Lors de son intervention devant les leaders Guinéens et Jean Ping, Président de la commission de l’Union Africaine, le leader du RPG a dit que: «c'est souvent ceux qui font le plus de fraudes qui crient le plus à la fraude. »
AfricaLog vous livre en intégralité l’intervention du leader du RPG le 7 Juillet 2010
"Je suis heureux de tout l'intérêt que l'Union africaine et la Communauté internationale en général, montrent à la Guinée et votre volonté de nous aider à rejoindre le concert des nations. S'il y a un parti qui peut se plaindre de ces élections, c'est bien mon parti. La plupart des diplomates m'avaient demandé de ne pas accepter la CENI parce qu'elle était contre moi, mais j'ai pensé, d'abord la CENI, c'était la co-gestion et que cela a été accepté de façon consensuelle. Malheureusement après la prise du pouvoir par l'armée, le Président de la CENI s'est précipité au Camp pour faire modifier par ordonnance parce que c'était la co-gestion, CENI et administration du territoire qui avaient été acceptées par l'ensemble, à l'époque, il y avait la majorité et l'opposition.
Lorsqu'au niveau des Forces vives, on a remis en cause la CENI, et qu'on ait demandé l'audit, c'est moi qui suis intervenu pour dire non. Pour quoi? Parce qu'il y a 100 partis. Si on n'avait renié la CENI qui m'était défavorable, on allait perdre beaucoup de temps pour mettre une autre CENI en place. Voilà pourquoi ce jour-là, publiquement j'ai demandé qu'on laisse continuer la CENI. Je pense que l'ensemble des Forces vives qui sont là peuvent témoigner, c'était au Palais du peuple. Et j'ai dénoncé plusieurs fois le comportement de la CENI.
Tout le monde en Guinée sait à qu’elle parti politique appartient le Président de la CENI. Nous avons constaté beaucoup de choses, d'abord le recensement, ensuite les bureaux de vote. La CENI a envoyé une mission en Haute Guinée et de façon consensuelle, ils ont décidé d'augmenter de 132 le nombre de bureaux de vote. Les 132 urnes ont été embarquées dans le camion la nuit pour partir. Le camion n'est pas parti. Au bout de deux jours, le Président de la CENI a fait débarquer le camion. Le Premier ministre m'a appelé, ce n'est pas moi qui l'ai appelé hein, pour me dire qu'ils vont mettre de l'ordre. Ça n'a jamais été fait ! Les bureaux de vote se trouvaient à plus de 20, 30 km en Haute Guinée. Mais comme je savais ce qui se passait, j'ai pris la précaution d'acheter du carburant et de louer des camions, sinon il n'y aurait pas eu 20% du taux de participation. Il suffit seulement de regarder.
Si vous prenez par exemple les cartes d'électeur et les récépissés, sur les 400.000 qui n'avaient pas reçu les cartes d'électeur concernent la Haute Guinée et la Forêt. Tout le monde connait la force du RPG en Guinée, mais j'ai estimé que nous avons besoin de paix. Je vous ferez remarquer que lorsque le Président Dadis a voulu faire les audits, c'est moi qui me suis levé devant le groupe international de contact pour dire que je ne souhaite pas qu'on élimine un candidat. Il n'a qu'à laisser tout le monde aller aux élections et le peuple juger. Parce qu'éliminer un candidat ça peut nous amener à la guerre civile comme en Côte d'Ivoire. Avant la publication des résultats, lorsque j'ai parlé au Palais, j'ai montré qu'effectivement la CENI a tout fait pour saboter les élections. Malgré les fraudes massives que j'ai dénoncées, j'ai appelé les militants au calme. Parce que je suis convaincu que nous allons, avant d'aller au deuxième tour, redresser les erreurs qui ont empêché l'expression correcte des citoyens. C'est pourquoi nous sommes calmes.
