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L'annus horribilis d'Al Gore

Jul 05, 2010

Le 31 décembre est encore loin, mais 2010 peut déjà être considéré comme un annus horribilis pour Al Gore, qui souhaiterait sans doute pouvoir retourner en 2007, l'année bénie au cours de laquelle il a remporté le prix Nobel de la paix pour son action en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et un Oscar pour Une vérité qui dérange, son documentaire sur l'environnement.

Au début de l'année, les critiques de l'ancien vice-président l'ont aspergé de sarcasmes qui n'auraient probablement pas eu la même portée si la fin de 2009 n'avait pas été aussi néfaste à sa cause. Non seulement le sommet de Copenhague sur le changement climatique a-t-il accouché d'une souris, mais les «climato-sceptiques» ont également marqué des points dans la bataille de l'opinion aux États-Unis. En effet, au même moment où ceux-ci s'émouvaient des courriels piratés qui ont donné lieu au «Climategate», le Pew Research Center publiait un sondage indiquant que la proportion d'Américains qui estiment «solides» les preuves du réchauffement était passée de 77% en 2007 à 57% en 2009.

Il n'en fallait pas davantage pour que le plus irréductible des climato-sceptiques du Congrès américain, le sénateur républicain Jim Inhofe, profite du dernier blizzard de l'hiver 2010 à Washington pour construire devant le Capitole avec sa famille un igloo sur lequel il allait planter une pancarte indiquant : «Nouvelle maison d'Al Gore».

«Il va continuer à neiger à Washington jusqu'à ce qu'Al Gore appelle au secours!» a pour sa part ironisé un autre sénateur républicain, Jim DeMint, sur son compte Twitter.

Scandale sexuel

Depuis le retour des beaux jours, c'est la vie personnelle d'Al Gore qui fait l'objet de mauvaises blagues. Au début du mois de juin, la nouvelle de son divorce d'avec sa femme Tipper après 40 ans de mariage a surpris tout le monde, d'autant plus que le couple avait signé en 2003 un livre intitulé Joined at the Heart dans lequel il estimait que la «solidité de la famille américaine est la pierre d'assise de la nation».

Trois semaines plus tard, la police de Portland a suscité à son tour l'étonnement en annonçant que l'ex-politicien de 62 ans avait été accusé de «relation sexuelle non désirée» à la fin de 2006 et au début de 2007. Les poursuites avaient été abandonnées après le refus de la victime présumée - une masseuse - d'être interrogée.

L'annonce de la police de Portland est intervenue quelques jours avant la publication d'un article dans l'hebdomadaire à sensation National Enquirer sur les accusations de la femme, selon lesquelles Al Gore aurait notamment demandé à cette dernière de lui masser le sexe avant de se presser contre elle comme un «caniche en chaleur». L'ancien bras droit de Bill Clinton avait requis les services d'une masseuse à sa chambre d'hôtel après une de ses conférences à Portland sur le réchauffement climatique. Il s'était inscrit à l'hôtel sous le nom de «M. Stone».

L'article du National Enquirer se fondait notamment sur des documents officiels, dont la transcription d'une longue entrevue réalisée en janvier 2009 par une détective avec la masseuse, qui demandait alors à la police de Portland de relancer l'enquête.

Accusations niées

Mercredi soir dernier, les autorités policières de la ville de l'Oregon ont fini par accéder à la demande de la masseuse à la suite de la publication d'un autre article du National Enquirer dans lequel la victime présumée s'identifiait pour la première fois et qualifiait Al Gore de «pervers» et de «prédateur sexuel». Molly Hagerty, grande rouquine de 54 ans, assure posséder un pantalon taché incriminant ce pilier du Parti démocrate, dont une porte-parole a nié «catégoriquement» les accusations d'agressions sexuelles.

Le chef de la police de Portland, Michael Reese, a justifié sa décision de relancer l'enquête au sujet d'Al Gore par le fait que les détectives de son service n'avaient pas consulté leurs supérieurs avant de décider de ne pas rouvrir le dossier après leur interview de 2009 avec la victime présumée.

Depuis, plusieurs médias respectables, de CNN au Washington Post en passant par le New York Times, ont publié des reportages sur cette histoire. Le Post a notamment dévoilé que le National Enquirer avait obtenu son interview exclusive avec la masseuse en échange d'une somme d'argent indéterminée, une information susceptible de nuire à la crédibilité de l'accusatrice.

N'empêche : l'image d'Al Gore n'est plus ce qu'elle était en 2007 ou même en 2000, l'autre annus horribilis de l'ancien candidat présidentiel, qui avait pris fin sur une décision de la Cour suprême le privant de la Maison-Blanche. – La Presse
 

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