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De Gaulle et la bombe de Brazzaville

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  • user warning: Table './africalo_afrilive/cache_filter' is marked as crashed and should be repaired query: UPDATE cache_filter SET data = '<p>Dans L\'Express du 28 ao&ucirc;t 1958, le journaliste Claude Krief dressait ainsi le bilan du voyage du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle, alors pr&eacute;sident du Conseil de la IVe R&eacute;publique, en Afrique noire. Un voyage au terme duquel les Africains &eacute;taient libres de leur destin.</p>\n<p>Tananarive, Brazzaville, Abidjan, Conakry, Dakar, chaque &eacute;tape du p&eacute;riple africain du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle a &eacute;t&eacute; le th&eacute;&acirc;tre d\'un grand spectacle. Tananarive avait donn&eacute; le ton. Dans la nuit tombante, le cort&egrave;ge pr&eacute;sidentiel gagna la capitale au milieu des feux de Bengale, des p&eacute;tards, des torches tournoyantes. Dans chaque village un orchestre improvis&eacute; accroupi sous un arc de triomphe jouait une version exotique et tr&egrave;s personnelle de La Marseillaise, au milieu de foules compactes qui voulaient voir de plus pr&egrave;s, toucher le repr&eacute;sentant de la France. Et devant le palais du Gouvernement o&ugrave; il devait passer la nuit, la ville tout enti&egrave;re hurla &quot;De Gaulle au balcon&quot; jusqu\'&agrave; ce qu\'il paraisse... </p>\n<p>Les journalistes de la presse mondiale, impressionn&eacute;s par le spectacle, c&acirc;blaient d&eacute;j&agrave; dans toutes les parties du monde: &quot;Accueil d&eacute;lirant&quot;. Le lendemain, puis les jours qui suivirent, les superlatifs trop t&ocirc;t employ&eacute;s allaient cruellement leur manquer. Tananarive, par contraste, parut &quot;r&eacute;serv&eacute;e&quot; aupr&egrave;s de Brazzaville. Et la capitale de l\'AE F [Afrique-&eacute;quatoriale fran&ccedil;aise] sembla &quot;froide&quot; apr&egrave;s Abidjan, capitale de la C&ocirc;te-d\'Ivoire et fief de M. Houphou&euml;t-Boigny. La fra&icirc;cheur de l\'accueil r&eacute;serv&eacute; au pr&eacute;sident du Conseil &agrave; Conakry et, surtout, &agrave; Dakar, ne put faire oublier ces heures d\'enthousiasme. <br />\nBrazzaville s\'&eacute;tait vraiment d&eacute;cha&icirc;n&eacute;e. La voiture pr&eacute;sidentielle, au pas, dut fendre une mer humaine au milieu des tam-tams, des cris, des applaudissements. Motocyclistes noirs, officiels galonn&eacute;s, dignitaires africains, porteurs de banderoles &eacute;taient inextricablement m&ecirc;l&eacute;s tandis que le pr&eacute;sident du Conseil, ayant abandonn&eacute; sa voiture, s\'effor&ccedil;ait de gagner la tribune tricolore o&ugrave; l\'abb&eacute; Fulbert Youlou, le pittoresque maire de la ville, lui remit une gigantesque clef de fer forg&eacute;e. </p>\n<p>Mais tout fut oubli&eacute; &agrave; Abidjan. L\'avion avait &agrave; peine atterri que la foule cernait sa passerelle. A grand-peine trois fillettes, blanche, noire et m&eacute;tisse, purent parvenir jusqu\'au g&eacute;n&eacute;ral: elles &eacute;taient charg&eacute;es d\'une gerbe drap&eacute;e de tricolore. </p>\n<p>Et tr&egrave;s vite, sit&ocirc;t achev&eacute;e La Marseillaise, tous les barrages furent rompus, le service d\'ordre impuissant. C\'&eacute;tait &agrave; la fois le 14 Juillet parisien et le carnaval de Rio, teint&eacute;s par la passion africaine. Sous leurs parasols les rois et les princes de toutes les tribus de C&ocirc;te-d\'Ivoire, entour&eacute;s de leurs guerriers, participaient &agrave; la liesse. Des danseurs en pagne de raphia, des femmes aux seins peints en tricolore, des enfants, des orchestres! Sur des kilom&egrave;tres la foule court, suit le g&eacute;n&eacute;ral tandis que M. Houphou&euml;t-Boigny en personne tente de le prot&eacute;ger d\'une intense bousculade. Les ovations se succ&egrave;dent... les klaxons hurlent... les sifflets des agents retentissent en vain... les orchestres rivalisent dans l\'aigu...! &quot;Nous n\'avons jamais vu &ccedil;a&quot;, devait dire M. Houphou&euml;t-Boigny. </p>\n<p>Et le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle d&eacute;clarait d&eacute;j&agrave; &agrave; Tananarive: &quot;S\'il suffisait de sentiments pour produire de grandes choses, nous r&eacute;ussirions ensemble une oeuvre magnifique...