A deux jours du second tour de la présidentielle, un report du scrutin prévu dimanche paraissait inévitable et devrait être annoncé vendredi par le nouveau président de la Commission électoral à l'issue d'une série de rencontres à Conakry.
"Il y a très peu de chances que l'élection se tienne dimanche, étant donné l'ampleur des problèmes" à régler, a déclaré à la presse l'un des deux candidats, l'ex Premier ministre Cellou Dalein Diallo, au siège de son parti, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).
Il venait d'y rencontrer le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le général malien Siaka Toumany Sangaré, qui n'a fait aucune déclaration.
"Le général a dit que, peut-être, il y aurait besoin de temps pour essayer de garantir la transparence du scrutin, prendre toutes les dispositions pour corriger un certain nombre de dysfonctionnements et de retards", a-t-il ajouté.
Selon M. Diallo, "on a pas fixé de date". Le général Sangaré "va nous faire des propositions. Nous sommes d'accord avec lui car l'important c'est de préserver la paix dans ce pays", a dit le président de l'UFDG.
Il a par ailleurs dénoncé "des agressions" de militants de son parti par ceux du parti de son adversaire Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Selon le vice-président de l'UFDG, Amadou Oury Bâ "il y a eu plusieurs blessés dont un est mort" des suites de ces agressions.
Des accusations catégoriquement démenties par un responsable du RPG, Ahmed Tidiane Traoré. "Les militants du RPG n'ont attaqué personne. Nous sommes pacifiques", a-t-il affirmé.
Des violences s'étaient produites lundi et mardi entre des militants de l'UFDG et les forces de l'ordre qui avaient ouvert le feu, faisant une quarantaine de blessés. L'UFDG et l'Observatoire national des droits de l'Homme (ONDH) avaient alors annoncé deux morts qui se sont avérées être accidentelles.
Après sa rencontre avec M. Diallo, le général malien s'est rendu au siège du RPG pour y rencontrer ses dirigeants.
Le général Sangaré avait déjà rencontré jeudi les autres principaux acteurs du processus électoral. Selon lui, "le comité de suivi et d'évaluation des actes préparatoires du second tour a conclu que la date du 24 octobre serait difficile à tenir".
Pour sa part, la syndicaliste guinéenne Rabiatou Serah Diallo, présidente du Conseil national de la transition (CNT, faisant office de Parlement) avait semblé favorable au report. "Est-ce que la date du 24 octobre, on peut la tenir ?", s'est-elle interrogée devant la presse, après avoir fait part de son "inquiétude" au général Sangaré.
"Les élections du deuxième tour, c'est capital pour notre pays et pour l'Afrique. Il faut qu'on réussisse, que l'on fasse des élections transparentes, démocratiques, qui ne vont pas être contestées" car "nous ne voulons pas qu'il y ait encore des violences", a-t-elle insisté.
Au nom du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSG), Aziz Diop avait déclaré qu'il serait "tout à fait normal de reporter d'une ou deux semaines le scrutin, pour des raisons techniques, car une semaine dans la vie d'une nation, ça ne compte pas beaucoup si de bons préparatifs peuvent garantir la paix". – AfricaLog avec agence