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Les gays, clandestins en Afrique: “sortir du Nkutaâ€

Mar 14, 2010

Clandestinité quasi obligatoire, répression accrue, durcissement des lois… A l’instar du reste du continent africain, être homosexuel au Cameroun constitue un calvaire. De l’ensemble des pays du Maghreb à nombre de ceux au Sud du Sahara, 38 Etats d’Afrique criminalisent les relations entre personnes du même sexe. Mais le Cameroun est le seul pays africain francophone, à majorité non-musulmanne, à pénaliser les relations entre personnes du même sexe. Particularité qui a pousser Cécile Metzger à réaliser le documentaire "Cameroun : sortir du Nkuta" ["sorti du placard, NDLR], projeté ce 12 mars dans le cadre du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (Genève, du 5 au 14 mars).

Après la publication dans la presse camerounaise, en octobre 2006, de listes de personnalités politiques et autres artistes supposées homosexuels, le sentiment homophobe a été exacerbé aussi bien dans la rue que dans les tribunaux. Des rafles ont été organisées dans des lieux prétendument fréquentés par des gays. Des hommes et des femmes ont été emprisonnés des mois avant de pouvoir se présenter, enchaînés, à leur procès.
"Encouragés par les médias qui cherchent les records d’audience, les outings forcés se sont dangereusement banalisés en Afrique, source de toutes les dérives et violations des droits humains", affirme Alice Nkom, avocate camerounaise qui a fait de la défense des droits des lesbiennes, gays bi et transgenres le combat de toute une vie.
Poussée du fondamentalisme religieux
"Je suis né homo, Jésus a dit "Aime ton prochain", la haine n’est pas africaine". Fièrement scandé dans les rues de Cape Town en Afrique du Sud, l’un des slogans de la Gay Pride organisée le 6 mars dernier dans la ville la plus gay friendly d’Afrique résume avec naïveté la nette régression des droits des homosexuels observée sur le continent.
« L’augmentation de la pauvreté a marqué le retour de tous les fondamentalismes, en particulier religieux, analyse Alice Nkom. Les dirigeants africains ont cédé sous le poids électoral de ces groupes d’opinion », entraînant une dégradation inquiétante de la situation des gays.
Certes, l’Afrique du Sud est allée jusqu’à autoriser les mariages entre personnes du même sexe en 2006. Mais, selon une étude publiée récemment par l’association sud-africaine Behind the mask (www.mask.org.za), près de 10 lesbiennes sont toujours violées chaque mois rien qu’au Cap, sous prétexte de "les soigner". Au Burundi, le gouvernement a profité de l’abolition de la peine de mort en 2009, pour introduire dans la Constitution le délit d’homosexualité.
Intervention des Nations-Unies
Les droits fondamentaux des lesbiennes, gays, bi et transgenres sont tellement menacés sur le continent africain, que la communauté internationale a décidé d’intervenir. Début mars, deux rapporteurs spéciaux des Nations-Unies pour les droits de l’homme ont demandé officiellement aux députés ougandais de renoncer à voter une loi clairement anti-gays. Si l’homosexualité est déjà considérée comme une activité criminelle en Ouganda, passible de la prison à perpétuité, le projet de loi déposé en octobre dernier prévoit de durcir encore ces dispositions, avec notamment la peine capitale pour le viol d’un mineur par une personne du même sexe ou par un malade du sida. En outre, toute discussion publique sur l’homosexualité deviendrait un délit, et le propriétaire qui louerait un logement à un homo s’exposerait à des poursuites.
Marginalisés par leurs communautés et leurs familles, mis au banc de la société, les gays souffrent d’un manque d’accès aux campagnes de sensibilisation et de soin contre le virus du sida. Entre les abus sexuels systématiques dans les prisons, les "viols curatifs" des lesbiennes, et les pratiques à risque dus à des carences de prévention, l’épidémie est en train de se propager de façon inquiétante à travers la communauté gay.
Face à tant de difficultés pour vivre leur sexualité dans la paix et la sécurité, beaucoup d’homosexuels africains choisissent le suicide ou l’émigration à tout prix vers le Nord. Mais Alice Nkom en est certaine : "Le combat commence par la réconciliation de l’homosexuel africain avec lui-même". – Infosud
 

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