&quot; </p>\n<p>C\'&eacute;tait reconna&icirc;tre que les &quot;passions&quot; des masses ne r&eacute;glaient pas tout. Aussi les conversations, les discussions, les &eacute;changes de vues se sont multipli&eacute;s pendant tout le voyage entre le pr&eacute;sident du Conseil et les hommes politiques qui ont pris en charge depuis la loi-cadre les destin&eacute;es des territoires d\'outre-mer. </p>\n<p><strong>La proposition de d&eacute;part</strong></p>\n<p>En face des projets constitutionnels, il y avait les &quot;oui-oui&quot;, les &quot;oui-mais&quot;, les &quot;oui-si&quot;, les &quot;non-car...&quot;, et, chacun faisant &eacute;voluer l\'autre, il en r&eacute;sulte aujourd\'hui une impressionnante &eacute;volution des intentions du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle. </p>\n<p>Pour le pr&eacute;sident du Conseil, bien avant son d&eacute;part de Paris, les donn&eacute;es du probl&egrave;me africain semblaient claires: il fallait renforcer les dispositions d\'autonomie interne qu\'octroyait aux territoires noirs la loi-cadre de M. Gaston Defferre, mais marquer les limites rigides d\'un cadre institutionnel d&eacute;finitif. Tr&egrave;s f&acirc;cheusement impressionn&eacute; par les motions du congr&egrave;s du Parti du rassemblement africain (PRA) de Cotonou qui r&eacute;clamait &quot;l\'ind&eacute;pendance imm&eacute;diate&quot;, le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle s\'en &eacute;tait tenu &agrave; cette position stricte, d&eacute;but ao&ucirc;t, en d&eacute;clarant devant le Comit&eacute; constitutionnel consultatif: &quot;Il y a les mots, et puis il y a la situation o&ugrave; nous sommes. Les territoires d\'outre-mer ne sont pas des Etats. Il est donc n&eacute;cessaire de faire une f&eacute;d&eacute;ration. On pourra m&ecirc;me l\'appeler conf&eacute;d&eacute;ration en raison des accords particuliers qui pourront &ecirc;tre pass&eacute;s pour tenir compte de la situation particuli&egrave;re de certains territoires, Madagascar par exemple. F&eacute;d&eacute;ration, conf&eacute;d&eacute;ration, ce sont des mots. Je dis, moi, f&eacute;d&eacute;ration et nous nous en tenons l&agrave;.&quot; </p>\n<p>Le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle ajoutait, refusant de reconna&icirc;tre l\'ind&eacute;pendance: &quot;Si les Africains le veulent, ce sera la s&eacute;cession...&quot; La position &eacute;tait nette, tranch&eacute;e. Et l\'on put m&ecirc;me, dans les milieux africains, parler de &quot;chantage aux cr&eacute;dits&quot;. </p>\n<p>Les leaders africains parlaient eux aussi de &quot;R&eacute;publique f&eacute;d&eacute;rale&quot;, ils refusaient avec &eacute;clat la &quot;s&eacute;cession&quot;. Mais les m&ecirc;mes mots recouvraient des r&eacute;alit&eacute;s diff&eacute;rentes. Le d&eacute;saccord &eacute;tait profond. M. Senghor, par exemple, en fit &eacute;tat publiquement, tout comme M. Sekou qui d&eacute;clarait &agrave; Conakry: &quot;La d&eacute;colonisation int&eacute;grale, l\'accession des TOM &agrave; l\'&eacute;galit&eacute; politique avec leur ancienne m&eacute;tropole seront le fondement de leur adh&eacute;sion enthousiaste &agrave; une association avec la R&eacute;publique fran&ccedil;aise. La f&eacute;d&eacute;ration France-TOM sera donc une communaut&eacute; intercontinentale et multinationale de peuples libres et solidaires, malgr&eacute; les diff&eacute;rences de couleurs, de races, de religions...&quot; </p>\n<p><strong>L\'&eacute;volution</strong></p>\n<p>Transiger sur ces revendications, c\'&eacute;tait pour les hommes politiques d\'Afrique noire risquer de &quot;conna&icirc;tre le sort du Glaoui et de Bao Dai&quot;, comme le d&eacute;clarait il y a plusieurs mois &agrave; Paris M. Apithy, leader du Dahomey. Les syndicats, du reste, adoptaient une attitude analogue. Toujours d&eacute;but ao&ucirc;t, l\'Union g&eacute;n&eacute;rale des travailleurs de l\'Afrique noire (UGTAN) publiait une motion o&ugrave;, &quot;rejetant cat&eacute;goriquement toute construction inspir&eacute;e de la vieille politique d\'assimilation et d\'int&eacute;gration, le comit&eacute; directeur exige que soient reconnues sans r&eacute;serve les aspirations des peuples d\'Afrique noire &agrave; une existence nationale