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Les festivités du cinquantenaire de l’OUA/UA démarrent à Conakry

May 19, 2013
Les festivités du cinquantenaire de l’OUA/UA démarrent à Conakry

Ce 18 mai à Conakry, la Guinée a ouvert le ban sur les festivités marquant la semaine du cinquantenaire de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine, devenue depuis une dizaine d’année l’Union Africaine). C’est le Président Alpha Condé qui a procédé au démarrage de cette fête par l’allumage de la flamme, à l’Esplanade du Palais du peuple. Ont assisté à la cérémonie plusieurs invités de marque venus représentants des Institutions républicaines, les membres du gouvernement, le Bureau de l’UA à Conakry, le Corps diplomatique et Consulaire, les organisations internationales accréditées en Guinée. S’y ajoutent deux invités d’honneur: Amara Essy de la Côte d’Ivoire, dernier Secrétaire général de l’OUA et Président par intérim de la Commission de l’Union africaine de 2001 à 2003, M. Edem Kodjo, ancien Premier ministre du Togo, Secrétaire général de l’OUA de 1978 à 1983. Du côté guinéen, la première Première Dame de la République, Hadja Andrée Touré, de Mme Jeanne-Martin Cissé la première africaine à présider le Conseil de Sécurité des Nations Unies, présidente de l’OPF (Organisation panafricaine des femmes) et de Hadja Djènè Kaba Condé, actuelle première Dame de la République.

Dans son discours de bienvenue le ministre d’Etat guinéen des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger François Louncény Fall, a déclaré que la rencontre commémore «tous les peuples africains, une date historique, symbole de la prise de conscience effective de nos dirigeants à bâtir un continent libre et uni.» La présence du Chef de l’État, Alpha Condé, à la fête galvanise, rassure et renforce la conviction quant à «la pérennisation de l’œuvre des pères fondateurs de cette merveilleuse organisation qui fait la fierté de tous les peuples africains.»

Le ministre s’est dit heureux de la présence de la première Première Dame de la République compagne de Sékou Touré, premier président de la Guinée, un des pères fondateurs de l’OUA. Le ministre Fall a souhaité la présence de Hadja Kadiatou Diallo, épouse du premier Secrétaire général de l’OUA, Boubacar Telli Diallo dit Diallo Telli. Malheureusement, celle-ci est absente de la Guinée. Il n’a pas oublié «la Grande Amazone, Jeanne-Martin Cissé qui symbolise l’émancipation» de l’africaine. François Louncény Fall a affirmé que «dans ce combat difficile pour l’affirmation de l’unité et de la personnalité africaines, la Guinée aura donné le meilleur de lui-même pour que l’Afrique, à l’unisson, s’engage dans la trajectoire de la matérialisation des légitimes aspirations de ses populations.» La Guinée a une vocation africaine, dit-il, avant de s’interroger: «Qui donc mieux que nous autres Guinéens, saurait conter aux générations présentes et futures, cette page glorieuse de l’histoire de notre continent ?»

Le Président Alpha Condé après avoir reconnu le rôle pionnier de la Guinée dans les indépendances africaines, a rappelé que la Guinée n’a rien ménagé pour «raffermir l’unité d’action de toutes les forces vives» dans la création et l’animation des organisations de masse, notamment le panafricaine des jeunes, des femmes et des travailleurs. «La Guinée, est-il besoin de le rappeler, a payé un lourd tribut pour son engagement en faveur de la libération du continent, de l’affirmation de son unité et de sa personnalité», a insisté le Chef de l’Etat qui soutient que son pays a été de tous les combats pour l’intégration politique et économique, en favorisant l’émergence de nombreuses organisations sous-régionales et régionales. C’est pour quoi il a rendu un hommage à Ahmed Sékou Touré qui n’aura rien «ménagé, parfois, au détriment de la sécurité de son pays et de ses propres intérêts, pour le triomphe de l’Unité et la grandeur du continent.» Alpha Condé n’a pas oublié de rendre également hommage à quelques figures emblématiques dont la «vie se confond avec le devenir de l’Afrique.» Il s’agit notamment de Dr Kwamé Nkrumah du Ghana, de Modibo Kéïta du Mali, de sa Majesté Mohamed V du Maroc, de Gamal Abdel Nasser d’Egypte, de Julius Nyéréré de la Tanzanie, de l’Empereur Hailé Sélassié de l’Ethiopie, de Kenneth Kaunda de la Zambie. Il estime que les générations actuelles ont «l’impérieux devoir de s’approprier leur vision pour façonner l’Afrique de nos rêves et de nos ambitions.»

Du côté guinéen et des compagnons de Sékou Touré, le Président guinéen a parlé de Dr Lansana Béavogui, d’El Hadj Saïfoulaye Diallo, qui ont incarné, selon lui, la vision et le dévouement d’une équipe, porte-étendard de tout un peuple. Il n’a pas oublié non plus Diallo Telli, qui, a-t-il rappelé, a été le premier président du Comité Spécial des Nations Unies contre l’apartheid avant de devenir Secrétaire gérant de l’OUA. Selon lui, Diallo Telli a imprimé, durant les deux mandats à la tête de l’organisation panafricaine, un dynamisme et un dévouement qui sont reconnus de tous.

