Les conséquences des violences en Haute Guinée ont été nombreuses. Des milliers de ressortissants de la Moyenne Guinée, auraient regagné leurs préfectures d’origine dont Dinguiraye, Mamou, Tougué, Dalaba, Labé, Dabola. D’autres auraient piqué tout droit sur Conakry, laissant derrière eux maisons et pères de familles. Selon des témoignages concordants, ces derniers vont plier bagage à leur tour avant le second tour de la présidentielle prévue le 7 novembre.
Parmi ceux qui sont partis, les assesseurs et superviseurs des bureaux de vote. Les chiffre de 22 000 déplacés de Siguiri, vers le Foutah et Conakry ne parle que des déplacés de Siguiri ville, il ne prend pas également en compte les bébés et enfants déscolarisés qui étaient à Siguiri. Ils seraient partis à pieds et par véhicules et camions remorques.
S’il y a eu sensibilisation d’un certain Yö Kouyaté, du président de la ligue islamique préfectorale, de Dijély Tomba, ces sensibilisations sont tombées dans d’oreilles de sourds. Un témoin croit à moitié, « mais au fond, nous ne voyions pas une réalité. Parce que plus ces gens ont sensibilisé, plus les scènes de pillage ont continué en s’aggravant. »
Koïkoï Béavogui, le secrétaire général à l’organisation et directeur local de la Coordination de l’Alliance «Cellou Dalein Président», a dressé une liste portant sur le nombre des lieux pillés ou saccagés, départ involontaires des militants de l’UFDG et valeurs financières des dégâts enregistrés dont ces derniers ont été victimes, lors de la «chasse contre les peulhs à Siguiri».
Au titre des dégâts: 83 étalagistes ont été saccagés pour une valeur approximative de plus d’un milliard 200 millions de francs soit 15 millions par étalagistes, pour 41 magasins. Avec une moyenne estimée à 250 millions de francs par magasins, le total fait 10 milliards 250 millions de francs. S’y ajoutent 25 kiosques, d’une valeur d’un milliard 250 millions de francs et 11 bâtiments d’habitation saccagés, dont chacun a valeur de 150 millions, soit 1 milliards 650 millions de francs guinéens. Il y a eu également des statistiques pour les boutiques.
Elles se chiffrent à 23 saccagées pour une valeur totale estimée à 16 milliards 235 millions de francs. A ces chiffres, faites exception des sommes d’argent en espèces volées, les quantités d’or, le matériel cassé, les voitures non plus, les motos cassées ou emportées.
S’agissant des déplacements, Koïkoï donne le dernier chiffre. «Un camion a quitté Franwalia hier jeudi 29 octobre, avec à son bord 150 personnes, appartenant à 10 familles. Et d’ajouter qu’il y a 687 familles, pour une population de 21 mille 366 personnes tout âge confondu, sans compter les chiffres que nous avons reçu dans la matinée et au moment où vous m’avez rencontré », a-t-il déclaré, ce 29 octobre, à 11h 25 mn.
Koïkoï a dit : « Il y a des camions qui sont prêts en ce moment à quitter les sous-préfectures de Douako, Siguirini et autres. J’affirme aux yeux de la communauté nationale et internationale, la vie de tous les citoyens militants de l’UfDG à Siguiri est menacée, que les Peulhs sont les plus vus, mais ils ne sont pas les seules victimes. Parce qu’ils ne sont les seuls qui font l’UFDG. Il y a les forestiers, les soussous, qui en font partie et même certains Malinkés. L’adage dit : quand tu vois le charognard sur le cadavre de ton ami, dis-lui, de quitter sur ton cadavre. Ma vie est en danger. Je suis prêt à fuir et à rentrer à Macenta, ma préfecture d’origine, pour sauvegarder la vie de ma famille et la mienne.»
Il conclut : « nous ne pouvons pas donner la certitude à l’Etat, ou à qui que ce soit, que nous, nous irons aux élections du 7 novembre 2010.»
A l’hôpital préfectoral de Siguiri, nous n’avons pu avoir de chiffres sur le nombre de blessés. Un certain docteur Balla, chef du service des urgences, nous a conduit au bureau de son Directeur Général, puisque dit-il, l’administration voudrait à pareil cas, que ce soit le DG qui livre ces chiffres à la presse. Le directeur général, un certain, Lansana Sakho, a refusé de se prêter à notre micro, du fait dit-il, que nous ne sommes pas passé ni par la préfecture, ni par la direction préfectorale de la santé, pour le rencontrer. « Il faut respecter la hiérarchie, nous lance-t-il, avant de dire, qu’il a donné les chiffres à qui de droit. Quitte à ce dernier de nous les fournir », lui, il s’en balance. Toutefois, il dit que les blessés admis dans son royaume, reçoivent des soins. Des blessés auxquels, nous n’avons pu rencontrer malgré notre carte professionnelle et l’ordre de mission que nous avions présentés au DG de l’hôpital préfectoral de Siguiri.
