Un adolescent, qui aurait commis plus d'une centaine de cambriolages sans violence aux Etats-Unis et au Canada, a été arrêté dimanche aux Bahamas. L'audace avec laquelle il a semé la police - il a volé cinq avions- l'a transformé en star.
Après deux ans de cavale, celui que l'on présentait comme le Robin des Bois moderne des Etats-Unis est désormais sous les verrous, Colton Harris-Moore, 19 ans, qui aurait commis depuis 2008 plus d'une centaine de cambriolages dans huit Etats américains et en Colombie britannique (Canada), a été arrêté dimanche aux Bahamas. L'adolescent a été interpellé à l'issue d'une course poursuite en bateau. Pour le stopper, les forces de l'ordre de l'archipel, à l'est de la Floride, ont tiré dans le moteur de l'embarcation volée. Bien qu'équipé d'un pistolet, l'adolescent n'aurait pas opposé de résistance, jetant son arme à l'eau. Surnommé le «bandit aux pieds nus» parce qu'il abandonna ses chaussures pour échapper à la police lors d'une traque en forêt, il est apparu, conformément à sa réputation, sans souliers au moment de son arrestation.
C'est sa renommée qui a perdu l'adolescent d'1m95. De nombreux témoins l'ont reconnu dans les rues de l'île d'Eleuthera et ont signalé sa présence aux autorités des Bahamas. Très mauvais voleur il laisse de nombreuses traces de ses passages sur les lieux de ses vols -, le «bandit aux pieds nus» a mené une cavale flamboyante, qui a fait de lui une célébrité. Sur Internet, une page Facebook à sa gloire réunit plus de 74.000 fans et la 20th Century Fox préparerait un film à son sujet. Colton Harris-Moore ne recule devant aucune audace. Il sème la police à bord de voitures, de bateaux et… d'avions volés. Le jeune homme, qui a dérobé cinq monomoteurs et parcouru avec 2575 kilomètres, n'a pourtant jamais suivi des cours de pilotage. Il a tout appris en jouant à des jeux vidéos de simulation de vol et en lisant des manuels. Signe de cet amateurisme, il écrase ses Cessnas à l'atterrissage. Ce qui a été le cas la semaine dernière quand il a rallié les 1600 kilomètres qui séparent l'Indiana des Bahamas.
Il laisse derrière lui sa photo
Le fugitif, pour qui on avait promis 10.000 dollars de récompense, est tout aussi à l'aise sur terre. Colton Harris-Moore sait camper dans la forêt pendant plusieurs semaines. Il survit en volant dans des maisons de l'argent et de la nourriture. A l'aide de cartes de crédit dérobées, il a commandé sur le web un répulsif anti-ours et des jumelles à vision nocturne. L'adolescent n'hésite pas non plus à mettre en scène sa légende. Quitte à jouer avec le feu. Il abandonne sur les lieux de ses forfaits des appareils photos contenant des clichés de sa personne. Il laisse une donation de 100 dollars pour une clinique vétérinaire de Seattle. Farceur, on le soupçonne d'avoir dessiné dans une épicerie cambriolée le contour de ses pieds à la craie.
Colton Harris-Moore devrait d'abord être jugé aux Bahamas où il est suspecté d'une dizaine de cambriolages avant qu'une procédure d'extradition vers les Etats-Unis ne soit entamée. Mais l'avocat engagé par la mère du jeune homme veut qu'un unique procès ait lieu à Seattle, région de naissance de Colton Harris-Moore. Il estime que son client pourrait hériter d'une peine de quatre ans prison. Voire douze en raison de sa notoriété. La défense du «bandit aux pieds nus» ne manquera pas de mettre en avant l'enfance chaotique du voleur. Elevé dans une caravane, Colton Harris-Moore est attaqué à trois ans par son père qui essaie de l'étrangler. A huit ans, il dérobe un vélo et pénètre illégalement dans des résidences secondaires. A 12 ans, il écope de sa première condamnation pour vol. Un an plus tard, il en compte trois de plus. En 2007, il est condamné à quatre ans de prison. Placé rapidement dans un centre de réhabilitation, il s'en échappe en 2008.
Sa mère, qui ne l'a pas vu depuis cette date, s'est dite soulagée : «il est sain et sauf et personne n'a été blessé». En revanche, les fans de Colton Harris-Moore ont laissé éclater leur déception sur le web, postant des messages de soutien, lançant des donations ou encore faisant la promotion de t-shirts appelant à la libération de leur héros. – Le Figaro