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La folle nuit de Silvio Berlusconi

Oct 08, 2009

Le Cavaliere a perdu son immunité , mais pas sa fougue. "Vive l'Italie, vive Berlusconi !", lance Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien en pleine rue, devant une nuée de journalistes, quelques minutes après avoir appris la nouvelle, mercredi soir. Il ne masque pas sa colère, alors qu'il se rend au Palazzo Venezia, à Rome, pour inaugurer une exposition intitulée... "le Pouvoir et la Grâce". "Heureusement que Silvio est là", poursuit-il, parlant de lui à la troisième personne comme il aime à le faire. "Si Silvio n'était pas là avec son gouvernement, et le soutien de 70 % des Italiens, nous serions dans les mains d'une gauche qui ferait de notre pays ce que tout le monde sait", s'exclame-t-il. Ses critiques les plus virulentes sont destinées au président de la République Giorgio Napolitano, figure du Parti communiste italien. "Le chef de l'État, vous savez de quel côté il est", tempête le Cavaliere. La remarque fait l'effet d'une bombe dans un pays où l'impartialité du chef de l'État est sacrée. "Le président est du côté de la Constitution", répliquera la présidence de la république.

Une fois dans les murs du Palazzo Venezia, Silvio Berlusconi baisse le ton, rencontre un cardinal et visite la rétrospective dédiée aux saints patrons d'Europe. "L'exposition est superbe, dit-il en sortant, mais j'ai dit à Son Excellence qu'il y a une grande lacune, il manque le portrait de saint Silvio d'Arcore [résidence milanaise de Silvlio Berlusconi] qui fait que l'Italie n'est pas entre les mains de certains messieurs de gauche..." La blague fait rire l'assistance, le Cavaliere semble vouloir calmer le jeu. D'autant que dans la foulée, tombe un communiqué officiel de la présidence du Conseil. "Je ne peux pas ne pas respecter la décision de la Cour constitutionnelle dans le cadre d'un système démocratique", admet Silvio Berlusconi. "Toutefois, je prends acte que ce système (...) risque d'altérer dans le temps le juste équilibre entre les pouvoirs de l'État." Et puis, toujours sur un ton étonnemment apaisé, il évoque le fond du dossier. "Je n'ai pas le moindre doute que les accusations infondées et risibles qui pèsent encore sur moi ne passeront pas au crible de magistrats honnêtes, indépendants, et soucieux de la loi".

Pas de démission

L'accalmie est de courte durée. Plus tard dans la soirée, c'est un Silvio Berlusconi redevenu furieux qui téléphone à l'émission phare de la Rai, Porta a Porta , pour se défendre. "En Italie, nous avons une majorité de juges de gauche, de journaux de gauche avec à leur tête La Repubblica , une Rai qui va contre le gouvernement, et en plus un chef de l'État qui est l'expression de la vieille majorité de gauche", lance, furibond, le président du Conseil, qui écarte toute élection anticipée. "Le gouvernement continuera à gouverner, comme il l'a fait de 2001 à 2006", assure-t-il. Dans un pays où depuis la guerre, les majorités ne tiennent en moyenne que deux ans et demi, l'engagement est de taille... Mais surtout, le Cavaliere annonce d'emblée la couleur : "Non seulement j'irai au tribunal pour me défendre, mais j'irai à la radio, dans les journaux, et à la télévision, et j'expliquerai aux Italiens la substance de ces procès (...) Et alors je demande à voir si des juges auront le courage d'émettre devant les Italiens une sentence contraire à la vérité." Rideau.

Les déclarations de Silvio Berlusconi ont suscité l'indignation du Parti démocrate, principale formation d'opposition, qui a dénoncé des propos "inadmissibles" et un risque de "dérive autoritaire". Le malaise est palpable au sein même de la majorité de droite. Berlusconi a le droit de se défendre, mais aussi "le devoir de respecter la Cour constitutionnelle et le chef de l'État", assure son allié, le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini. Pour autant, seul l'ex-juge anticorruption et chef de file du parti Italia dei Valori Antonio di Pietro a demandé la démission du chef du gouvernement. – Le Point 

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