur population.

M. Sylla estime qu’après ce second discours, le Président Alpha Condé devrait dissoudre son gouvernement, puisqu’il n’est à la hauteur ni des attentes des Guinéens ni de la confiance qu’il a placée en lui. Mais, déclare M. Sylla, le Président Alpha Condé a préféré «amuser la galerie.» Et pire, pour divertir les Guinéens, le Chef de l’Etat sort la recette des «complots permanents».

Aboubacar Sylla rappelle qu’à la première République, chaque fois que l’opinion internationale s’émouvait de la vie des Guinéens, le pouvoir sortait un complot et il croit qu’aujourd’hui la Guinée est dans une même situation. Il dénonce l’accusation selon laquelle «l’opposition serait devenue une opposition armée qui voudrait renverser par la force, le pouvoir.»

L’opposant balaie d’un revers de la main l’accusation en disant que l’opposition se bat pour que la voix du peuple, les suffrages valablement exprimés par les Guinéens, soient ceux qui désignent les dirigeants guinéens.

Les dispositions prises par le Collectif et l’ADP portent sur des courriers adressés entre autres, au président de la CENI. L’opposition aurait écrit au président de la CENI qu’elle se réserve le droit de le «récuser, puis de demander ultérieurement son départ de la CENI.»

Des communiqués ont également été adressés aux fédérations des partis de l’opposition tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays, pour leur dire de «refuser catégoriquement de s’inscrire actuellement dans la logique de la composition des démembrements de la CENI. C’est-à-dire que nous refusons que ce soit les préfets, les sous-préfets et autres affiliés du pouvoir qui soient chargés de désigner les démembrements de la CENI. Car, c’est illégal,» a martelé le président de l’UFC.

Selon lui, compte tenu de l’absence totale de dialogue dans le pays, de concertation, de médiation susceptible de rapprocher les positions des uns et des autres, l’opposition a décidé de reprendre ses manifestations pacifiques de «manière à attirer l’opinion nationale et internationale sur la gravité de la situation guinéenne.» Il n’a pas donné de date, mais il avertit que si la situation actuelle perdurait, il y a de «grands risques de conflits sociaux majeurs et de risques d’instabilités politiques dans le pays.»

Soulignons que l’opposition a soutenu Dr Faya Millimouno à qui le Ministère de l’Administration du territoire refuse d’agréer le parti, le Bloc Libéral.

Les leaders de l’opposition ont demandé une minute de silence en hommage à Amadou Oury Ditinn Diallo, décédé le mercredi 9 janvier à Conakry. Il était membre du CNT, l’organe qui joue le rôle de parlement en Guinée et le président du PUD (Parti pour l’Union et le développement). Le défunt était de l’opposition.

AfricaLog.com
 

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