Teresa Lewis, une femme blanche de 41 ans, sera exécutée jeudi en Virginie, pour avoir commandité les meurtres de son mari et du fils de celui-ci. Les abolitionnistes dénoncent un cas d'école en montrant l'injustice de la peine de mort.
Aux Etats-Unis, où 60 condamnées patientent dans le couloir de la mort, contre 3 200 condamnés chez les hommes, l'exécution d'une femme est un fait rare.
Seules 11 femmes ont été exécutées depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976, pour 1 215 hommes.
Empocher les assurances-vie
Teresa Lewis a avoué avoir laissé ouverte, en octobre 2002, la porte de la caravane où elle vivait pour que deux complices, âgés de 19 et 22 ans, y pénétrent avant de tuer par balle son mari et le fils de celui-ci, un militaire âgé de 25 ans. L'objectif était d'empocher les assurances-vie des deux hommes.
Teresa Lewis avait rencontré ses acolytes au supermarché, l'un d'eux étant devenu son amant, et elle avait encouragé sa fille de 16 ans à entamer une relation avec le plus jeune. Tous trois ont plaidé coupable du double meurtre. Les deux auteurs ont été condamnés à la prison à vie mais Teresa Lewis - qui avait renoncé à un procès en bonne et due forme - a été considérée par son juge comme l'instigatrice des meurtres, «la tête du serpent» selon ses termes, et envoyée à la mort.
Les soutiens de cette mère de famille et grand-mère n'ont eu de cesse depuis de rappeler qu'avec un QI de 72, elle se situait à la frange de la maladie mentale, la rendant incapable de concevoir un tel plan.
Son amant a avoué mais s'est suicidé
Son amant, en revanche, qui voulait devenir tueur à gage, était doué d'une intelligence au dessus de la moyenne et a avoué dans une lettre adressée en 2003 à une amie avoir pensé les meurtres. Elle était «exactement ce que je recherchais, une salope qui s'était mariée pour l'argent à qui j'allais faire facilement tourner la tête», avait-il écrit. L'homme s'est depuis suicidé en prison
«La question n'est pas que Teresa Lewis est une femme et qu'elle devrait être traitée différemment, mais il serait extrêmement injuste que celle qui parmi les trois est la moins dangereuse pour la société, qui n'est pas davantage coupable que les autres et dont l'état mental appelle à la clémence, soit la seule à mourir pour ce crime», explique Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine de mort.
La Cour suprême a rigoureusement interdit en 2002 l'exécution de condamnés présentant un retard mental. Mais le gouverneur conservateur de Virginie, Bob McDonnell, a de nouveau refusé mardi d'accorder sa grâce et le dernier recours de la condamnée a été rejeté également dans la journée par la Cour suprême des Etats-Unis.
Le président iranien réagit
Teresa Lewis «veut vivre mais elle est en paix avec elle-même, elle dit que quoi qu'il arrive, elle sera gagnante», a assuré son avocat James Racop.
L'Etat de Virginie, le plus actif en terme d'exécutions aux Etats-Unis après le Texas depuis 30 ans, n'a pas mis à mort de femme depuis près d'un siècle. En 1912, Virginia Christian, une jeune Noire de 17 ans, était morte sur la chaise électrique.
Le cas de Teresa Lewis a fait réagir le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a dénoncé lundi le «silence des médias» sur cette affaire, par contraste avec celle de l'Iranienne Sakineh Mohammadi-Ashtiani. Le cas de cette femme, condamnée à la lapidation dans une affaire mêlant adultères et participation au meurtre de son mari par l'un de ses amants, a soulevé une forte émotion en Europe et aux Etats-Unis. - Avec agence