Les guinéens sont déjà habitués au général Nouhou Thiam, Chef d’état-major général des armées dans son rôle de porte-parole. C’était aux lendemains de la prise du pouvoir par le CNDD (Conseil National pour la démocratie et le Développement), instance dirigeante sous l’égide du capitaine Moussa Dadis Camara.
Nouhou Thiam, capitaine à l’époque, était le porte-parole attitré de la junte et c’est lui qui lisait tous les actes pris pour annoncer les nouvelles orientations politiques et actes pris à la tête du pays. Il sera par la suite nommé Inspecteur général des armées.
Ce n’est donc pas surprenant de le voir dans ce rôle, chaque fois que le besoin se fait sentir.
Ce qui est par contre surprenant, ce sont les instructions édictées par le général Nouhou à la suite de la lecture du décret N°280/PRG/CNDD/SGPRG/2010 du 17 novembre 2010 portant levée de l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national.
Nous vous proposons ces recommandations telles que annoncées par le général Nouhou Thiam, Chef d’état-major général des armées. Des instructions assorties de menaces à peine voilées:
« Les instructions suivantes doivent être respectées et appliquées à la lettre:
1- Après l’adresse [NDLR : lecture du décret de levée de l’état d’urgence] du Chef d’état major général des forces armées guinéennes concernant la levée de l’état d’urgence, toute intervention relative à l’état d’urgence est formellement interdite.
L’état d’urgence est géré et contrôlé par l’état major général des forces armées sous le commandement et les directives du Commandant en chef des forces armées guinéennes, ministre de la défense nationale, le Président de la transition, le général d’armée Sékouba Konaté.
2- Toutes les activités de la vie nationale reprennent correctement. Tout un chacun est libre d’aller régler ses affaires, mais dans l’ordre et la discipline.
3- Je recommande au peuple de Guinée une collaboration franche avec les forces de défense et de sécurité pour démasquer et châtier conformément à la loi tout élément nuisible à la paix, à l’unité nationale et à la démocratie.
4- Il est ordonné aux chefs d’état major particuliers (terre, air, mer et gendarmerie nationale), commandants des régions militaires et commandants des bataillons autonomes, directeurs des services de police et des douanes de renforcer les dispositifs le long de nos frontières et de procéder à un contrôle systématique des entrées et des sorties aux frontières.
5- A partir de ce jour 10 décembre 2010 jusqu’à l’investiture [NDLR : du Président élu, Alpha Condé] toutes décisions et communiqués relatifs au fonctionnement et à la vie de l’Etat, qui n’a pas fait l’objet d’instruction préalable du Président de la transition, ministre de la défense nationale, le Président de la transition sont formellement interdits.
6- Les forces de défense et de sécurité veillent et contrôlent la sécurité des populations et leurs biens et au respect de la démocratie, la cohésion et l’unité nationale.
7- Tout regroupement, tout mouvement, à compter de ce jour 10 décembre 2010 jusqu’à l’investiture [NDLR : du Président élu, Alpha Condé] est formellement interdit.
8- Tout dérapage à ces instructions énumérées ci-dessus sera sévèrement sanctionné.
Je vous remercie. »
On voit dans cette kyrielle d’instructions du général Nouhou Thiam, Chef d’état-major général des armées, une pierre jetée dans le jardin du Premier ministre Jean Marie Doré.
Certains observateurs estiment d'ailleurs que Nouhou Thiam ne fait que mettre en exécution les directives de son protecteur de ministre d'Etat secrétaire général de la Présidence, Tibou Kamara qui est en lutte pour le leadership avec le Premier ministre.
Et la question que l'on peut bien se poser est celle de savoir si le Premier ministre Jean Marie Doré était effectivement le coordinateur de l’état d’urgence comme il l’a fait croire dans une de ses récentes adresses à la nation.
Décidément, le Président élu de la Guinée, le Pr. Alpha Condé dont l'investiture est annoncée pour le 21 décembre 2010 aura du pain sur la planche avec les clans qui ont fini par déstructurer l'Etat en Guinée. - AfricaLog.com