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L’opposition guinéenne boude le dialogue politique

Mar 27, 2013
L’opposition guinéenne boude le dialogue politique

L’opposition politique guinéenne s’est retirée du cadre du dialogue et de concertation, entamé le 4 mars dernier, après la main tendue du présidentielle à l’opposition. Laquelle est réunie au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, de l’Alliance pour la démocratie et le progrès, élargie au Club des Républicains et au Front de l’Union pour la démocratie et le Progrès. L’annonce de ce retrait a été faite par Aboubacar Sylla, le porte-parole, dans la soirée de ce 25 mars, après un débat dans la Salle des Actes du Palais du peuple de Conakry, a vécu AfricaLog.com sur place.

Etaient présents à ladite rencontre, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, trois des quatre facilitateurs du dialogue: l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé et l’ancien Médiateur de la République, Goureissy Condé, tous désignés par le Gouvernement. Le Général Lamine Cissé, du Sénégal «désigné par la Communauté internationale» a également participé à la rencontre. Salifou Sylla, le quatrième facilitateur désigné par l’opposition était absent.

Aboubacar Sylla a justifié ce retrait de l’opposition en ces termes: «Nous avons discuté pendant plusieurs journées sur la mise en place d’un cadre de concertation. Fort heureusement, il y a eu un consensus entre le gouvernement et l’opposition sur ce point. Nous nous sommes entendus qu’il y aurait un cadre restreint, en tout cas en ce qui concerne nos revendications à nous, sans préjuger de votre possibilité de discuter avec n’importe quelle frange politique dans la mesure où vous êtes un gouvernement et vous devez effectivement être ouverts à toutes les sensibilités politiques du pays». Selon lui, le Cadre de concertation doit mettre face-à-face l’opposition et le gouvernement. Mais apparemment ce principe n’est pas respecté, du mois pour le moment. Et le président de l’Union des Forces du Changement d’ajouter: «La deuxième raison, nous nous sommes mis d’accord sur un comité de facilitation de trois personnes: un désigné par le gouvernement, un autre par l’opposition et un troisième par la communauté internationale. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec quatre facilitateurs. Le gouvernement a décidé unilatéralement de désigner un co-facilitateur. Une qui n’a jamais été évoquée dans les discussions préliminaires», a déploré le porte-parole qui a poursuivi: «Nous avons demandé un facilitateur international, non pas parce que nous défions les Guinéens ou nous les sous-estimons, mais nous avons voulu que la Communauté internationale soit une garantie d’application des résolutions qui seront issues de ce dialogue. Nous avons souhaité que le représentant de la Communauté internationale soit désigné par celle-ci après une requête du gouvernement. Nous avons le sentiment, à l’état actuel de nos informations, que le Général Lamine Cissé que nous connaissons très bien, est en Guinée depuis 3 ans, dans le cadre de la réforme des Forces de Défense et de Sécurité. Nous savons qu’il est expérimenté et compétent, mais c’est une question de procédure. Jusqu’à preuve du contraire, nous ne croyons pas qu’une requête officielle a été adressée par le gouvernement aux Nations-Unies ou à la CEDEAO et que celles-ci ont répondu par écrit pour désigner le Général Lamine Cissé dans le cadre de cette concertation».

L’autre raison évoquée par l’opposant pour justifier leur décision de se retirer du cadre de dialogue et de concertation est que le gel des activités de la CENI, autre préalable, aurait été violé: «Dans certaines localités, le recensement a repris et dans d’autres, des instructions ont été données pour qu’il reprenne le plus tard ce 25 mars. Nous avons même des notes circulaires rédigées par des préfets adressées à des sous-préfets et présidents de CRD, leur demandant de s’organiser afin que le recensement reprenne», a affirmé Aboubacar Sylla.

Ce qui pourrait être comme dernière raison, est la détention «dans des conditions extrêmement dures» des partisans de l’opposition qui ont été arrêtés après la marche du 27 février dernier. Aboubacar Sylla a dit au ministre Alhassane Condé: «Nous sommes au regret monsieur le ministre, de vous dire que compte tenu de tout cela, nous ne pouvons pas participer aux débats et nous allons devoir nous excuser jusqu’à ce que les conditions d’un dialogue serein soient réunies». Et de quitter la Salle des Actes du Palais du peuple de Conakry, suivi des délégués de l’UFDG, de l’UFR et du PEDN, notamment.