A la préfecture, devant la résidence du préfet de Siguiri, El Ibrahima Maréna, des hommes en uniformes, nous accueillent pour nous dire qu’il faut attendre, « le patron est un peu occupé. » Peu après, c’est le garde de corps du préfet qui nous conduit, dans la cour, où on promène par-ci, par-là de mets succulents dans des grosses assiettes, dont l’odeur se répand dans tout le voisinage jusqu’à des dizaines de mètres. Calé dans le fauteuil de devant de sa voiture genre Nissan, il ordonne à son garde de nous conduire, chez le Secrétaire général chargé des Affaires administratives, lui, il va à la prière. Il était 12h 33 mn. Le garde nous conduit à la résidence de ce dernier. Il est encore au bureau. Nous nous y sommes rendus, lorsque M. Moussa Bapport Soumah, c’est de lui qu’il s’agit, prenait les marches des escaliers, documents dans la main droite, mallette dans celle gauche, tête baissée, complet kaki. Nous allons à son bureau avec lui.
Après avoir signé notre ordre de mission, il a confirmé qu’il a y a eu « manifestation à Siguiri entre les militants du RPG et ceux de l’UFDG.» Il a également confirmé les trois hypothèses avancées portant sur les causes de ces troubles et des scènes qui ont suivi entre la nuit du 22 et la journée du 23 octobre, mais a nié que les autorités soient restées indifférentes face aux pillages dont été victimes « les opérateurs économiques peulhs résidant à Siguiri ». Pour lui, ces scènes sont le fait « des personnes malintentionnées et quelques loubards drogués. »
Il refuse d’entendre que le Lieutenant-colonel, Mathias Camara, Cdt du camp d’infanterie de Siguiri, ses agents, l’autorité préfectorale, les sages, les imams de Siguiri aient refusé de lever le petit doigt pour mettre le holà des tombeurs des peulhs. « On a eu à faire à une foule spontanée, personne n’était préparée pour ça. Mais on a pu canaliser les premiers manifestants. Toutefois, les hostilités ont recommencé le lendemain entre les militants qui ont dit communiquer entre eux la veille, pendant la nuit.» Même que tout le monde s’est impliqué pour calmer les ardeurs.
D’autant qu’il a été installé un couvre-feu à partir du 23 octobre à date (29 octobre Ndlr), de 20 à 8h du matin. Peine perdue ! Il a fallu la venue en renfort, des agents de la FOSSEPEL, aux militaires, polices et gendarmes de Siguiri. « Mais toute la journée du samedi, les pillages ont continué sur les magasins, boutiques des commerçants ressortissants du Foutah. » Quand cela fut constaté, une autre équipe de la FOSSEPEL, y a été déployée «mais, les manifestants étaient immaîtrisables. Raconte M. Soumah qui poursuit, « ils étaient furieux, fous, venus des sociétés minières, parce qu’ils se communiquaient et se sont donné rendez-vous à Siguiri pour procéder à cette sale besogne.» Il accuse la faiblesse de l’effectif des agents des forces de l’ordre et de sécurité à Siguiri.
Des gens qui ont demandé secours au camp d’infanterie y ont été chassés par ceux qui sont sensés les protéger, est-ce vrai?
M. Soumah s’empresse de répondre: «Au contraire, quelques biens, comme les coffres-forts des personnes sinistrées, certaines familles ont été confiées à l’infanterie de Siguiri.»
Selon lui, les bilans sont lourds et tristes. « Il y a eu, selon des sources hospitalières, 63 blessés, un mort, ressortissant de Dinguiraye. Les pillages sont au nombre de 89 kiosques, 48 boutiques, 83 étalages, 11 domiciles endommagés, un grand nombre de personnes déplacées, dont on ne pourrait jamais chiffrer à l’absence d’un recensement exhaustif exact. » Il y avait à Siguiri, 99 opérateurs économiques peulhs. Les menaces continuaient sur ceux des peulhs qui sont restés, en attente de récupérer quelques crédits ou bien empruntés par les siguirinkas. Ils jurent de ne pas aller au vote du sept novembre, dont la date a été fixée, par décret présidentiel. – AfricaLog.com