L’arrivée du Groupe International de Contact sur la Guinée (GIC-G) a été perçue d’inopinée. Même si sa présence s’explique par les derniers développements de la situation socio-politique dans le pays. Des événements dus au report du second tour de l’élection présidentielle. Comme si la Guinée était sous tutelle. Donc, interdiction pour elle de prendre toute décision de souveraineté allant dans le sens du mieux-être de son peuple.
C’est ainsi, qu’après le comportement qualifié de «désinvolte», de par la façon et les circonstances de la tenue de sa dernière session à Conakry, le GIC-G revient donc et a été reçu lundi, 20 septembre 2010 par le Président intérimaire de la République et Président de la transition.
Au cours de cette rencontre, on avait l’impression, au regard du communiqué du bureau de presse qui a suivi, que ceux-là qui se font pompeusement appeler « les représentants de la Communauté internationale », étaient venus forcer la main au Président de la transition pour qu’il se plie à leur injonction. En tout cas, jusque-là, le ton employé par le diplomate d’origine sénégalaise n’était à la menace. Le Pr. Ibrahima Fall est allé, cette fois-ci, jusqu’à lancer « un avertissement solennel à ceux qui en fauteurs de trouble, cherchent à retarder l’évolution du processus… »
Au terme de la rencontre avec les acteurs de la transition, élargis aux membres du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) ou ce qui en reste, est aussitôt convoquée au Palais du peuple. Avec à la clé, l’invite du général Sékouba Konaté de tout un beau monde en présence des représentants des "gendarmes" du GIC-G pour qu’il rappelle chacun à l’ordre en les mettant «devant leurs responsabilités et qu’ils s’acquittent de leurs obligations », avant de prendre son avion pour assister à la célébration du cinquantenaire de la République du Mali, sur invitation du Président Amadou Toumani Touré.
Au sortir de la rencontre, les interlocuteurs du général Sékouba Konaté se sont livrés à la presse :
- Pr. Ibrahima Fall, Emissaire de l’Union Africaine : « Nous avons été reçus par le Président par intérim dans le cadre d’une mission de prise de contact avec les institutions de la transition. Nous avons rencontré déjà les deux candidats, nous avons rencontré le CNT, nous avons rencontré la CENI, la Commission Electorale Nationale Indépendante, et nous avons été très heureux d’être reçus par le Président. L’œuvre historique qu’il a entamée mérite d’être parachevée dans les meilleures conditions. Et pour qu’il en soit ainsi, il est essentiel que les acteurs chargés de cette œuvre et en particulier de l’organisation du 2ème tour, soient mis devant leurs responsabilités et qu’ils s’acquittent de leurs obligations.»
Le Président nous a réaffirmé sa détermination à aller de l’avant et à faire tenir le 2ème tour dans les plus brefs délais. Et j’insiste, dans les plus brefs délais. A cet égard, il nous a annoncé que demain [ndlr : mardi, 21 septembre 2010] qu’il allait rencontrer les principaux acteurs pour précisément réaffirmer cette volonté et mettre les acteurs devant leurs responsabilités. La communauté internationale appuie come d’habitude, le Président dans ses tâches et elle ne manquera pas de le dire puisque nous nous réunissons [le Groupe de Contact], le 25 [ndlr : septembre] à New York. Nous devons d’ailleurs lancer un avertissement solennel à ceux qui en fauteurs de trouble, cherchent à retarder l’évolution du processus pour les mettre devant leurs responsabilités, que la communauté internationale n’admettra pas que ces fauteurs de trouble arrivent à leurs fins. »
- Saïd Djinnit, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest : « Nous avons été reçus en audience par le Président de la République, par le Chef de l’Etat qui nous a fait le point de la situation dans le pays et informés des préparations pour le deuxième tour. Nous avons réitéré le soutien de la communauté internationale à la Guinée (…) Donc, nos vœux sont très fervents pour la Guinée s’en sorte rehaussée, renforcée après le 2ème scrutin autour d’un Président qui sera élu pacifiquement et de façon apaisée, mais qui doit rassembler tous les guinéens. »
- Pour Minata Samaté, Ministre burkinabè déléguée chargée de la coopération régionale, « L’audience a été une occasion pour nous de réaffirmer l’engagement et la disponibilité du Président du Faso [ndlr : Médiateur désigné de la CEDEAO dans la crise guinéenne] M. Blaise Compaoré, à accompagner nos frères guinéens afin d’aboutir à un deuxième tour apaisé et à des résultats qui seraient acceptés de tous. C’était l’occasion pour nous également de souhaiter nos vœux les meilleurs au Président pour l’excellent travail accompli en vue de permettre à la Guinée de sortir de la crise. »
Ce mardi, alors que tous les regards étaient braqués sur le Palais du peuple, Sékouba Konaté n’aura fait que de venir lire le discours rédigé par son scribe de Tibou Kamara et reprendre le cortège pour regagner son domicile de Kaloum en attendant la soirée pour s’envoler. Direction Bamako où il doit répondre à l’invitation du Président Amadou Toumani Touré aux cérémonies de célébration du jubilée de l’indépendance de la République du Mali. Eh Dieu, ma pauvre de Guinée ! - AfricaLog.com