Mais ce devoir de mémoire ne serait pas vif, si Alpha Condé oubliait Jeanne-Martin Cissé qui a «su galvaniser l’énergie des femmes africaines» qui, de haut de son âge, rappelle «l’émancipation de la femme et la preuve vivante du rôle qu’elle peut et doit jouer dans la mutation de l’humanité.» Madame Jeanne-Martin Cissé a été la première africaine à présider le Conseil de Sécurité des Nations Unies, présidente de l’OPF(Organisation panafricaine des femmes). Alpha Condé a aussi évoqué le mérite des Guinéens : Idrissa Traoré, 1er secrétaire général de la panafricaine des Jeunes, de Sékou Sylla de l’Union générale des Travailleurs africains, des Professeurs Ibrahima Baba Kaké, Djibril TamsirNiane et Siradiou Diallo, pour leur rôle respectif en faveur de la connaissance de l’Histoire de l’Afrique et de l’émergence d’une presse africaine libre.

Les défis à relever par l’Afrique selon Alpha Condé

Le Président Alpha Condé est réjoui des avancées historiques enregistrées par l’OUA aujourd’hui UA, et il estimé avoir mesuré les immenses défis à relever du continent: «Aujourd’hui, l’Afrique est à la croisée des chemins. Le colonialisme est un lointain souvenir. L’apartheid a été vaincu. L’Afrique fait sienne de la nécessité de parler d’une même voix, en dépit d’une conjoncture internationale particulièrement défavorable pour raffermir son unité, et participer à l’avènement d’un monde plus juste et plus équitable. Un monde propice à une coopération mutuellement avantageuse, respectueuse de l’identité et des valeurs africaines. Notre credo doit consister à consolider, rationnaliser les institutions africaines, leur permettant ainsi de jouer le rôle qui leur est dévolu dans la construction d’une Afrique unie, stable, intégrée, forte et prospère. Une Afrique résolument tournée vers l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Une Afrique qui assurera son autonomie alimentaire et énergique tout en créant les conditions d’emplois pour sa jeunesse, en prie à un chômage inacceptable.» Le Chef de l’Etat a souhaité l’engagement individuel et collectif pour que la «flamme du panafricanisme et de la renaissance africaine que nous allons rallumer, continue de nous éclairer et de nous guider sur le chemin tracé par nos illustres devanciers. Et d’affirmer que les Etats-Unis d’Afrique constituent le seul rempart contre la marginalisation, la seule alternative nous permettant d’être au rendez-vous de l’Histoire.»

Alpha Condé était heureux de la présence d’Edem Kodjo et d’Amara Essy, deux architectes de l’édification de l’unité de l’Afrique. Leur présence en Guinée, dans cet exercice de devoir de mémoire, aiderait à ce que nous puissions «restituer aux générations actuelles et futures, le récit fabuleux du sacrifice consenti par nos devanciers pour que dans une Afrique réconciliée, dignité rime avec progrès et souveraineté.» Alpha Condé a enfin invité les jeunes à «marcher dans le sillage d’Edem Kodjo et d’Amara Essy, entre autres, pour consolider les bases de la création des Etats-Unis d’Afrique.»

Edem Kodjo était ému. Pas étonnant que la Guinée l’associe à la toute première festivité du continent, marquant les 50 ans de l’OUA/UA. «Alors qu’on s’affaire à Addis-Abeba pour la semaine prochaine, la Guinée ouvre le ban. Est-ce réellement étonnant ? Non ! Parce que le peuple de Guinée depuis toujours a été à l’avant-garde de la lutte des Africains pour la reconquête de leur indépendance et l’affirmation de leur unité.» Après avoir rappelé que l’organisation regroupe aujourd’hui 54 Etats, Edem Kodjo a posé à la jeunesse africaine la question: «Est-ce que le temps n’est pas venu de faire en sorte que nous soyons un peu moins nombreux, mais beaucoup plus trapus, beaucoup plus forts et beaucoup plus costauds ?» Des faiblesses chroniques des Etats sont constatées chaque fois que l’Afrique est interpellée. La crise malienne en est un des multiples exemples. C’est pourquoi, il a estimé que l’Afrique a besoin d’être puissante.

Amara Essy, cane en main, a rappelé: «On dit que l’histoire est parfois faite de petits mensonges. Je crois que la Guinée a la paternité de l’Unité africaine.» Il a vanté Alpha Condé pour «avoir beaucoup souffert» et a prié Dieu pour que Alpha Condé ait la force de supporter ce que Dieu lui a fait porter sur les épaules. Amara Essy a toutefois dit qu’Alpha Condé a «un devoir impérieux d’avoir la paix» en Guinée d’autant qu’il a vécu ce qui s’est passé en Côte d’ivoire. A la classe politique guinéenne, l’hôte de marque a demandé de «méditer sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire… Je crois que nos pays sont plus importants que les ambitions de certains individus. Il faut qu’on les transcende. Nous avons besoin d’une Guinée en paix», a-t-il conclu à l’endroit des Guinéens.

La cérémonie de lancement de la semaine de l’OUA/UA s’est terminée par l’allumage de la femme à l’Esplanade du Palais du peuple, par le Président Alpha Condé, accompagné des diplomates, des membres du gouvernement et de plusieurs personnalités.

Rappelons que c’est le 25 mai 1963 que l’Organisation de l’Unité Africaine a été créée à Addis-Abeba en Ethiopie, par des leaders du continent. En 2001, cette organisation est appelée Union Africaine. A l’occasion de ces 50ans, un hommage sera particulièrement rendu au premier secrétaire général de l’organisation, Boubacar Telli Diallo dit «Diallo Telli» pour les actes qu’il a posés et qui sont toujours d’actualité, selon Edem Kodjo.

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