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Tristesse au lendemain du lancement des travaux du Cadre de Dialogue

Mar 08, 2013
Tristesse au lendemain du lancement des travaux du Cadre de Dialogue

Ce vendredi 8 mars, les affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et les militants et sympathisants de l’opposition qui composaient le cortège funèbre des 6 opposants morts lors des échauffourées qui ont suivi la marche organisée par l’opposition guinéenne le 27 février.

Les forces de l’ordre ont dispersé la foule à l’aide de gaz lacrymogènes, en riposte aux jets de pierres.

La veille, le jeudi 7 mars 2013, le cadre de dialogue mis en place sur instruction du Président Alpha Condé suite à sa rencontre avec la classe politique, a effectivement lancé ses travaux. C’était au Palais du peuple sous l’égide du Premier ministre, Chef du gouvernement.

A l’ordre du jour des discussions : rendre effectif le dialogue entre les différents acteurs des bords politiques différents en mettant un terme aux violences qui ont caractérisé la vie sociopolitique guinéenne en recréant un climat de confiance mutuelle.

D’entrée de jeu, il est revenu au Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation de s’adresser à l’auditoire: «aujourd’hui, nous devons regarder dans la même direction, agir ensemble, circonscrire les problèmes et apporter les solutions dans l’acceptation de la différence. L’histoire récente de notre pays nous rappelle que le dialogue a été toujours la méthode traditionnelle par laquelle nos aïeux ont réussi à préserver la paix, à renforcer notre unité et à consolider nos valeurs de civilisation. C’est autant réaffirmer notre ardente volonté d’inscrire le présent dialogue dans la dynamique de préservation et de consolidation de nos acquis en n’occultant aucune question de divergence.»

De l’angle de vue de Dr Alhassane Condé, «le dialogue, d’une part, vu sous son aspect social, interpelle toutes les communautés à l’union, à la compréhension et au renforcement du tissu social sans lequel aucun développement n’est possible. D’autre part, le dialogue vu sur le plan politique, nécessite un climat apaisé, un espace de concertation et une contribution de tous les acteurs afin de dépasser cette étape de crise.»

Le présent cadre de concertation devrait amener les parties prenantes à privilégier le dialogue, l’acceptation de la différence en vue d’une Guinée démocratique et plurielle. Tel est l’espoir du Premier ministre: «la présence massive de la classe politique à ce rendez-vous important, dénote de sa maturité et de sa capacité à faire face aux défis à relever pour la paix sociale.»

Mohamed Saïd Fofana de souligner, amer: «Depuis une semaine, en effet, précisément depuis la marche des partis de l’opposition, le mercredi 27 février dernier, notre pays traverse des moments particulièrement difficiles. Les exactions multiples, les vandalismes et les incendies criminels, le braquage des paisibles populations dans leurs demeures, sont autant de désagréments causés au quotidien de nos concitoyens. Pire, au-delà de tout, il y a eu des morts et des blessés graves. C’est pourquoi, je voudrais vous demander à tous de vous lever pour observer une minute de silence en la mémoire de ces victimes.»

Après l’observance de cette minute de silence, le Chef du gouvernement va poursuivre son intervention en annonçant les mesures [d’apaisement] prises par le gouvernement: «étant donné que la paix est revenue dans la cité, le gouvernement a instruit une délégation qui rendra visite, demain vendredi [8 mars, NDLR] à toutes les familles endeuillées pour partager leur douleur et leur présenter leurs condoléances.

De même, comme vous le savez tous, le gouvernement travaille déjà avec les personnes victimes des actes de vandalisme pour faire un état des lieux, le moment venu, prendre les mesures qui s’imposent pour soulager leurs peines notamment, les opérateurs économiques pour leur permettre de reprendre leurs activités».

Le Premier ministre d’inviter, «nous avons aujourd’hui la responsabilité et l’impérieux devoir d’arrêter cette déviance dont les conséquences sur les populations innocentes et sur le tissu économique et social sont inadmissibles.»

Le Chef du gouvernement assure: «le gouvernement est disposé, quant à lui, à ouvrir le dialogue et la concertation sur tous les sujets d’intérêt.» Il soulignera que c’est l’objet de la création du présent cadre permanent de concertation «ouvert à toutes les forces vives du pays : partis politiques, société civile, syndicats, dignitaires religieux».

Mohamed Saïd Fofana a précisé qu’ «il n’y aura pas de sujet tabou afin que toutes les revendications soient mises sur la table de négociation» avant de déclarer: «le cadre permanent de concertation que je vais présider, permettra de régler par le dialogue, la concertation et le consensus, toutes questions susceptibles d’impacter sur la vie nationale.»

Quid de la composition du cadre permanent de concertation? «Le cadre permanent de concertation sera composé de certains membres du gouvernement, des représentants des blocs des partis politiques, des institutions de la République, de la société civile et des dignitaires [religieux, NDLR].Il comprendra aussi des personnes ressources connues pour leur expertise ainsi des observateurs provenant des partenaires au développement. En appui au cadre de concertation, un cadre de dialogue politique présidé par le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation sera mis en place comme espace de discussion entre les partis politiques eux-mêmes, entre les partis politiques et le gouvernement. Les questions relevant des partenaires sociaux seront examinés dans le cadre du dialogue social présidé par le Ministre du Travail et de la Fonction publique».

