Les 24 candidats en lice ont encore 16 jours pour convaincre les électeurs. Quatre postulants se détachent déjà du lot en raison de leur grande popularité, de la capacité de mobilisation de leur parti et surtout des moyens matériels et financiers mis en place pour la campagne. Dans cette série d’articles consacrés à l’élection présidentielle guinéenne, nous allons présenter à nos lecteurs les quatre favoris au fauteuil présidentiel.
La campagne électorale pour l’élection présidentielle du 27 juin prochain bat son plein en Guinée. Les 24 candidats en lice multiplient les meetings et les promesses pour convaincre les électeurs à voter pour eux. En tous les cas, la campagne électorale a suscité un réel engouement des Guinéens si l’on tient compte de la forte mobilisation des populations un peu partout, à travers le pays, depuis son lancement le 17 mai dernier. Pour la première fois, depuis 52 ans, il n’y a pas de candidat soutenu par un parti au pouvoir. Les différents prétendants au fauteuil présidentiel partent donc avec une égalité de chance. C’est dire donc toute l’importance que revêt ce premier scrutin pluraliste et véritablement démocratique qui, au-delà de l’élection d’un nouveau président de la République, devra permettre aux Guinéens de se réconcilier après tant de tragédies et de crimes impunis.
Le premier enjeu de ce scrutin est, sans nul doute, l’élection d’un président qui saura transcender les clivages ethniques et cimenter l’unité nationale. Malheureusement très peu de candidats font cas de l’unité du pays dans leurs meetings. Ils semblent négliger ce facteur sans lequel il ne peut y avoir de vraie paix et de stabilité durable. Les anciens présidents à commencer par Sékou Touré (1958-1984), le général Lansana Conté (1984-2008) et plus récemment encore le capitaine Moussa Dadis Camara, avaient joué à fond la carte ethnique pour asseoir leur pouvoir. C’est pourquoi, la Guinée a besoin aujourd’hui d‘un président au-dessus de la mêlée pour épurer cette peur de l’autre et instaurer un climat de confiance et de respect mutuel entre les fils du pays.
L’instauration de la démocratie et de l’Etat de droit est perçue par nombre de Guinéens comme la solution idéale pour une meilleure intégration des populations pour que la diversité ethnique, culturelle et religieuse ne soit plus considérée comme une source de conflit mais une richesse à l’image des grandes nations du monde. Ce premier scrutin libre et démocratique servira aussi de baromètre pour jauger la maturité politique des Guinéens à vivre ensemble, à bannir l’exclusion, le communautarisme étroit et à mettre fin à la sempiternelle rivalité entre les différents groupes ethniques : Peul (40 %), Malinké (30 %), Soussou et Diakhanké (15 %) et Forestiers (15 %). Cette configuration ethnique démontre, s’il en était encore besoin, qu’aucun président ne pourra désormais se faire élire sur une base ethnique. Et que le candidat qui saura briser ce cercle vicieux de l’enfermement ethnique aura pris une option sérieuse pour le fauteuil présidentiel.
Les enjeux économiques ne sont pas non plus négligeables. La perspective de l’exploitation des immenses richesses minières (Bauxite : 2/3 des réserves mondiales - Fer : neuf milliards de tonnes - Or : 1000 tonnes - Diamant, Uranium, Marbre, ...) et pétrolifères du pays (pétrole et gaz) constitue un enjeu de taille pour cette présidentielle. De dizaines de compagnies internationales, attirées par les richesses du sol guinéen, ont signé au cours de ces 16 derniers mois d’importants contrats pour l’exploration et l’exploitation de ces énormes réserves. C’est dire que, si tout se passe bien, le prochain gouvernement n’aura pas trop de souci à se faire pour développer le pays. La gestion de l’important pactole, qui sera généré par cette manne du ciel, aiguise bien des appétits. Pourvu que le peuple y trouve aussi son compte. – Walf Fadjri