Des bidonvilles au tapis rouge d'Hollywood, "Slumdog Millionaire" a vu son conte de fée se prolonger dimanche avec un triomphe aux Oscars, où il a obtenu huit récompenses dont celles du meilleur film.
Le metteur en scène britannique Danny Boyle a reçu le prix du meilleur réalisateur pour cette fable qui met en scène un orphelin des bidonvilles de Bombay devenu riche grâce à une émission de télévision à laquelle il participe pour retrouver la fille qu'il aime. Le scénariste Simon Beaufoy, qui a pris quelques libertés avec le roman "Q&A" dont il est tiré, a quant à lui obtenu l'Oscar de la meilleure adaptation. "Vous avez été si généreux avec nous ce soir, je voudrais vous remercier pour cela", a déclaré Danny Boyle en venant chercher son prix. Boyle a également remercié sa famille, l'équipe du film et la ville de Bombay, où a été tourné "Slumdog Millionaire", également primé pour la meilleure photographie ou la meilleure chanson originale. Favori de la grand messe du cinéma américain depuis sa victoire aux Golden Globes, souvent considéré comme une répétition des Oscars, "Slumdog Millionaire" a éclipsé "L'étrange histoire de Benjamin Button", autre prétendant à une longue liste de prix. Le film de David Fincher, où Brad Pitt campe un homme dont la vie se déroule à l'envers, a dû se contenter de récompenses dans les catégories techniques, dont celle du maquillage. PENN PAR KO Placée comme chaque année sous le signe du glamour, malgré la crise, la cérémonie a vu défiler une pléiade de vedettes revenues, selon les experts, à un style sophistiqué rappelant les années glorieuses d'Hollywood. Un clacissisme incarné par Kate Winslet, honorée par l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle d'ancienne gardienne de camp de concentration nazi pendant la Seconde guerre mondiale dans "Le Liseur", adapté du roman de Bernhard Schlink. Enveloppée dans une large robe blanche, l'Espagnole Penelope Cruz a pour sa part reçu le prix du meilleur second rôle féminin pour son interprétation d'une artiste impétueuse et passionnée dans "Vicky Cristina Barcelona" de Woody Allen. Le prix du meilleur acteur est revenu à Sean Penn, vainqueur par KO du match au sommet qui l'opposait au revenant Mickey Rourke. Déjà honoré pour son rôle dans "Mystic River" en 2004, l'acteur de 48 ans obtient sa deuxième récompense avec son interprétation du militant de la cause homosexuelle Harvey Milk, assassiné à la mairie de San Francisco en 1978. L'Oscar du meilleur second rôle a couronné l'ultime performance de l'Australien Heath Ledger, qui campait dans "The Dark Knight" un inquiétant Joker, l'ennemi intime de Batman. Retrouvé mort à 28 ans dans son appartement de New York en janvier 2008, six mois avant la sortie du film, après une absorption excessive de médicaments, Heath Ledger est seulement le deuxième acteur honoré à titre posthume après Peter Finch en 1976. La plus grosse surprise de la soirée est venue des films étrangers, où les deux favoris "Valse avec Bachir" et la palme d'or cannoise "Entre les murs" ont été pris de vitesse par "Departures", film japonais sur un musicien classique qui devient embaumeur. - Reuters