Cinquante-huit cadavres ont été apportés lundi à la morgue du Centre hospitalier universitaire de Donka, à Conakry, après un grand rassemblement de l'opposition réprimé par les forces de l'ordre, a affirmé à l'AFP un médecin, sous couvert de l'anonymat. "Nous avions dénombré 52 cadavres et six viennent d'être apportés" a indiqué à l'AFP ce médecin du CHU de Donka.
Selon un membre de la Croix-Rouge, joint par l'AFP, "les dirigeants de l'armée ont demandé que tous les cadavres collectés soient apportés au camp (militaire Alpha Yaya Diallo, siège de la junte, ndlr) et non pas dans les morgues". Pour cet humanitaire, il y a "une volonté de dissimuler les corps des victimes" de la répression. Dans un autre établissement sanitaire de Conakry, l'hôpital Ignace Deen, une source médicale avait auparavant assuré au correspondant de l'AFP qu'un camion militaire était venu pour ramasser des "dizaines de corps", emmenés vers "une destination inconnue". Deux anciens Premiers ministres guinéens, dirigeants de partis d'opposition, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, ont été blessés au cours de ces violences puis ont été arrêtés et conduits dans un camp militaire, a affirmé à l'AFP l'épouse de M. Diallo. Sous couvert de l'anonymat, une source gouvernementale a confirmé leurs arrestations. La foule de manifestants voulait manifester son opposition à une éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à l'élection présidentielle de janvier en Guinée. Cellou Dalein Diallo est candidat à l'élection présidentielle et leader de lUnion des forces démocratiques de Guinée (UDFG). Selon Mme Halimatou Diallo, les deux hommes avaient d'abord été évacués à la clinique Ambroise Paré où "des militaires sont venus les chercher. Ils les ont extraits de la clinique et les ont emmenés au camp Alpha Yaya Diallo", siège de la junte au pouvoir depuis décembre. Auparavant, de nombreux tirs avaient été entendus dans l'enceinte du stade du 28-septembre où plusieurs dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées selon une estimation de l'AFP. Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes, au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre 2008, au lendemain du décès de Lansana Conté, qui dirigeait le pays depuis 24 ans. Il est demandé au capitaine Dadis Camara de respecter ses engagements de ne pas se présenter à l'élection et de laisser le pouvoir aux civils. La junte au pouvoir avait interdit dimanche ce grand rassemblement, pourtant maintenu par les organisateurs. Le ministre de l'Intérieur Frédéric Kolié avait déclaré à la télévision nationale: "toute manifestation sur le territoire national est interdite jusqu'à la fête nationale du 2 octobre". - AFP