Par Marie José Yombouno
Monsieur, Pourquoi multipliez-vous des tentatives de déstabilisation du pouvoir de mon pays dont la dernière est une demande d’insurrection populaire qui pourrait se terminer par une violence sanglante et une pérennisation des militaires au pouvoir ? Est-ce que pour justifier l’intervention des forces d’interposition au prétexte d’assurer la sécurité des populations Guinéennes que rien ne permet pour l’heure ? La démocratie qui est plus une méthode qu’un objectif, puisque chaque acte posé par chacun peut avoir une incidence positive ou négative sur le changement. A ce titre, est ce qu’elle s’importe ou doit être construite par les fils et filles de chaque pays en tenant compte des valeurs, réalités et aspirations profondes de chaque nation? Alors que vous demandez aux ressortissants Français de quitter la Guinée pour cause d’insécurité, où vont se refugier les millions de compatriotes vivant là -bas en cas d’embrasement ? Et surtout dans le même temps, les pays occidentaux ferment leurs frontières et expulsent les sans papiers. Pour justement vous aider à lutter contre l’immigration clandestine et éviter la fuite des cerveaux dont l’Afrique a besoin pour son développement, pourquoi ne pas nous laisser choisir librement notre propre voie avant de s’appuyer sur vous (coopération internationale) dont les modalités devront être négociées en fonction des véritables nécessités? Cette aide doit se traduire par la garantie des libertés de nos pouvoirs publics qui à leur tour, vont garantir celles des citoyens, réduisant aussi la dépendance extérieure. Monsieur, Les événements survenus en Guinée le 28/09/09, sont d’autant plus douloureux et malheureux, que nous avons plus besoin de sérénité pour déterminer le degré de responsabilité des membres du CNDD et de l’opposition organisatrice de la marche qui a engendrée le massacre, les violences et viols. Car chacun est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable. Pour permettre à la justice de punir de façon équitable chacun à la hauteur des charges qui seront retenues contre lui quelle que soit sa position. Je profite pour renouveler ma compassion aux familles éplorées, que les âmes des disparus reposent en paix. Amen ! Et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. En France, l’article IV de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipule que »la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent êtres déterminées que par la loi ». De même que l’article X stipule que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses si leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » . Alors que cette manifestation était interdite et qu’aucune démocratie au monde n’est parfaite, pourquoi la maintenir ? Surtout lorsque la sécurité des personnes et de leurs biens est en jeu. Même si rien ne justifiait cette répression sanglante. Pourquoi une marche qui se veut pacifique, des manifestants incendient dès le début 2 commissariats et véhicules avant de s’emparer des armes ? Pourquoi mettre en place une commission d’enquête internationale demandée dès le lendemain du 28 septembre 2009 par le Président Guinéen lui-même pour faire toute la lumière si les résultats sont connus d’avance ? Puisque vous insistez sur le départ de la junte du pouvoir et multipliez les sanctions à leur encontre à travers l’UE, l’UA et la CEDEAO sans compter la pression médiatique avant le début des investigations et que tous les membres permanents du conseil de sécurité ne se sont pas prononcés : Chine, USA, France, Russie, Royaume-uni ? Certains utilisent ces événements pour jouer les mauvais rôles s’appuyant les émotions du monde entier qui contribuent à diviser davantage les Guinéens parce que tout le monde n’a pas la même compréhension de la situation. Oubliant qu’ils répondront de leurs actes le moment venu car toutes les images montrées feront l’objet d’analyses approfondies afin de s’assurer de la véracité de certaines. La polémique enfle également autour du nombre que nous ne connaîtrons jamais exactement, la gravité à mon avis, c’est le fait d’ôter la vie d’autrui même 1 ou 2 personnes surtout de la façon la plus barbare, chaque vie est sacrée. Les pouvoirs publics annoncent 57 morts et moins de 1.000 blessés tandis que l’opposition avance plus de 150 morts et 1200 blessés. Aidez nous plutôt à lutter contre les causes des violences qui sont : la pauvreté, l’exclusion, l’impunité, l’intoxication, la corruption, la mauvaise gestion des biens publics. Certains de ceux qui ont vidé les caisses de l’Etat privant ainsi bon nombre d’aller à l’école, d’avoir accès à l’eau potable, aux infrastructures sanitaires, se servent aujourd’hui de cette même population comme du bétail électoral. La violence à laquelle vous voulez soumettre les Guinéens en ce moment n’est elle pas une violation des droits de l’homme puisque la préservation de la dignité humaine suppose que nul ne doit vivre sous la menace de la violence? La paix, la non violence, la résolution des conflits par le dialogue et la négociation sont des principes fondamentaux d’un développement durable et qu’aucune paix ne pourra être consolidée si elle n’est pas soutenue par le développement, sans compter que 53.6% de la population Guinéenne vit en dessous du seuil de pauvreté. Le paradoxe, c’est que la Guinée Conakry est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest et le pays le plus riche de cette même zone en ressources minières: bauxite, or, diamant fer etc… mais l’un des plus pauvres du monde classé 170ème sur 182 pays étudiés en 2007 en matière de développement humain. Voir ci-dessous votre déclaration en substance sur LCI, publiée sur le site africaguinée.com le 25/10/09. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat Français:"Contre la junte, la pression interne des Guinéens est très importante" Le secrétaire d'Etat français à la coopération et à la francophonie, Alain Joyandet a invité récemment les Guinéens à renforcer l'unité nationale face à la junte du Capitaine Moussa Dadis Camara. Au cours d'un entretien avec la chaîne française LCI, Alain Joyandet a rappelé que les sanctions de la communauté intenationale contre la junte doivent s'accompagner d'une cohésion interne des Guinéens."Il faut que les sanctions tombent, des sanctions justes. Je pense qu'un élément est important, c'est la pression intérieure qui viendra des Guinéens eux mêmes. Et la société civile est forte, unie et on a besoin d'elle.", a souligné le secrétaire d'Etat français. Parlant du massacre du 28 septembte 2009 dernier, Alain Joyandet a déploré la lenteur de la communauté internationale pour exiger le départ de la junte du Capitaine Moussa Dadis Camara."J'avais dis à la communauté internationale.-N'essayer de faire quelque chose de parfait qui sera beaucoup plus long et on aura plus de chances que les militaires se maintiennent-.Les choses ne sont pas allées plus vite.Et je pense d'ailleurs que si la France s'était mise devant, les choses allaient évoluer plus vite.", a-t-il ajouté. A noter que cette semaine, l'Union européenne va adopter des sanctions contre la junte du Capitaine Moussa Dadis Camara(gel des avoir financiers et interdiction de visa notamment) ainsi qu'un embargo sur les armes contre la Guinée. Au niveau de la junte, plusieurs ministres ont dénoncé le "lynchage médiatique" du Capitaine Moussa Dadis Camara par les médias français. Récemment, le président Nicolas Sarkozy avait nommé un nouvel ambassadeur à Conakry, en remplacement de Jean-Michel Berrit, accusé par la junte d'avoir contribué à la rupture du dialogue entre les forces vives et les autorités de Conakry. Je ne saurais finir ce travail sans une fois de plus appeler à un sursaut national pour construire une société faite de partage, responsabilité et de tolérance. Que le « tout Puissant Allah » nous délivre du mal et bénisse la Guinée. Amen ! Marie José YOMBOUNO Présidente de l’AGFDH 06-29-87-48-58 France