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Rama Yade évincée du nouveau gouvernement français

Nov 14, 2010

Rama Yade, que sa popularité dans l'opinion semblait rendre inamovible, a fini par être évincée du gouvernement après s'être mis à dos par sa liberté de ton revendiquée une partie de la majorité et l'Elysée. Passée brusquement à la lumière dans les dernières semaines de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, elle va retrouver la discrétion du conseil municipal de Colombes (Hauts-de-Seine) et du conseil régional d'Ile-de-France.

Rama Yade était l'une des vedettes médiatiques du gouvernement et la plus jeune ministre de la Ve République à son arrivée au secrétariat d'Etat aux Droits de l'homme, en 2007. Elle a endossé la fonction de secrétaire d'Etat aux Sports deux ans plus tard.
Entrée au gouvernement au nom de la parité, du renouvellement des générations et de la diversité, elle en sort au nom de l'harmonie de la majorité et après plusieurs déclarations qui ont détonné dans le gouvernement. Aux élections européennes, puis aux régionales, elle avait refusé les consignes de l'Elysée qui la voyait siéger à Strasbourg puis candidate dans le Val d'Oise - elle s'est finalement présentée dans les Hauts-de-Seine, où elle souhaite s'implanter.

Longévité surprenante

Son dernier affront, qui a scellé son départ du gouvernement, remonte au mois dernier, lorsqu'elle avait critiqué le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar sur "l'homme africain". Au vu de sa liberté de ton, sa longévité peut surprendre. Au Quai d'Orsay comme au ministère de la Santé, elle s'est aliénée ses ministres de tutelle, Bernard Kouchner puis Roselyne Bachelot.

Rama Yade a aussi énervé le Parti socialiste, qu'elle cible régulièrement. Jean-Paul Huchon, qui fréquente cinq ministres en présidant le conseil régional d'Ile-de-France, la juge la "plus détestable de tous". Mal aimée de la classe politique parce que populaire ? Elle domine ses collègues du gouvernement et la plupart des dirigeants politiques dans tous les sondages de popularité.

Un bilan constesté

À l'aise et volontaire sur les plateaux de télévision, elle ponctue ses saillies contre l'opposition de sourires désarmants. Le bilan de son action est cependant contesté.
Au ministère des Affaires étrangères, elle a fait oublier sa discrétion lors d'un voyage en Tunisie ou son absence en Chine en dénonçant la venue à Paris du président libyen Mouammar Kadhafi, ou en soutenant des squatteurs expulsés à Aubervilliers.

Aux Sports, elle a soutenu les clubs professionnels en allant contre la décision de l'Elysée et de sa ministre de tutelle de supprimer le Droit à l'image collective (DIC). Sa critique du luxe dans lequel vivait l'équipe de France de football a été bien perçue dans l'opinion, et pas démentie par le fiasco des Bleus en Afrique du Sud. Enfin, la fédération a obtenu avec elle l'organisation de l'Euro 2016 de football.

Le mouvement sportif peine à retenir une avancée

Sur d'autres sujets d'actualité, elle a laissé la main à d'autres ministères : l'Intérieur sur les violences entre supporters de football et l'Economie sur la libéralisation des paris sportifs. Pour le reste, le mouvement sportif peine à retenir une avancée obtenue par Rama Yade, et retient que le budget de son ministère a rétréci. Pour 2011, les crédits alloués aux sports, à la jeunesse et à la vie associative représentent 0,15 % du budget de l'Etat.

Née au Sénégal en 1976 et élevée dans les Hauts-de-Seine, où elle tente de s'implanter, Rama Yade préside le Club XXIe siècle, groupe de pression pro-diversité, et est membre du club Averroès, qui regroupe des professionnels pour promouvoir les "minorités actives" dans les médias français. – Le Point

 

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