ind&eacute;pendante&quot;. </p>\n<p>Le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle offrait, en revanche, aux territoires, la possibilit&eacute; de devenir des d&eacute;partements (assimil&eacute;s ou int&eacute;gr&eacute;s), mais &quot;bouchait&quot; toute &eacute;volution vers un statut d\'Etat, au moment m&ecirc;me o&ugrave; les leaders noirs - et la plupart du temps pour se prot&eacute;ger des surench&egrave;res fascinantes de l\'&quot;ind&eacute;pendance&quot; - entendaient qu\'&agrave; termes les ouvertures de la Constitution leur garantissent l\'accession &agrave; la pleine souverainet&eacute;. </p>\n<p>C\'est ce qu\'expliqu&egrave;rent au comit&eacute; constitutionnel MM. Senghor, leader du PRA, Lisette, pr&eacute;sident du Tchad, et Tsiranana, pr&eacute;sident du Madagascar. Et le comit&eacute; remania sensiblement les textes qui lui &eacute;taient soumis, pr&eacute;f&eacute;rant au terme de &quot;f&eacute;d&eacute;ration&quot; celui de &quot;conf&eacute;d&eacute;ration&quot; qui, on le sait, peut int&eacute;resser des Etats souverains ou susceptibles de le devenir. Apr&egrave;s de longues conversations, le pr&eacute;sident du Conseil fran&ccedil;ais retint finalement le terme de &quot;Communaut&eacute;&quot;, rendu c&eacute;l&egrave;bre par le RDA (Rassemblement d&eacute;mocratique africain): un pas tr&egrave;s important &eacute;tait franchi vers l\'assouplissement des formules &agrave; l\'&eacute;tude. </p>\n<p>Rien ne permettait pourtant de pr&eacute;voir la &quot;bombe&quot; de Brazzaville. Certes il y avait eu, vendredi dernier, le discours de Tananarive o&ugrave; le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle avait d&eacute;clar&eacute; : &quot;Chaque territoire ayant pleine et enti&egrave;re disposition pourra choisir &agrave; l\'int&eacute;rieur de lui-m&ecirc;me de devenir une R&eacute;publique f&eacute;d&eacute;rale ou un Etat.&quot; <br />\nMais il &eacute;tait encore difficile de tirer une conclusion g&eacute;n&eacute;rale de ces propos: chacun savait que Madagascar devait b&eacute;n&eacute;ficier d\'un statut privil&eacute;gi&eacute;. Le pr&eacute;sident du Conseil en avait assur&eacute; M. Tsiranana au cours d\'un entretien priv&eacute;, &agrave; Paris, au d&eacute;but du mois. Et d&eacute;j&agrave; plusieurs parlementaires africains avaient eu l\'impression que la France faisait, de cette fa&ccedil;on, la &quot;part du feu&quot;. </p>\n<p><strong>Les &eacute;quivoques sont lev&eacute;es</strong></p>\n<p>Le discours de Brazzaville devait balayer toute &eacute;quivoque. Dans ce haut lieu de la France libre, &agrave; l\'endroit m&ecirc;me o&ugrave; se r&eacute;unissait il y a quatorze ans la fameuse conf&eacute;rence qui pour la premi&egrave;re fois ouvrait la voie &agrave; l\'&eacute;mancipation des colonies fran&ccedil;aises, le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle parlait enfin ouvertement, solennellement et &agrave; plusieurs reprises de l\'ind&eacute;pendance: &quot;On dit: &quot;Nous avons droit &agrave; l\'ind&eacute;pendance.&quot; Mais certainement oui. D\'ailleurs l\'ind&eacute;pendance, quiconque la voudra pourra la prendre aussit&ocirc;t. La m&eacute;tropole ne s\'y opposera pas...&quot; </p>\n<p>&quot;Il est n&eacute;cessaire que s\'&eacute;tablissent de grands ensembles, &eacute;conomiques, politiques, culturels et au besoin de grands ensembles de d&eacute;fense.&quot; Mais au sein de cette communaut&eacute; chaque territoire aura l\'enti&egrave;re responsabilit&eacute; de ses affaires int&eacute;rieures: &quot;Chacun aura le gouvernement libre et entier de lui-m&ecirc;me.&quot; </p>\n<p>Et l\'on chargera les institutions f&eacute;d&eacute;rales du domaine commun: en particulier la d&eacute;fense, la monnaie, la diplomatie. Mais la communaut&eacute; ne sera pas une prison: si un territoire lors du r&eacute;f&eacute;rendum r&eacute;pond &quot;non&quot;, &quot;cela signifiera qu\'il ne veut pas faire partie de la communaut&eacute; propos&eacute;e... la m&eacute;tropole en tirera la cons&eacute;quence&quot;. </p>\n<p>Si, &quot;&agrave; l\'int&eacute;rieur de la communaut&eacute;, quelque territoire, au fur et &agrave; mesure des jours, se sent, au bout d\'un certain temps que je ne pr&eacute;cise pas, en mesure d\'exercer toutes les charges, tous les devoirs de l\'ind&eacute;pendance, eh bien! il lui appartiendra d\'en d&eacute;cider par son Assembl&eacute;e &eacute;lue...