«Nous n'allons plus cautionner une mascarade électorale», selon Aboubacar Sylla de l’opposition. «Qu’ils veuillent ou qu’ils ne veuillent pas, nous irons aux élections», réplique Alpha Condé.
l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), le Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition (Collectif) et le Club Des Républicains (CDR), dans une toute dernière déclaration conjointe, avaient invité leurs partisans «ainsi que tous les citoyens épris de démocratie et de justice à rester mobilisés pour assurer un succès éclatant à la marche pacifique et à la journée-ville morte prévues respectivement les mercredi 27 et jeudi 28 février 2013 ».
Comme pour témoigner de l’entente parfaite en leur sein, en dépit des folles rumeurs de brouille, « l’ADP, le Collectif et le CDR déplorent et condamnent l’agression, à Kankan, du siège du Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN) [de Lansana Kouyaté, NDLR] par les militants du parti au pouvoir (le Rassemblement du Peuple de Guinée - Arc-en-ciel). Ces violences d’un autre âge ont fait quinze (15) blessés dont deux sont dans un état grave et provoqué la disparition de nombreux véhicules appartenant au PEDN ».
Toutefois, alors que «l’opposition exige la mise en place immédiate d’une commission d’enquête indépendante en vue d’identifier et de punir, conformément à la loi, les auteurs de ces actes de violence», le leader du PEDN a le commanditaire de ces actes tout désigné.
Pour Lansana Kouyaté, «je le dis et je le répète, le frère de Nantou Chérif, membre du gouvernement de la République [Ministre d’Etat à la Présidence de la République, NDLR], Coordinatrice du RPG Arc-en-ciel, c’est son frère qui a mené l’attaque de la canaille, je dirais ainsi, vers ces actes qui sont inouïs».
Le leader du PEDN de faire le point des dégâts: «Les tôles ont été arrachées, tout ce qu’il y avait comme archives du parti, brûlé, nos équipements brûlés y compris même les meubles, brulés, la voiture double-cabine de Kankan II [fédération, NDLR] enlevée, les motos de militants en nombre, enlevées. Pourquoi ces violences ?» s’interroge-t-il, amer.
D’autre part, «l’ADP, le Collectif et le CDR prennent à témoin l’opinion nationale et la Communauté internationale sur le refus de la CENI et des autorités gouvernementales guinéennes de prendre en compte leurs légitimes revendications visant à garantir la transparence et la crédibilité des élections législatives».
Déplorant «le refus obstiné du pouvoir de créer un véritable cadre de dialogue politique», l’opposition dite plurielle estime que ce cadre de dialogue politique «aurait pu faciliter la sortie de crise et permettre enfin la tenue, dans les plus brefs délais, d’un scrutin apaisé».
Par rapport au maintien de l’appel à ces manifestations et de la décision du retrait de l’opposition du processus électoral, son porte-parole Aboubacar Sylla de l’UFC précise: «tant que nos revendications ne sont pas prises en compte nous n'allons plus cautionner une mascarade électorale » et que « nous allons encore remettre dans la rue les millions de Guinéens qui vont envoyer un signal clair aux autorités pour leur faire comprendre qu’ils ne sont pas d’accord sur la gestion unilatérale et partiale du processus électoral».
Le lundi 25 février, à la faveur d’une conférence de presse qui a réuni nombre de leaders de l’opposition, le Président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo a profité pour répéter ce qu’il a déjà dit et qui a entraîné le courroux de la mouvance présidentielle.
Une sorte de réponse du berger à la bergère: «J’ai bien dit que si le Président Alpha Condé continue à violer les lois et la Constitution de la Guinée, s’il continue à diviser les Guinéens, je maintiens que nous demanderons son départ».
On se souvient que ces propos tenus par Cellou Dalein avait provoqué une sortie télévisée de Natènin Chérif, Ministre d’Etat à la Présidence de la République et Coordinatrice nationale du RPG Arc-en-ciel, et les avait qualifiés de «tendancieux, insurrectionnels, subversifs» et même, «d’atteinte à la sûreté de l’Etat».
De son côté, en réponse à toutes les déclarations et appel de l’opposition, le Président de la République, à l’occasion du lancement des travaux de quatorze (14) routes secondaires dans la Commune de Matoto, le samedi 23 février, avait déclaré: «je vous prie de rester calmes ; de ne pas accepter la provocation. Ils [les opposants, NDLR] ont déjà échoué. Ils ont gouverné ici sous la deuxième République [régime du Président Lansana Conté, NDLR], ils n’ont rien fait. Aujourd’hui, ils veulent nous empêcher d’aller de l’avant. Donc, ne les suivez pas. Laissez-les. Ils n’ont qu’à marcher, marcher, marcher. Cela n’empêchera pas la Guinée d’aller de l’avant».
Après une digression, Président. Alpha Condé de revenir: «alors, mon message le plus important pour vous, restez calmes. Ne répondez pas aux provocations».
En langue sosso, le Chef de l’Etat d’inviter: «Calmez-vous. Vous êtes énervés, parce qu’il y a trop de foutaise. Les gens m’insultent alors qu’on ne doit pas insulter un Chef. Mais qu’est-ce que cela peut contre moi ? Eux, ils ne veulent pas que la Guinée aille de l’avant, moi je veux que la Guinée aille de l’avant. Alors, si moi je suis serein, pourquoi vous vous ne devez pas l’être ? » s’interroge-t-il avant de repartir: «vous répondez que c’est de la foutaise de leur part. Laissez-les».
Le Président de la République sera ainsi très applaudi quand il va déclarer: «je ne suis pas le Président que l’on peut tromper. Ils ne peuvent pas me tromper. Je connais la politique mieux qu’eux. Ils sont mes élèves. Donc, ils ne peuvent point me tromper».
Actualité oblige, il va réitérer la position du gouvernement face à la marche annoncée de l’opposition : «Ne les suivez pas, s’ils veulent, ils n’ont qu’à marcher dix (10) fois. On n’interdira plus les marches. Ils n’ont qu’à marcher comme ils veulent, ça n’empêchera pas le train du changement de continuer sa voie. Alors, ne vous occuper pas d’eux, occupez de vous».
Le Chef de l’Etat de confirmer la tenue des élections législatives à la période indiquée: «préparons les élections dans la paix et la tranquillité. Qu’ils veuillent ou qu’ils ne veuillent pas, nous irons aux élections».
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