Des narcotrafiquants guinéens passent aux aveux en direct à la télé
Feb 25, 2009
Trois présumés narcotrafiquants guinéens, dont un beau-frère du défunt président Lansana Conté, ont été auditionnés, au cours d'un débat télévisé diffusé lundi soir pendant plus de 3 heures à la télévision guinéenne, par le chef de l'Etat auto proclamé, le capitaine Moussa Dadis Camara, et son secrétaire d'Etat, chargé de la lutte anti drogue, le capitaine Moussa Tiégboro Camara.
Mamady Kallo, Saturin Bangoura (beau-frère de Conté) et Charles Pascal Tolno ont tous déclaré avoir été "bien traités" et avoué leurs forfaits sans aucune pression au cours du débat organisé dimanche au camp Alpha Yaya, quartier général de la junte au pouvoir en Guinée depuis la mort du président Lansana Conté en décembre 2008. Saturin Bangoura, en service à la présidence de la République, a avoué avoir participé en septembre dernier à un trafic de cocaïne, déversée nuitamment à l'aéroport de Boké, au nord de Conakry, en présence de plusieurs militaires dont il n'a pas donné l'identité en dépit de l'insistance du chef de la junte. "Après la fuite de mes amis colombiens, j'ai participé à une réunion de famille chez la Première dame (Henriette Conté) au camp Samory Touré où j'ai présenté des excuses à ma famille que je renouvelle ici à l'endroit du peuple de Guinée", a-t-il dit. En réponse à une question du président auto proclamé, qui a confié le suivre "de près depuis longtemsp", Saturin a reconnu avoir occupé en haute banlieue de Conakry une somptueuse villa appartenant à sa soeur et où des narcotrafoquants, dont des officiers de l'armée, des Européens et autres Latino américains se donnaient rendez-vous. Pour sa part, Kallo, très proche de la famille de Conté, a reconnu s'être servi de ses privilèges pour servir dans le milieu de la drogue qui lui a rapporté beaucoup d'argent et d'autres biens. "Je demande pardon à la Guinée et à la communauté internationale", a dit Kallo qui s'est refusé à dire s'il travaillait avec le capitaine Ousmane Conté et Ansoumane Conté, fils du défunt président, dont les noms circulent depuis longtemps dans le trafic de drogue. Le chef de l'Etat a demandé à Charles Pascal Tolno, qui a vécu plus de 6 ans en Amérique Latine entre 2002 et 2008, de "dire toute la vérité" comme ses deux collègues dont il salué le courage "qui leur permettra d'atteindre tôt ou tard leurs objectifs". "Je suis venu en Guinée en 2008 dans le but de rencontrer le président Conté parce que je souhaitais créer une compagnie de voyages avec des amis latino américains (...) J'ai été mis en rapport avec Kallo qui, semble-t-il, pouvait m'introduire facilement", a déclaré Tolno qui a soutenu avoir été reçu par le président Conté qui l'a orienté chez son Premier ministre d'alors, Dr Ahmed Tidiane Souaré. Plus tard, il s'est retracté pour dire qu'il n'a jamais pu rencontrer le chef de l'Etat à cause de la maladie de celui-ci, mais a reconnu avoir adressé à la Direction des douanes une demande d'achat d'un véhicule saisi dans l'affaire de drogue de Boké. Le capitaine Dadis Camara a promis que la lumière serait faite sur le trafic de drogue en Guinée et que toutes les personnes impliquées seront interpellées. Il a dit avoir été témoin des cas de trafic de drogue et d'autres pierres précieuses dans l'entourage du défunt président, dont le salon privé de l'aéroport de Conakry a servi de transit de plusieurs colis de stupéfiants. Il a remis à son ministre de la Justice, le colonel Siba Nolamou, les trois présumés narcotrafiquants et plus d'une dizaine d'individus accusés de liens avec le milieu de la drogue, tous Guinéens. Le colonel Siba Nolamou en charge de la Justice a promis d'organiser un procès juste et équitable pour ces derniers. On rappelle que vendredi dernier, plusieurs hauts cadres de la Police avaient été interpellés et conduits au camp Alpha Yaya, quartier général du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), qui a pris le pouvoir, le 23 décembre, quelques heures après la mort de Conté des suites d'une longue maladie. - Panapress
