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"Le continent souffre d'un recul démocratique"

Oct 05, 2010

La Fondation Mo Ibrahim, qui a publié lundi son classement des 53 pays africains en matière de gouvernance, souligne "les avancées récentes de nombreux pays en matière de développements économique et humain" tout en constatant que "le continent souffre d'un recul démocratique".

Son classement - en fonction de la prestation des biens et services publics délivrés aux citoyens - a peu évolué par rapport à l'année précédente.

L'Ile Maurice obtient le score global le plus élevé dans cette évaluation de la gouvernance en Afrique, suivie des Seychelles, du Botswana, du Cap-Vert et de l'Afrique du Sud.

La Somalie reste en queue de classement, à la 53e place, après le Tchad (52e), la République démocratique du Congo (51e), le Zimbabwe (50e) et l'Erythrée (49e).

"Le principal message, c'est que les performances de la gouvernance s'améliorent dans les domaines du développement économique et du développement humain mais que le continent souffre un recul démocratique", a souligné à Dakar le Sénégalais Ebrima Sall, secrétaire exécutif du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA).

Ce que le président de la fondation, l'homme d'affaires Mo Ibrahim, a résumé ainsi dans un communiqué: "Alors que de nombreux citoyens africains sont en meilleure santé et bénéficient mieux du développement économique qu'il y a cinq ans, un grand nombre d'entre eux vit dans un environnement moins sûr et ont vu leurs droits politiques s'affaiblir".

Dans l'ensemble, la fondation semble mettre en garde contre un modèle - adopté par certains pays asiatiques - qui promeut le développement économique en restreignant les droits de l'homme.
"Ce n'est pas viable durablement", a souligné Nathalie Delapalme, ancienne conseillère pour l'Afrique au ministère français des Affaires étrangères (2002-2007), directrice de recherche et politique à la fondation Mo Ibrahim.

"Ceux qui sont classés parmi les dix premiers du classement global ont aussi les plus grands scores en matière de droits", a renchéri l'ancienne ministre guinéenne de l'Education, Aicha Bah Diallo, louant par exemple les progrès de l'alphabétisation au Botswana, tandis que M. Sall vantait l'exemple du Cap-Vert, "qui n'a pas de pétrole mais un leadership éclairé".

La fondation a relevé les "progrès de la qualité globale de la gouvernance en Angola, au Liberia et au Togo" mais constate les "reculs les plus frappants en Erythrée et à Madagascar".
La Libye, classée 23e sur 53 pays, obtient des scores très contrastés: sa note est seulement de 3 en matière de participation (des citoyens à la vie politique, élections libres et transparentes) mais elle atteint 87 en matière de santé.

Mo Ibrahim, homme d'affaires soudanais naturalisé britannique, avait revendu en 2005 l'entreprise de téléphonie mobile Celtel, avant de créer en 2006 cette fondation, basée à Londres, qui a pour mission de promouvoir la bonne gouvernance.

En 2009 et 2010, la fondation n'a trouvé aucun leader exemplaire à qui attribuer le prix Ibrahim, qui attribue normalement 5 millions de dollars (sur dix ans) à un ancien chef d'Etat ou de gouvernement qui a fait preuve d'excellence au cours de son mandat. A l'attention des dirigeants actuels bientôt à la retraite, Mme Diallo a lancé en souriant: "une chose est sûre, ceux qui ont volé n'ont aucune chance d'avoir le prix". - AFP

 

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