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La sorcellerie fait un retour en force

Aug 07, 2010

Le phénomène des enfants sorciers gagne du terrain en Afrique, selon Jeremy Hopkins, représentant adjoint de l'UNICEF en République centrafricaine. Face à la pauvreté et à la stigmatisation liée au sida, les accusations de sorcellerie se répandent et font des victimes parmi les jeunes garçons albinos, orphelins ou handicapés.

«Malheureusement, la situation risque de se détériorer avant de s'améliorer», constate Jeremy Hopkins. Au printemps dernier, l'UNICEF a publié un rapport alarmant sur les enfants sorciers et les racines profondes de ces accusations dans certaines sociétés d'Afrique subsaharienne.

Pauvreté extrême, réactions à la mondialisation et à l'urbanisation, échec des services sociaux sont autant de facteurs qui ont favorisé le retour en force de la sorcellerie. «C'est une stratégie de survie qui, au final, fait un mal indicible aux enfants et à la société elle-même», croit Jeremy Hopkins.

Dans son rapport intitulé Les enfants accusés de sorcellerie, l'UNICEF revient sur des soupçons qui ne touchent plus seulement les adultes, mais les jeunes enfants. Une fois accusés de sorcellerie, ils sont abandonnés par leur famille et condamnés à la vie de la rue.

«C'est le reflet de l'affaiblissement des structures familiales qui, traditionnellement, fournissent l'environnement protecteur auquel chaque enfant a droit», dit Jeremy Hopkins. Dans des sociétés où le sida est tabou, la mort «inexpliquée» des parents laisse les enfants dans une grande vulnérabilité, notamment face aux accusations de sorcellerie, poursuit M. Hopkins.

Économie occulte

L'UNICEF s'inquiète surtout du sort des enfants albinos, à qui sont prêtés des pouvoirs de prospérité en Tanzanie, au Burundi ou encore au Kenya. Leur peau, leurs cheveux ou encore certains de leurs organes sont très prisés pour fabriquer des porte-bonheur, amulettes ou potions, dit le document.
L'apparition d'une «économie occulte» autour du corps des enfants albinos est en lien avec les aspirations matérialistes d'une partie de la population. «La sorcellerie est plus puissante que jamais. Si, dans le passé, les gens voulaient de petites choses, aujourd'hui ils veulent le téléphone portable, la télé, la voiture, la grande maison... Les gens deviennent de plus en plus jaloux», note un étudiant, cité dans le rapport.

Depuis sa parution, le rapport de l'UNICEF a reçu beaucoup d'attention. «C'est vraiment quelque chose de grave et d'important, et cela nous rappelle qu'il faut mettre l'accent sur le droit des enfants», affirme Will Postma, directeur des programmes de l'ONG canadienne Save The Children.

Plus que les croyances, certaines lois devraient aussi être revues, estime Jeremy Hopkins. En République centrafricaine, 90% des cas portés à l'attention des tribunaux en milieu rural mettent en cause la sorcellerie, rappelle-t-il. «Il faut vraiment promouvoir le dialogue en Afrique pour pouvoir briser le silence», dit-il. – La Presse
 

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