&quot;. </p>\n<p>Autrement dit, le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle offre non seulement &agrave; l\'Afrique noire une &eacute;ventuelle ind&eacute;pendance imm&eacute;diate, mais de surcro&icirc;t, pour l\'avenir, il laisse aux peuples de la communaut&eacute; la possibilit&eacute; de choisir, &agrave; leur heure, l\'ind&eacute;pendance. Ces dispositions, d\'une importance capitale, r&egrave;glent pratiquement le probl&egrave;me africain. </p>\n<p>C\'est la conclusion qu\'en tirait M. Gabriel d\'Arboussier: &quot;Apr&egrave;s un tel discours, il n\'y a plus de probl&egrave;me. Les grands d&eacute;bats franco-africains ont trouv&eacute; leur solution. Il ne reste plus que des probl&egrave;mes interafricains&quot;, et le vice-pr&eacute;sident du Grand Conseil d\'AOF [Afrique occidentale fran&ccedil;aise] ajoutait: &quot;Les droits et les responsabilit&eacute;s des peuples d\'Afrique se trouvent ainsi nettement d&eacute;termin&eacute;s. Il ne peut &ecirc;tre question ni de chantage ni de pression: c\'est librement qu\'ils auront &agrave; d&eacute;terminer leur option.&quot; <br />\n&quot;Nous avons choisi&quot;</p>\n<p>Le discours de Brazzaville semble donc lever toute &eacute;quivoque dans la mesure, toutefois, o&ugrave; les textes constitutionnels refl&eacute;teront fid&egrave;lement les propos du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle. La version d&eacute;finitive n\'en sera &eacute;tablie qu\'au retour &agrave; Paris du g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle. Ce sera &agrave; ce moment que les grands partis africains, le RDA et le PRA, prendront une position officielle. </p>\n<p>Mais, de toute fa&ccedil;on, le choix est entre les mains des Africains. M. Houphou&euml;t-Boigny s\'est d\'ores et d&eacute;j&agrave; prononc&eacute; : &quot;Nous avons choisi la communaut&eacute;&quot;, tandis qu\'&agrave; Conakry M. Sekou Tour&eacute;, pr&eacute;sident du Conseil de Guin&eacute;e, le plus r&eacute;ticent, d&eacute;clarait: &quot;Nous consentons &agrave; lier notre sort &agrave; celui de la France. Mais il faut qu\'il soit bien entendu que si nous acceptions de bon coeur certains abandons de souverainet&eacute; au profit d\'un ensemble plus vaste, nous ne renon&ccedil;ons pas, nous ne renoncerons jamais &agrave; notre droit &agrave; l\'ind&eacute;pendance.&quot; </p>\n<p>D\'accord, a r&eacute;pondu le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle, ce qui exclut toute surench&egrave;re. Les territoires, majeurs, devront d&eacute;battre entre eux des multiples probl&egrave;mes qui leur sont pos&eacute;s et que la France ne pouvait pas r&eacute;soudre: ex&eacute;cutifs, f&eacute;d&eacute;raux &agrave; Dakar ou Brazzaville, existence s&eacute;par&eacute;e de tel ou tel territoire (en particulier C&ocirc;te-d\'Ivoire et Mauritanie), remembrements en fonction des affinit&eacute;s &eacute;conomiques ou raciales, etc. Ils pourront faire face, en hommes libres, aux sir&egrave;nes de &quot;la&quot; Nigeria ou du Ghana (en particulier pour le Dahomey et le Niger), car il s\'agira d\'un choix volontaire pour la communaut&eacute; fran&ccedil;aise, un choix que pourra perp&eacute;tuellement r&eacute;viser la volont&eacute; populaire. </p>\n<p>Certes, au S&eacute;n&eacute;gal, derni&egrave;re &eacute;tape du p&eacute;riple africain, l\'accueil fut plus que r&eacute;serv&eacute;. Mais il semblait que les jeunes Africains qui scandaient le mot &quot;ind&eacute;pendance&quot; voulaient surtout entendre le g&eacute;n&eacute;ral de Gaulle confirmer devant eux son &eacute;volution. Ce qu\'il fit. Le pr&eacute;sident Houphou&euml;t-Boigny, dont c\'est le triomphe, a pu, ainsi renouveler son d&eacute;fi au pr&eacute;sident N\'Krumah: &quot;Je pr&eacute;f&egrave;re la coop&eacute;ration avec la France. Je tiens toujours le pari avec le Ghana. Dans dix ans nous confronterons les r&eacute;sultats...&quot; - l\'Express du 28 ao&ucirc;t 1958 <br />\n&nbsp;</p>\n', created = 1738727881, expire = 1738814281, headers = '', serialized = 0 WHERE cid = '2:3d3440579aa0eafcf480555e8c366a62' in /home/africalo/public_html/includes/cache.inc on line 109.
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Aug 08, 2010

