Le président Barack Obama a appelé samedi les Américains à l'unité à l'occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Le contexte est cette année particulièrement tendu, après la polémique autour du projet de construction d'une mosquée non loin du Ground Zero, à New York, et les menaces d'un pasteur américain de brûler des exemplaires du Coran.
"S'il y a une leçon à tirer de cet anniversaire, c'est celle-ci: nous sommes une nation, un peuple, liés non seulement par le chagrin mais par une série d'objectifs communs", a rappelé le chef de la Maison Blanche samedi dans son allocution hebdomadaire, à la radio et sur Internet. "Nous réaffirmons nos idéaux, un défi à l'égard de ceux qui veulent nous nuire", a-t-il lancé.
M. Obama avait lancé la veille un appel à la tolérance religieuse, rappelant aux Américains, lors d'une conférence à la Maison Blanche, que les ennemis de l'Amérique sont Al-Qaïda et les extrémistes, non les musulmans. "Nous ne sommes pas en guerre contre l'islam", a-t-il déclaré.
Comme les autres années, des commémorations officielles se déroulaient dans les trois endroits où les terroristes ont frappé le 11 septembre 2001. Le président Obama devait assister à une cérémonie au Pentagone, à Washington, tandis que le vice-président Joe Biden devait se rendre à Ground Zero, où le premier avion détourné frappa la première des tours jumelles du World Trade Center à 8h46 (12h46 gmt, 14h46 heure française). Michelle Obama et Laura Bush, épouses de l'actuel et de l'ancien président, étaient pour leur part attendues à Shanksville (Pennsylvanie, côte est), où le quatrième avion détourné s'écrasa.
Barack Obama, dans son allocution samedi, n'a pas fait allusion au pasteur Terry Jones, qui a menacé de procéder à un autodafé d'exemplaires du Coran. Vendredi, le chef de la Maison Blanche l'avait appelé à renoncer à ce projet, soulignant les graves conséquences qu'aurait un tel acte sur les soldats et intérêts américains à travers le monde.
Après des déclarations contradictoires et ultimatums au cours des derniers jours, Terry Jones a en définitive annoncé samedi que son église de Floride ne brûlerait jamais de Coran, même si une mosquée était construite à proximité de Ground Zero.
Interrogé par NBC lors de sa venue à New York, il a expliqué que le but de sa congrégation de Gainesville (Floride) était initialement de souligner qu'"il existe un élément de l'islam qui est très dangereux et très radical". "Nous avons incontestablement accompli cette mission", a jugé le pasteur lors de l'émission "Today". Il a ajouté qu'aucune réunion n'était prévue pour l'instant avec l'imam du futur lieu de culte, mais qu'il espérait qu'une telle rencontre pourrait avoir lieu.
La polémique autour du projet de construction d'un centre communautaire musulman comprenant une mosquée à environ 200m du World Trade Center a pris au cours de l'été des proportions gigantesques, se transformant en débat national sur l'islam, l'extrémisme, la violence et la liberté religieuse.
Deux manifestations devaient se dérouler samedi à New York, l'une en faveur du centre, l'autre contre. Le député néerlandais anti-musulman Geert Wilders était attendu à ce rassemblement. La question divise certains membres des familles des quelque 3.000 victimes tuées dans les attentats.
Sally Regenhard, qui a perdu son fils pompier, a expliqué qu'elle serait présente à la cérémonie à New York, durant laquelle les noms des victimes devaient être lus à haute voix. Elle comptait ensuite se rendre à la manifestation contre le projet de mosquée.
"L'objectif est de s'exprimer, dire que cette mosquée, sa localisation, est une grave offense à la sensibilité des familles du 11-Septembre. Il n'y a rien de politique dans le fait que des gens veuillent prendre position contre ce qu'ils estiment mauvais, vraiment blessant et destructeur", a-t-elle ajouté.
Donna Marsh O'Connor, dont la fille enceinte Vanessa a été tuée dans les attentats, est pour sa part favorable à la mosquée et dit rejeter les motivations politiques qu'elle pense voir se profiler derrière l'opposition à ce lieu de culte. "On entretient plus ou moins la haine et la peur, comme depuis des années. Les gens ont le droit à la libre parole. Mais s'ils parlent de la sensibilité des familles, pourquoi manifestent-ils un jour où l'on devrait penser à ceux qu'on a perdus", s'interroge-t-elle. - AP