«S’il y avait la bonne volonté, on serait déjà sur le point de conclure le dialogue»

Jean-Marie Doré président de l’Union pour le progrès de la Guinée, dans la salle, a estimé qu’il y a eu violation de procédure de dialogue et qu’il «faut que le gouvernement accepte de respecter la procédure pour ne pas donner l’occasion de retarder le dialogue. Cela fait bientôt un mois depuis notre rencontre avec le Président de la République. S’il y avait la bonne volonté, on serait déjà sur le point de conclure le dialogue. On ne peut pas présenter deux facilitateurs, un avec le titre de facilitateur principal et les deux autres qui sont d’origines différentes, des co-facilitateurs. Est-ce qu’ils sont co-facilitateurs principaux ou d’un second. Tout cela pose de problème. Deuxième, j’ai été saisi par mon parti que des préfets à Boké et ailleurs, ont écrit aux présidents de CRD à l’effet de continuer la révision».

Les leaders politiques du Centre ainsi que ceux des partis de la mouvance présidentielle ont amèrement critiqué ce qu’ils ont appelé attitude de l’opposition. Arguant que le processus électoral a pris sérieusement du retard. L’opposition manquerait même de volonté de dialogue, selon Saloum Cissé, le Secrétaire général du RPG-arc-en-ciel, parti au pouvoir: «Quand on prend ses revendications, on se rend compte qu’elle n’a pas la volonté de faire avancer le processus électoral. A l’intérieur du pays, la population commence à bouger en demandant d’aller aux élections. Beaucoup de préfectures ont bougé: Banankoro et Guéckédou ont bougé pour demander au gouvernement d’aller aux élections. La largesse d’esprit que vous voulez montrer à la face du monde ne servira à rien. Nous vous invitons d’être fermes et conséquents. Il faut suivre la masse pour incarner l’espoir de la majorité des Guinéens. Au fur et à mesure que les élections retardent, bon nombre de Guinéens se posent des questions et se demandent de quoi le gouvernement est capable. Nous vous invitons à prendre vos responsabilités parce que leur objectif est de ne pas aller aux élections, mais aussi d’empêcher le processus. Ils veulent empêcher le professeur Alpha Condé de mettre en œuvre son programme de développement», a-t-il dit à l’assistance.

Il faut souligner de passage que le ministre Condé n’a pas voulu se prêter aux questions des journalistes, après sa sortie de la salle des Actes du Palais du peuple de Conakry. Sa colère était perceptible, de par son visage crispé.

«Ce dialogue aura lieu»

Dans la Salle et en réaction à la déclaration d’Aboubacar Sylla de l’opposition, le ministre de l’Administration du territoire, Alhassane Condé, a dit: «L’Etat ne peut pas faire venir un facilitateur international comme ça, sans demander aux Nations-Unies. En ce qui concerne les facilitateurs, on n’a jamais dit vous amenez un facilitateur, nous amenons un. Je pense que si vous posez des questions, vous attendez la réponse. Mais vous posez des questions sans attendre la réponse et vous claquez la porte. Ce n’est pas une bonne manière. C’est un malentendu. Il faut comprendre que ce dialogue aura lieu, mais le plus important, les élections auront lieu. C’est ça qui est important. Je ne peux pas vous donner de date, mais je vous rassure que le gouvernement est décidé d’organiser les élections dans les plus brefs délais. Et ce qui se passe à l’intérieur du pays concernant la CENI n’est pas de mon ressort. Il y a un président de la CENI. Il va peut-être téléphoner à ses camarades. Moi, je n’ai aucune preuve que les démembrements ont recommencé leurs activités. Nous, nous avons demandé un collège de facilitateurs».

«Ce dialogue ne doit pas échouer»

Le ministre délégué à la Défense, Me Abdoul Kabèlè Camara, a prié Jean-Marie Doré de s’impliquer pour une issue heureuse: «Vous avez une lourde responsabilité, monsieur le Premier ministre de transition. Vous ne pouvez pas faire la politique de la chaise vide. Vous devez rester ici, vaille que vaille ! Vous devez être le premier à renoncer à tout pour que la Guinée avance. Ce dialogue ne doit pas échouer alors que vous êtes là. Nous vous regardons, vous les aînés. Si c’est la Guinée en lambeaux que vous voulez, nous vous regardons». L’ancien PM, Jean-Marie Doré a promis de recontacter les opposants, non sans demander à la mouvance présidentielle de «revoir leurs menaces verbales», en rappelant avec un ton ferme qu’on ne doit pas avoir «un ton de guerrier alors qu’on n’a même pas un sabre dans la poche».

AfricaLog.com

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