Dans L'Express du 28 août 1958, le journaliste Claude Krief dressait ainsi le bilan du voyage du général de Gaulle, alors président du Conseil de la IVe République, en Afrique noire. Un voyage au terme duquel les Africains étaient libres de leur destin.

Tananarive, Brazzaville, Abidjan, Conakry, Dakar, chaque étape du périple africain du général de Gaulle a été le théâtre d'un grand spectacle. Tananarive avait donné le ton. Dans la nuit tombante, le cortège présidentiel gagna la capitale au milieu des feux de Bengale, des pétards, des torches tournoyantes. Dans chaque village un orchestre improvisé accroupi sous un arc de triomphe jouait une version exotique et très personnelle de La Marseillaise, au milieu de foules compactes qui voulaient voir de plus près, toucher le représentant de la France. Et devant le palais du Gouvernement où il devait passer la nuit, la ville tout entière hurla "De Gaulle au balcon" jusqu'à ce qu'il paraisse...

Les journalistes de la presse mondiale, impressionnés par le spectacle, câblaient déjà dans toutes les parties du monde: "Accueil délirant". Le lendemain, puis les jours qui suivirent, les superlatifs trop tôt employés allaient cruellement leur manquer. Tananarive, par contraste, parut "réservée" auprès de Brazzaville. Et la capitale de l'AE F [Afrique-équatoriale française] sembla "froide" après Abidjan, capitale de la Côte-d'Ivoire et fief de M. Houphouët-Boigny. La fraîcheur de l'accueil réservé au président du Conseil à Conakry et, surtout, à Dakar, ne put faire oublier ces heures d'enthousiasme.
Brazzaville s'était vraiment déchaînée. La voiture présidentielle, au pas, dut fendre une mer humaine au milieu des tam-tams, des cris, des applaudissements. Motocyclistes noirs, officiels galonnés, dignitaires africains, porteurs de banderoles étaient inextricablement mêlés tandis que le président du Conseil, ayant abandonné sa voiture, s'efforçait de gagner la tribune tricolore où l'abbé Fulbert Youlou, le pittoresque maire de la ville, lui remit une gigantesque clef de fer forgée.

