Aux États-Unis, si l'on veut s'enrichir, il y a un employeur à éviter : la Maison-Blanche. Dès son premier jour dans le Bureau ovale, en janvier 2009, le président Barack Obama a annoncé qu'il gelait le salaire des membres de son cabinet, pour cause de récession. Un gel qui a été reconduit, selon le rapport annuel sur les rémunérations de la Maison-Blanche qui vient d'être remis au Congrès.
Les employés à temps plein les mieux payés sont au nombre de vingt-quatre, parmi lesquels le conseiller David Axelrod, le secrétaire général Rahm Emanuel et l'auteur des discours du président Jon Favreau. Ils touchent chacun 172.200 dollars par an. Barack Obama est mieux loti : il est payé 400.000 dollars par an. C'est le Congrès qui décide des hausses du salaire présidentiel et il s'est toujours montré plutôt pingre. La dernière augmentation remonte à 1999, date à laquelle il a consenti à doubler la rémunération présidentielle qui n'avait pas bougé depuis l'arrivée de Richard Nixon en 1969 !
Wall Street ménagée
Les émoluments présidentiels restent bien maigres à côté des 21,3 millions de dollars de rémunération qu'a touchés John Stumpf, patron de la Wells Fargo et banquier le mieux payé en 2009, selon le classement de Bloomberg. Mais qu'on se rassure, Barack Obama n'est pas à plaindre. Selon sa déclaration de revenus publiée en ligne l'an dernier, il a gagné plus de 5,5 millions de dollars, la majorité provenant de la vente de ses deux livres. Les 1,4 million de dollars du Prix Nobel ont été reversés à une dizaine d'oeuvres caritatives. C'est peut-être pour cela qu'il a critiqué modérément les bonus faramineux de Wall Street. "Comme la plupart des Américains, je n'en veux pas aux gens de leur succès ou de leur richesse. Cela fait partie de l'économie de marché", disait-il, au printemps, dans une interview.
En revanche, le salaire du vice-président, qui est revu à la hausse chaque année, n'a pas été gelé. En 2010, il devrait toucher 230.700 dollars. Idem pour les ministres, dont la rémunération, décidée par décret présidentiel, s'élève à 199.700 dollars. Malgré la pression pour réduire les dépenses et le déficit public, leurs salaires ont crû de quelque 6 % depuis 2008. À la différence du vice-président, les ministres américains ne bénéficient pas de logement de fonction. Leur seul avantage est une voiture avec chauffeur.
Obama doit payer sa nourriture
Le président dispose, lui, de deux résidences. La Maison-Blanche, qu'il décore à sa guise en puisant dans les collections de la National Gallery et qui comprend un bowling, une piscine, des courts de tennis et un cinéma. Pour ses week-ends, il peut profiter de la propriété de Camp David, dans le Maryland. Il reçoit également 50.000 dollars de frais de représentation. Il doit payer sa nourriture, mais cinq chefs sont là pour lui concocter des petits plats, et il a accès à une cave de choix où l'on trouve des bouteilles qui remontent à Thomas Jefferson.
Pour ses voyages, il se déplace au choix dans une limousine construite spécialement pour lui, en hélicoptère dans le Marine One ou, pour les voyages plus longs, sur l'Air Force One, un Boeing 747. Il peut également embaucher plus d'une centaine d'assistants à son service, en plus du personnel de l'administration.
Et les avantages ne s'arrêtent pas à la fin de son mandat. Il touche une retraite égale au salaire d'un ministre en exercice, bénéficie de la protection des services secrets, d'une assurance santé et même d'une allocation de réinsertion généreuse (tout comme d'ailleurs le vice-président) qui sert à louer des bureaux, à payer des employés, des déplacements... Et, cerise sur le gâteau, chaque président sortant a droit à sa bibliothèque construite sur fonds privés, mais gérée ensuite par l'État, qui servira à entreposer les archives. – Le Point