Pour l’aboutissement heureux de l’entreprise, le Premier ministre a invité au maintien d’un «climat apaisé débarrassé de tout préjugé. L’objectif partagé est d’aboutir à des élections législatives transparentes et crédibles», a fait remarquer Mohamed Saïd Fofana qui estime que «les difficultés inhérentes à toute action humaine peuvent être surmontées par notre commune volonté de cheminer ensemble pour la finalisation de la transition politique ouverte depuis l’accord [la déclaration conjointe, NDLR] de Ouagadougou.»

C’est au terme de son adresse que le Premier ministre va écouter les porte-parole des différents blocs politiques:

- Aboubacar Sylla de l’ADP, du Collectif et du CDR: «Cette invitation qui émane de la primature sur instruction du Président de la République se doit d’être un cadre de concertation entre le pouvoir et l’opposition autour des questions politiques brulantes du moment et servir également de cadre de veille démocratique.

Les revendications du moment de l’ADP, du Collectif et du CDR ont pour noms : 1. Le changement de l’opérateur technique pour la mise à jour du fichier électoral par une procédure transparente d’appel à la concurrence en raison des conditions illégales du recrutement de Waymark ainsi que des insuffisances et dysfonctionnements constatés sur ce système ; 2. La confirmation du vote des Guinéens de l’étranger, comme prévu par le Code électoral.»

Le leader de l’UFC a également fait part au Premier Ministre des préalables de son bloc pour une participation aux présentes discussions: «Les préalables indispensables à la participation de l’ADP, le Collectif et le CDR à la présente concertation sont : 1. Le gel immédiat du processus électoral et l’arrêt momentané des activités de la CENI ; 2. La libération sans condition de nos militants détenus suite à l’organisation de notre marche pacifique du 27 février 2013 ; 3. La prise en charge des frais de soins des nombreuses victimes de violences admises dans les établissements hospitaliers ; 4. Le dédommagement des victimes de sinistres divers.»

Le présent cadre de dialogue a-t-il déjà pris les plombs dans l’aile ? Tout porterait à le croire au regard de la remarque du messager de l’opposition radicale qui relève que «le cadre actuel qui a été défini à l’insu de l’opposition ne nous parait pas adéquat parce que non favorable à une discussion sereine entre les parties concernées par les atermoiements actuels du processus électoral.» Aboubacar Sylla estime qu’i est «essentiel que le pouvoir et l’ADP, le Collectif et le CDR se retrouvent pour élaborer de manière responsable un cadre de dialogue structuré qui sera l’expression de notre ambition collective.»

- Jean Marie Doré, du Centre et Président de l’UPG: «on a trop glosé sur les causes de la crise. Alors que c’est simple. C’est parce que les Guinéens ne se font pas confiance. Pourquoi ils ne se font pas confiance ? Toute crise a une cause. C’est le processus électoral en cours qui est le régulateur de l’étendue de la méfiance extrême qu’il y a entre les citoyens et entre les citoyens et le gouvernement de la République. Il faut s’attaquer courageusement, à identifier, aux causes et d’une même volonté, à l’éradiquer.»

De façon imagée, l’ex Premier Ministre de poursuivre: «je constate que nous faisons un combat de coqs. Personne ne veut bouger de sa place. Et la crise s’approfondit.»

Pour lui, «nous venons de nous rencontrer. On ne peut pas entrer dans le vif du sujet. Chacun va naturellement exprimer des positions de principe. Après, on verra s'il faut faire des commissions. Mais tout dépendra de l'ordre du jour qui va être accepté parce qu'on ne peut pas venir ici pour parler d'unité nationale ou de réconciliation, alors que la cause de la méfiance aujourd'hui est ce qui apparait comme l'orientation vers une fraude. Et les élections coûtent chères. C'est un tout. Et dans le tout, certaines choses ne changent pas comme l'opérateur de saisie. Que Waymark, soit bon ou mauvais, dès lors qu'il est contesté, je pense que dans l'intérêt de la paix civile, il faut le remplacer».

- Alhousséni Makanéra Kaké, mouvance présidentielle lui, il répond aux accusations selon lesquelles, ce sont le Président Alpha Condé et son fils qui ont fait venir l’opérateur sud-africain de Waymark en Guinée: «je voudrais que vous visitiez les archives de la CENI. La société Waymark a participé à un appel d’offres le 3 juin 2010. Il y a une lettre qui a été écrite par feu Ben Sékou Sylla [ex Président de la CENI, décédé après le premier tour de la présidentielle de 2010, NDLR], le 21 juin 2010 pour notifier à la direction de Waymark qu’elle remporté l’appel d’offres du 3 juin. Et nous savons tous, que le premier tour de l’élection présidentielle a eu lieu le 27 juin, le second, le 7 novembre et l’investiture, le 21 décembre.
Donc, le Président Alpha Condé n’était pas au pouvoir quand Waymark a été retenue en Guinée pour l’informatisation des résultats de l’élection présidentielle de 2010. Cette remarque est très importante»
, fait-il savoir avant de réagi à une autre accusation du camp d’en-face: «Par rapport au recrutement de l’opérateur de saisie, on nous apprend que Waymark n’a pas été recrutée conformément aux principes du marché public».

Le porte-parole de la mouvance présidentielle de préciser: «Ceci n’est pas juste. Waymark ne pouvait pas être retenue conformément aux principes du marché public, parce que Waymark n’est pas l’opérateur de saisie pour la CENI. C’est Sabari technology qui a participé à un appel d’offres qui avait été radiotélévisé et affiché. Et cet appel d’offres avait respecté tous les principes de contraintes du marché public de notre pays.»

Alhousséni Makanéra Kaké évoquera ensuite le sujet portant vote des Guinéens de l’étranger.

AfricaLog.com

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