Mais tout fut oublié à Abidjan. L'avion avait à peine atterri que la foule cernait sa passerelle. A grand-peine trois fillettes, blanche, noire et métisse, purent parvenir jusqu'au général: elles étaient chargées d'une gerbe drapée de tricolore.

Et très vite, sitôt achevée La Marseillaise, tous les barrages furent rompus, le service d'ordre impuissant. C'était à la fois le 14 Juillet parisien et le carnaval de Rio, teintés par la passion africaine. Sous leurs parasols les rois et les princes de toutes les tribus de Côte-d'Ivoire, entourés de leurs guerriers, participaient à la liesse. Des danseurs en pagne de raphia, des femmes aux seins peints en tricolore, des enfants, des orchestres! Sur des kilomètres la foule court, suit le général tandis que M. Houphouët-Boigny en personne tente de le protéger d'une intense bousculade. Les ovations se succèdent... les klaxons hurlent... les sifflets des agents retentissent en vain... les orchestres rivalisent dans l'aigu...! "Nous n'avons jamais vu ça", devait dire M. Houphouët-Boigny.

Et le général de Gaulle déclarait déjà à Tananarive: "S'il suffisait de sentiments pour produire de grandes choses, nous réussirions ensemble une oeuvre magnifique..."

C'était reconnaître que les "passions" des masses ne réglaient pas tout. Aussi les conversations, les discussions, les échanges de vues se sont multipliés pendant tout le voyage entre le président du Conseil et les hommes politiques qui ont pris en charge depuis la loi-cadre les destinées des territoires d'outre-mer.

La proposition de départ

En face des projets constitutionnels, il y avait les "oui-oui", les "oui-mais", les "oui-si", les "non-car...", et, chacun faisant évoluer l'autre, il en résulte aujourd'hui une impressionnante évolution des intentions du général de Gaulle.

Pour le président du Conseil, bien avant son départ de Paris, les données du problème africain semblaient claires: il fallait renforcer les dispositions d'autonomie interne qu'octroyait aux territoires noirs la loi-cadre de M. Gaston Defferre, mais marquer les limites rigides d'un cadre institutionnel définitif. Très fâcheusement impressionné par les motions du congrès du Parti du rassemblement africain (PRA) de Cotonou qui réclamait "l'indépendance immédiate", le général de Gaulle s'en était tenu à cette position stricte, début août, en déclarant devant le Comité constitutionnel consultatif: "Il y a les mots, et puis il y a la situation où nous sommes. Les territoires d'outre-mer ne sont pas des Etats. Il est donc nécessaire de faire une fédération. On pourra même l'appeler confédération en raison des accords particuliers qui pourront être passés pour tenir compte de la situation particulière de certains territoires, Madagascar par exemple. Fédération, confédération, ce sont des mots. Je dis, moi, fédération et nous nous en tenons là."

