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Marche de l’opposition suivie de la journée ville-morte

Apr 19, 2013
Marche de l’opposition suivie de la journée ville-morte

La journée du jeudi, 18 avril a été caractérisée par le lancement des manifestations de l’opposition visant à dénoncer le décret présidentiel qui convoque le corps électoral le 30 juin pour la tenue des élections législatives.

Il faut l’avouer, cette première journée a été marquée par un hiatus entre le pouvoir et la classe politique de l’opposition dont les leaders ont refusé d’accepter la décision de modification du parcours initial. Décision annoncée la veille du mouvement par le Gouvernement de la Ville de Conakry.

Dans son intervention télévisée du mercredi 17 avril dans l’édition de 20 h de la RTG Boulbinet, commandant Sékou Resko Camara a, après avoir affirmé que la marche du lendemain était autorisée, a demandé cependant que soit modifié le parcours initial. Au lieu que la marche du jeudi 18 avril ne parte du rond-point de Gbessia et suivre le trajet de l’autoroute "Fidel Castro Ruz" jusqu’au pont du "8 novembre", le premier magistrat de la Ville a déclaré que la marche devait avoir désormais pour point de ralliement Hamdallaye et suivre le parcours passant par la Bellevue pour déboucher sur l’esplanade du stade du "28 septembre" où devait prendre fin ladite marche.

Les leaders ont fait la sourde oreille en disant que l’heure de passage de l’information ne leur permettait pas de joindre leurs militants qui étaient plutôt préparés par le programme initial.

Les leaders prennent la tête de la manif et foncent sur le rond-point de Gbessia pour emprunter l’autoroute. Les forces de l’ordre parviennent à circonscrire la volonté des marcheurs tout aussi déterminés à braver l’interdit. Le clash ne sera pas évité. Et le bilan officiel établi sera de 15 blessés dont 4 par balles, selon le porte-parole du gouvernement qui précisera que «les blessés sont traités à l’hôpital de Donka et dans les CMC de Matam et de Ratoma».

Les différentes sources étaient concordantes du fait qu’il y ait eu des jets de pierres. Là où il y a divergence, c’est le point de départ des actions et réactions. Qui des manifestants ou des forces de l’ordre, ont passé à l’acte d’hostilité en première position? That is the question.

En tout cas suivra une débandade au sein des manifestants. Pour le leader des NFD, Mouctar Diallo, ce sont «les policiers et gendarmes aidés des miliciens d’Alpha Condé» qui se sont attaqués aux marcheurs. Il va ajouter: «on ne va pas reculer, nous poursuivrons jusqu’au bout. Le changement est irréversible».

Quant au Ministre Damantang Albert Camara, porte-parole du gouvernement, «des manifestants ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre chargées d’assurer l’encadrement de la marche».

Il poursuivra en déclarant que «le Gouvernement déplore le non-respect des consignes de sécurité et d’appel à la violence. Il condamne avec fermeté les actes de violence qui ont fait des blessés, ainsi que des attaques par jets de pierre contre les forces de l’ordre qui étaient déployées pour assurer la protection des populations civiles».

Jean Marc Telliano, leader du RDIG de témoigner: «nous avons été débarqués de nos voitures. Ce sont des policiers et des gendarmes. Vous avez vu l’état de ma voiture ? C’est le policier-même qui a pris le caillou pour briser mes vitres. Ça prouve à suffisance qu’Alpha Condé ne peut pas gérer ce pays».

Le Porte-parole du Gouvernement et Ministre de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’Emploi a promis que «tout auteur d’actes répréhensibles par la Loi devra répondre devant la Justice».

Le Ministre Damantang a, dans cet ordre d’idées, exprimé la volonté de fermeté du pouvoir en affirmant que «le Gouvernement, tout en s’engageant à ne jamais entraver la liberté de jouissance de ces droits et libertés démocratiques, affirme solennellement et fermement qu’il ne tolère aucun acte de violence, aucune violation des lois, quels que soient les auteurs, les motifs et les prétextes».

C’est justement pour corroborer cette fermeté du gouvernement que deux leaders de l’opposition ont été interpellés à savoir Aboubacar Sylla de l’UFC et Charles Pascal Tolno du PPG.

Confirmation du porte-parole du gouvernement : «deux leaders de l’opposition ont été interpellés pour avoir violé le cordon sécuritaire de la manifestation et entraîné des risques de débordement. Aboubacar Sylla et Charles Pascal Tolno doivent être entendus sur PV par les autorités guinéennes, puis libérés dans les prochaines heures».

Cellou Dalein Diallo a réagi en ces termes: «c’est une répression sauvage qui s’est abattu sur les gens. On a eu deux blessés par balles selon certaines sources et on a des arrestations de leaders qui ont été traités avec beaucoup de violences. Ce n’est pas ça qu’on attendait».

Ils ont été remis en liberté à la suite de l’intervention du Ministre des droits de l’Homme et des Libertés publiques, Kalifa Gassama Diaby.

Rencontré un peu plus tard après sa libération, Aboubacar Sylla a témoigné: «les policiers sont sortis de leur véhicule pour venir s’attaquer à nous avec une brutalité inouïe. Notre véhicule étant complètement fermé, ils n’ont pas hésité à prendre les crosses de leurs fusils, casser les vitres et les pare-brises pour nous extraire du véhicule. Je crois que ça se voit l’état dans lequel nous sommes aujourd’hui. Nous avons été molestés. Tous les objets que nous avions sur nous (le téléphone, l’argent) ont été pris par les agents. Nous avons été brutalisés y compris surtout, surtout, surtout les deux agents de ma sécurité personnelle ainsi que le chauffeur qui me conduisait mais aussi le doyen Charles Pascal Tolno avec lequel j’étais dans le même véhicule».

La journée ville-morte qui devait suivre ce vendredi, n’a pratiquement pas été suivie.

Aux dernières nouvelles, l’opposition compte descendre dans les rues le mercredi 24 avril 2013.

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