L'un des plus hauts dirigeants de la police sud-africaine a été chargé jeudi du dossier de l'olympien Oscar Pistorius en remplacement d'un enquêteur chevronné accusé de tentative de meurtre.
La commissaire de la police nationale, Riah Phiyega, a promis qu'une «équipe d'investigateurs très qualifiés et expérimentés» enquêteraient sur la mort de Reeva Steenkamp, la petite amie de l'athlète. Ce dernier a été accusé de meurtre prémédité.
La décision de confier l'investigation au lieutenant-général Vinesh Moonoo a été annoncée peu de temps après que la nouvelle concernant les sept accusations de tentative de meurtre contre le premier enquêteur en chef, Hilton Botha, eu fait surface et un jour après le témoignage désastreux de celui-ci lors de l'audience pour libération sous caution de Pistorius.
Oscar Pistorius, un coureur olympique dont les deux tibias ont été amputés lorsqu'il n'avait pas encore un an, a tué sa copine un peu avant l'aube le 14 février dernier. Le jeune homme de 26 ans prétend qu'il croyait avoir affaire à un cambrioleur quand il a ouvert le feu devant la porte close de l'une des salles de bain de sa résidence. Les procureurs affirment que l'incident s'est produit après une dispute et que le mannequin de 29 ans a été exécutée de sang-froid et sans pitié.
M. Botha avait reconnu mercredi que la version des faits de l'athlète concordait avec ce que les policiers avaient découvert malgré quelques divergences. Il avait aussi admis que les forces de l'ordre avaient laissé une balle de pistolet 9 mm dans la toilette et perdu la trace de munitions illégales qui auraient été retrouvées dans la demeure de Pistorius.
«Cette question devra être examinée par les instances nationales», a déclaré Mme Phiyega aux journalistes au terme de la troisième journée de l'audience pour la libération sous caution du coureur jeudi.
Bulewa Makeke, la porte-parole du procureur général d'Afrique du Sud, a expliqué que les accusations contre Hilton Botha avaient été redéposées le 4 février. La police a indiqué avoir été mise au courant de la situation après que l'enquêteur eut témoigné devant le tribunal mercredi.
M. Botha et deux autres agents font face à sept accusations de tentative de meurtre en lien avec une fusillade survenue en 2011. L'investigateur et ses collègues auraient tiré sur un minibus qu'ils tentaient d'arrêter. Selon Mme Makeke, les accusations ont été rétablies en raison de nouvelles preuves.
Interrogée au sujet du témoignage de Hilton Botha et de sa gestion de l'affaire, la commissaire a affirmé que les forces de l'ordre de l'Afrique du Sud étaient comparables à celles des autres pays.
Nike, le principal commanditaire d'Oscar Pistorius, a décidé de suspendre son contrat avec le champion paralympique, imitant le fabricant de lunettes Oakley qui avait annoncé la même décision un plus tôt. Dans un bref communiqué publié sur son site internet, Nike a déclaré qu'elle croyait que l'athlète devait être traité de manière équitable et qu'elle surveillait de près la situation.
Le magistrat chargé de l'affaire tente toujours de déterminer s'il doit libérer le jeune homme sous caution et, si oui, sous quelles conditions.
Durant l'audience jeudi, le juge en chef Desmond Nair a demandé à l'avocat de la défense s'il croyait que le public serait choqué de voir Pistorius obtenir une libération sous caution. «Je crois que le pays sera choqué s'il n'est pas libéré», a répondu Me Barry Roux.
Me Roux a aussi fait valoir que la piètre qualité des preuves présentées par l'enquêteur Botha avaient révélé les lacunes du dossier de l'accusation. Il a soutenu que la mort de Reeva Steenkamp n'avait pas été planifiée et évoqué la relation amoureuse entre la victime et l'accusé.
L'avocat a également mentionné les résultats de l'autopsie selon lesquels la vessie de la jeune femme était vide au moment de sa mort, laissant entendre qu'elle avait effectivement utilisé les toilettes avant de mourir comme le prétend Oscar Pistorius. La poursuite croit plutôt que Reeva s'est réfugiée dans la salle de bain pour échapper à son petit ami.
Le procureur Gerrie Nel s'est quant à lui opposé à la libération, dressant le portrait d'un homme «prêt à ouvrir le feu et à tuer» et soutenant que les remords apparemment éprouvés par le coureur ne voulaient pas dire qu'il n'avait pas eu l'intention d'abattre sa copine.
Il a rappelé que Pistorius n'avait pas offert de garanties à la cour pour prouver qu'il ne quitterait pas le pays dans le cas où il serait passible d'une peine d'emprisonnement à vie et souligné que l'athlète ne devait pas bénéficier d'un traitement spécial.
L'audience se poursuivra vendredi. – AfricaLog avec agence