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Les Togolais ont rendez-vous avec leur destin

Mar 04, 2010

Le peuple Togolais va Ă©lire aujourd’hui mĂŞme son 5e prĂ©sident de la RĂ©publique. Des 7 candidats sur la ligne de dĂ©part et après deux semaines de campagne, deux principaux challengers se dĂ©tachent du lot : Faure GnassingbĂ© et Jean-Pierre Fabre. Ce sera le choix entre la continuitĂ© dans la rupture et le changement radical.

Les 3 281 146 Ă©lecteurs qui constituent le corps Ă©lectoral togolais se rendent donc aux urnes ce jour 4 mars 2010 dans les 5930 bureaux de vote, dissĂ©minĂ©s sur l’ensemble du territoire. 300 observateurs de la CEDEAO sont Ă©galement sur le terrain pou vĂ©rifier le bon dĂ©roulement du scrutin. Cette mission d’observation comporte 2 volets : un premier, sĂ©curitaire, composĂ© de 146 officiers supĂ©rieurs, et le second, civil, constituĂ© du reste de cette mission.

En outre, 600 policiers et gendarmes togolais de la Force de sĂ©curitĂ© de l’élection prĂ©sidentielle 2010 (FOSEP) sont dĂ©ployĂ©s Ă  travers tout le Togo. PlacĂ©e sous le mandat de la CENI, la FOSEP a pour mission de « garantir la sĂ©curitĂ© avant, pendant et après l’élection prĂ©sidentielle, de prĂ©server un climat de paix et de sĂ©rĂ©nitĂ© sur l’ensemble du territoire national Â».

Le présent scrutin va coûter autour de 12 milliards CFA, dont 80% ont été fournis par l’Union Européenne. Les frontières terrestres du Togo sont fermées depuis mercredi 3 mars à 00h jusqu’au vendredi 5 mars à minuit. Les débits de boissons et autres lieux de réjouissances sont fermés aujourd’hui de 06 h à 18 GMT. Voilà pour les quelques données chiffrées.

Que retenir de cette campagne qui, comparativement Ă  celle de 2005, a Ă©tĂ© bonne ? Soucieux d’effacer des mĂ©moires sa « calamiteuse Ă©lection Â», pour reprendre les propos de Laurent Gbagbo concernant la sienne, le prĂ©sident-candidat Faure GnassingbĂ© a mis les gros moyens dans cette campagne.

Il a hérité d’un trésor de guerre, celui de son père. Ainsi, outre les gadgets, qu’on distribuait à gogo, alors qu’à titre de comparaison les gadgets de Fabre étaient vendus, Faure parcourait aussi le pays en hélicoptère. Ce qui lui permettait de relier des localités très distantes l’une de l’autre en un temps record et de tenir dans la foulée plusieurs meetings par jour.

Autre dĂ©tail perçu lors de cette campagne, Faure s’est davantage dĂ©marquĂ© du RPT, son parti, qui l’a investi, mĂŞme s’il est vrai que, le 12 janvier dernier, il n’a pas daignĂ© faire le dĂ©placement au palais des congrès pour son adoubement. Signe d’une « dĂ©gnassingbisation Â» du Togo ? Sans doute.

Reste, et Faure le sait bien ,que le dĂ©lit patronymique, le sentiment qu’ont les populations d’être prises en otage depuis des dĂ©cennies par la famille GnassingbĂ© et que les violences de 2005 constituent autant de boulets chevillĂ©s malgrĂ© lui Ă  son corps, lesquels pèseront dans ce scrutin en sa dĂ©faveur. Et l’opposition alors ?

Engluée dans ses contradictions internes, l’opposition a eu un retard à l’allumage. De Jean-Pierre Fabre à Yawovi Agboyibo en passant par Agbéyomé Kodjo et Bassabi Kagbara, le manque relatif de moyens et surtout les velléités de leadership causées par les égo surdimensionnés de certains ont plombé l’élan unitaire de ces opposants .

Au jour J, le constat est lĂ  : le seul challenger de Faure est Jean-Pierre Fabre, investi par l’UFC et soutenu par le FRAC (coalition d’opposants).Quid de ses atouts ? Il est un pur produit de l’UFC ayant grandi Ă  l’ombre de son mentor, Gilchrist Olympio.

Il incarne le changement et est un homme de terrain. Les excursions de son allié Koffi Yamgnane (patron du mouvement Sursaut-Togo en langue bassar) dans la région septentrionale et celles d’Abi Tchessa (autre ami politique) en langue Kabyè ont sérieusement entamé les croupières du RPT dans le Nord, bastion traditionnel du pouvoir.

Principaux handicaps de « l’Obama togolais Â» : le soutien tardif de Gilchrist qui, semble-t-il, ne lui a pas donnĂ© les moyens consĂ©quents (on est en Afrique oĂą, souvent, le patron d’un parti dĂ©tient aussi les cordons de la bourse), ainssi que la polĂ©mique qui a entourĂ© sa dĂ©signation.

Ce 4 mars 2010, c’est le jeudi du destin pour le peuple togolais : optera-t-il pour la continuitĂ© dans la rupture avec Faure, ou pour le changement radical avec Fabre ? La seule vraie inconnue demeure l’après-prĂ©sidentielle, notamment la crainte des violences. Pour l’UFC, « ELECTIONS SANS VIOLENCES = ELECTIONS SANS FRAUDES Â». Bien sĂ»r, les populations et la communautĂ© internationale souhaitent une prĂ©sidentielle apaisĂ©e. Mais certains Togolais veulent-ils vraiment cela ? – L’Observateur Paalga

 

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