Le général de Gaulle ajoutait, refusant de reconnaître l'indépendance: "Si les Africains le veulent, ce sera la sécession..." La position était nette, tranchée. Et l'on put même, dans les milieux africains, parler de "chantage aux crédits".

Les leaders africains parlaient eux aussi de "République fédérale", ils refusaient avec éclat la "sécession". Mais les mêmes mots recouvraient des réalités différentes. Le désaccord était profond. M. Senghor, par exemple, en fit état publiquement, tout comme M. Sekou qui déclarait à Conakry: "La décolonisation intégrale, l'accession des TOM à l'égalité politique avec leur ancienne métropole seront le fondement de leur adhésion enthousiaste à une association avec la République française. La fédération France-TOM sera donc une communauté intercontinentale et multinationale de peuples libres et solidaires, malgré les différences de couleurs, de races, de religions..."

L'évolution

Transiger sur ces revendications, c'était pour les hommes politiques d'Afrique noire risquer de "connaître le sort du Glaoui et de Bao Dai", comme le déclarait il y a plusieurs mois à Paris M. Apithy, leader du Dahomey. Les syndicats, du reste, adoptaient une attitude analogue. Toujours début août, l'Union générale des travailleurs de l'Afrique noire (UGTAN) publiait une motion où, "rejetant catégoriquement toute construction inspirée de la vieille politique d'assimilation et d'intégration, le comité directeur exige que soient reconnues sans réserve les aspirations des peuples d'Afrique noire à une existence nationale indépendante".

Le général de Gaulle offrait, en revanche, aux territoires, la possibilité de devenir des départements (assimilés ou intégrés), mais "bouchait" toute évolution vers un statut d'Etat, au moment même où les leaders noirs - et la plupart du temps pour se protéger des surenchères fascinantes de l'"indépendance" - entendaient qu'à termes les ouvertures de la Constitution leur garantissent l'accession à la pleine souveraineté.

C'est ce qu'expliquèrent au comité constitutionnel MM. Senghor, leader du PRA, Lisette, président du Tchad, et Tsiranana, président du Madagascar. Et le comité remania sensiblement les textes qui lui étaient soumis, préférant au terme de "fédération" celui de "confédération" qui, on le sait, peut intéresser des Etats souverains ou susceptibles de le devenir. Après de longues conversations, le président du Conseil français retint finalement le terme de "Communauté", rendu célèbre par le RDA (Rassemblement démocratique africain): un pas très important était franchi vers l'assouplissement des formules à l'étude.

Rien ne permettait pourtant de prévoir la "bombe" de Brazzaville. Certes il y avait eu, vendredi dernier, le discours de Tananarive où le général de Gaulle avait déclaré : "Chaque territoire ayant pleine et entière disposition pourra choisir à l'intérieur de lui-même de devenir une République fédérale ou un Etat."
Mais il était encore difficile de tirer une conclusion générale de ces propos: chacun savait que Madagascar devait bénéficier d'un statut privilégié. Le président du Conseil en avait assuré M. Tsiranana au cours d'un entretien privé, à Paris, au début du mois. Et déjà plusieurs parlementaires africains avaient eu l'impression que la France faisait, de cette façon, la "part du feu".

Les équivoques sont levées

Le discours de Brazzaville devait balayer toute équivoque. Dans ce haut lieu de la France libre, à l'endroit même où se réunissait il y a quatorze ans la fameuse conférence qui pour la première fois ouvrait la voie à l'émancipation des colonies françaises, le général de Gaulle parlait enfin ouvertement, solennellement et à plusieurs reprises de l'indépendance: "On dit: "Nous avons droit à l'indépendance." Mais certainement oui. D'ailleurs l'indépendance, quiconque la voudra pourra la prendre aussitôt. La métropole ne s'y opposera pas..."