Nous avons surtout félicité la population, le Général Sékouba Konaté surtout, parce que peu de gens au monde croyaient que la Guinée allait tenir des élections le 27 juin. Et j'ai dit que le changement en Guinée commence par ça. Il faut qu'aujourd'hui qu'on respecte la Guinée, que l'on sache que quand la Guinée dit quelque chose, elle le fera. Aujourd'hui la Guinée a montré que quand elle décide quelque chose elle le fait, ça c'est le premier pas du changement. Le deuxième, le peuple a voté massivement. Le taux de participation en général, même s'il a été faible en Haute Guinée et en Forêt, elle est largement au dessus des taux qu'on connait en Afrique.
On nous a dit qu'il y aura beaucoup de troubles après les élections, il n'y en a pas eu après la proclamation. Je crois quand même, même si nous n'avons pas été à la hauteur du vote de 1958, mais les craintes que la Communauté internationale et les Guinéens avaient, ne sont pas avérées. Donc on peut dire quand même que le peuple de Guinée a montré l'exemple non seulement par le taux de participation, l'esprit civique, mais aussi par le calme avec lequel il a accueilli les résultats.
Je pense donc nous devons faire confiance au peuple de Guinée. Bien sûr il y a des problèmes mais pensons que la Cour Suprême dira le droit. En général, c'est souvent ceux qui font le plus de fraudes qui crient le plus à la fraude. Mais ce n'est pas important. Je vous garantie seulement que nous ne permettrons pas que ce pays plonge de nouveau. Nous nous connaissons entre nous en Guinée.
Nous savons où les fraudes les plus importantes ont eu lieu, mais évidemment quand on a fait croire au monde qu'on est le plus fort et que la réalité montre ce qu'on est, il faut bien qu'on trouve des explications. Mais la réalité du terrain en politique, vous le connaissez mieux que moi, ce n'est pas le tapage ou le bruit sur les chaînes internationales. Malheureusement cette réalité fait que les gens n'acceptent pas, mais je pense que ce n'est pas important. Je vous assure que dans aucun cas les militants du RPG ne se battent.
Pendant toute la campagne, pas un seul œuf n'a été cassé par un militant du RPG. Il n'y a eu aucun endroit où on peut dire qu'il y a eu des troubles et que le RPG est mêlé. Pourtant on a dit que nous sommes extrémistes, nous sommes ceci, cela. Mais voilà la réalité. Donc pour ma part et la plupart des patriotes, je garantie que nous allons faire en sorte que la Guinée redevienne, peut-être pas comme en 1958, mais qu'on revienne dans le concert des nations et que la Guinée y prenne sa part. Je voulais vous remercier particulièrement pour les efforts que vous faites comme les autres amis de la Guinée, pour que la Guinée ait rapidement l'annulation de sa dette, mais qu'elle soit assistée pour que nous puissions résoudre ses problèmes. Ce qui est important aujourd'hui, ce n'est pas la classe politique, mais c'est comment faire en sorte que le peuple de Guinée puisse bénéficier des richesses que Dieu nous a données. Comment faire en sorte que les enfants puissent aller à l'école, que les femmes ne meurent plus à l'accouchement, que nous ayons l'eau et l'électricité.
Je crois que votre initiative est la très bienvenue, on n'attendra pas moins de vous, parce que vous êtes un patriote. J'espère que ces petits dérapages ne vont pas vous décourager, que vous allez continuer à renforcer le collège des amis de la Guinée afin que, rapidement, notre pays ait l'assistance qu'il faut pour résoudre les immenses problèmes que nous connaissons. Nous ne pouvons finir sans féliciter le Général Sékouba Konaté parce qu'enfin de partie, il est l'un des principaux acteurs qui a fait qu'on dit aujourd'hui, la Guinée peut bientôt rejoindre le concert des nations.
J'espère d'ici quelques temps, vous reviendrez pour féliciter le peuple de Guinée et peut-être même la classe politique. Merci!" – AfricaLog