Tirs, jets de pierre et barricades: le climat se tend à cinq jours du second tour de l'élection présidentielle en Guinée, jetant le doute sur un vote censé sceller le retour à un régime civil après le putsch de décembre 2008.
L’Alliance Cellou Dalein Diallo accuse le président de la commission électorale (Ceni) d’être militant du Rassemblement du Peuple de Guinée de son concurrent Alpha Condé et menace de boycotter le scrutin de dimanche.
"Aller aux urnes dans ces circonstances conduira à un chaos total. Dans le scénario actuel, personne n'acceptera les résultats. L'instance électorale a perdu toute crédibilité", a estimé Mohamed Jalloh, expert guinéen à l'International Crisis Group.
Les 10 millions de Guinéens aspirent à tourner la page de 50 ans de régime autoritaire et ont voté dans le calme au premier tour de la présidentielle, le 27 juin, bien que la Cour suprême ait dû corriger certaines irrégularités avant d'en valider le résultat.
Mais leurs espoirs se sont transformés en frustration et en violences de rue à la suite des reports répétés du second tour, dont la tenue est désormais de plus en plus douteuse, même si Alpha Condé déclare ne pas vouloir tenir compte des menaces de boycottage de Cellou Dalein Diallo.
"Il faut d'urgence que les deux camps soutiennent le rôle de la Ceni dans l'organisation du second tour", a déclaré John Stremlau, vice-président de l'organisme de surveillance des élections du Centre Carter d'Atlanta, se disant inquiet des risques de violences.
Le gouvernement a menacé lundi de réprimer durement les fauteurs de troubles à la suite d'une journée d'incidents provoqués par de jeunes manifestants qui ont perturbé la circulation et dressé des barricades à Conakry et autour de la capitale.
"Des individus ont continué ce matin à occuper les grands axes de notre pays pour interrompre la circulation des voitures, menacer des passagers, détruire des véhicules et s'en prendre aux gens. Cela ne peut pas durer", a déploré lundi soir le Premier ministre, Jean-Marie Doré.
Il a précisé avoir donné instruction à la police et à la garde nationale de rétablir l'ordre "par tous les moyens". Des tirs ont été entendus dans la soirée dans le quartier d'Hamdallaye.
Un peu plus tôt, lors d'une visite dans un autre quartier de la capitale, le général Sékouba Konaté, chef de la junte, a essuyé des insultes de la part de jeunes gens lui reprochant les cahots du processus électoral.
L'armée contrôle le pays depuis le coup d'Etat de 2008, mais Konaté s'est attiré les bonnes grâces des Etats-Unis et de la France, l'ancienne puissance coloniale, en s'engageant à remettre le pouvoir aux civils au terme du processus électoral. – AfricaLog avec agence