"Il est nécessaire que s'établissent de grands ensembles, économiques, politiques, culturels et au besoin de grands ensembles de défense." Mais au sein de cette communauté chaque territoire aura l'entière responsabilité de ses affaires intérieures: "Chacun aura le gouvernement libre et entier de lui-même."

Et l'on chargera les institutions fédérales du domaine commun: en particulier la défense, la monnaie, la diplomatie. Mais la communauté ne sera pas une prison: si un territoire lors du référendum répond "non", "cela signifiera qu'il ne veut pas faire partie de la communauté proposée... la métropole en tirera la conséquence".

Si, "à l'intérieur de la communauté, quelque territoire, au fur et à mesure des jours, se sent, au bout d'un certain temps que je ne précise pas, en mesure d'exercer toutes les charges, tous les devoirs de l'indépendance, eh bien! il lui appartiendra d'en décider par son Assemblée élue...".

Autrement dit, le général de Gaulle offre non seulement à l'Afrique noire une éventuelle indépendance immédiate, mais de surcroît, pour l'avenir, il laisse aux peuples de la communauté la possibilité de choisir, à leur heure, l'indépendance. Ces dispositions, d'une importance capitale, règlent pratiquement le problème africain.

C'est la conclusion qu'en tirait M. Gabriel d'Arboussier: "Après un tel discours, il n'y a plus de problème. Les grands débats franco-africains ont trouvé leur solution. Il ne reste plus que des problèmes interafricains", et le vice-président du Grand Conseil d'AOF [Afrique occidentale française] ajoutait: "Les droits et les responsabilités des peuples d'Afrique se trouvent ainsi nettement déterminés. Il ne peut être question ni de chantage ni de pression: c'est librement qu'ils auront à déterminer leur option."
"Nous avons choisi"

Le discours de Brazzaville semble donc lever toute équivoque dans la mesure, toutefois, où les textes constitutionnels refléteront fidèlement les propos du général de Gaulle. La version définitive n'en sera établie qu'au retour à Paris du général de Gaulle. Ce sera à ce moment que les grands partis africains, le RDA et le PRA, prendront une position officielle.

Mais, de toute façon, le choix est entre les mains des Africains. M. Houphouët-Boigny s'est d'ores et déjà prononcé : "Nous avons choisi la communauté", tandis qu'à Conakry M. Sekou Touré, président du Conseil de Guinée, le plus réticent, déclarait: "Nous consentons à lier notre sort à celui de la France. Mais il faut qu'il soit bien entendu que si nous acceptions de bon coeur certains abandons de souveraineté au profit d'un ensemble plus vaste, nous ne renonçons pas, nous ne renoncerons jamais à notre droit à l'indépendance."

D'accord, a répondu le général de Gaulle, ce qui exclut toute surenchère. Les territoires, majeurs, devront débattre entre eux des multiples problèmes qui leur sont posés et que la France ne pouvait pas résoudre: exécutifs, fédéraux à Dakar ou Brazzaville, existence séparée de tel ou tel territoire (en particulier Côte-d'Ivoire et Mauritanie), remembrements en fonction des affinités économiques ou raciales, etc. Ils pourront faire face, en hommes libres, aux sirènes de "la" Nigeria ou du Ghana (en particulier pour le Dahomey et le Niger), car il s'agira d'un choix volontaire pour la communauté française, un choix que pourra perpétuellement réviser la volonté populaire.

Certes, au Sénégal, dernière étape du périple africain, l'accueil fut plus que réservé. Mais il semblait que les jeunes Africains qui scandaient le mot "indépendance" voulaient surtout entendre le général de Gaulle confirmer devant eux son évolution. Ce qu'il fit. Le président Houphouët-Boigny, dont c'est le triomphe, a pu, ainsi renouveler son défi au président N'Krumah: "Je préfère la coopération avec la France. Je tiens toujours le pari avec le Ghana. Dans dix ans nous confronterons les résultats..." - l'Express du 28 août 1958
 

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