Le président Mamadou Tandja et ses ministres seraient tombés jeudi "entre les mains des mutins" lors d'une tentative de coup d'Etat militaire dans la capitale du qui a fait plusieurs morts, ont déclaré des diplomates et témoins.
"Ca s'est passé à l'issue d'un conseil des ministres, il semblerait que le président soit à l'heure actuelle entre les mains des mutins et que les membres du gouvernement soient eux-même retenus", a déclaré à l'AFP un diplomate français. "Il y a actuellement une réunion des chefs militaires" à Niamey, a-t-on ajouté.
Pays pauvre du Sahel mais troisième producteur mondial d' , le Niger traverse une grave crise politique qui a apparemment dégénéré jeudi en combats à l'arme lourde dans les rues de la capitale et autour du palais présidentiel.
Un diplomate africain à Niamey a ajouté que "plusieurs hautes personnalités nigériennes ont été arrêtées", dont le président Tandja. "Les insurgés ont nettement pris le dessus", a-t-il dit.
Un responsable français à Paris avait auparavant affirmé qu'une tentative de coup d'Etat était en cours au Niger et que "Tandja n'était pas dans une bonne position".
Paris a demandé jeudi aux Français de Niamey de rester chez eux.
Selon la source diplomatique française, qui avance que la garde présidentielle a pris part à cette tentative de coup d'Etat, "on savait qu'une partie de l'armée désapprouvait Tandja et son coup de force constitutionnel, on pensait jusque là cette partie très minoritaire".
"Il y a tradition de coup d'Etat dans ce pays, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite", a-t-elle ajouté.
Après dix ans de pouvoir, M. Tandja a dissous l'année dernière le Parlement et la Cour constitutionnelle et obtenu une prolongation controversée de son mandat pour au moins trois ans à l'issue d'un référendum en août.
L'opposition, qui avait boycotté cette consultation ainsi que des législatives controversées en octobre, avait dénoncé un coup d'Etat et la communauté internationale a dénoncé les agissements du président.
Mercredi, le Premier ministre du Niger Ali Badjo Gamatie avait annoncé un Conseil des ministres "important" pour jeudi.
Dans l'après-midi, des soldats étaient déployés autour du palais présidentiel et dans les rues adjacentes, a constaté l'AFP, tandis que des témoins ont affirmé avoir vu les dépouilles de plusieurs militaires.
Des témoins ont fait état de tirs jeudi à Niamey, survolée par des hélicoptères de l'armée.
"Il y a 40, 45 minutes, on a commencé à entendre des tirs de mitraillettes, et après, de grosses déflagrations. Ca a fait trembler la maison", a raconté vers 13H00 GMT Claire Deschamps, une Française vivant à Niamey, contactée depuis Paris.
Un autre témoin a déclaré à l'AFP à Niamey que les tirs avaient commencé autour du palais présidentiel.
Un troisième témoin a rapporté avoir entendu des coups de feu alors qu'il se trouvait à la présidence. "Il y avait des armes lourdes (...) et des obus. Je vois une fumée vers le bureau du président", a-t-il dit sur Radio France internationale vers 14H00 GMT.
Une source affirmant se situer à environ un kilomètre de la présidence a indiqué vers 15H00 GMT ne plus entendre "depuis une bonne heure" les tirs en rafale et d'arme lourde.
Selon un témoin, les corps de plusieurs soldats ont été extraits d'un blindé détruit par un obus.
"Trois ou quatre soldats qui étaient à l'intérieur étaient comme déchiquetés et on les a transportés à la morgue", a-t-il déclaré.
Le Commissaire à la paix et la sécurité de l'Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, a rappelé que "l'UA condamne l'usage de la violence pour tout changement de pouvoir politique, pour le Niger comme pour les autres pays".
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a également "condamné une fois de plus tous les actes destinés à parvenir ou à se maintenir au pouvoir par des moyens non constitutionnels". - AFP