Le président ougandais Yoweri Museveni a estimé que la position des Nations unies sur la Côte d'ivoire était "simpliste" et réclamé des enquêtes sur l'élection présidentielle de novembre, a indiqué son porte-parole mardi.
"Nous pensons qu'une proposition pourrait être faite à l'Union africaine: une enquête plus approfondie (sur l'élection) est nécessaire", a déclaré Tamale Mirundi, précisant que ses déclarations se fondaient sur des remarques faites par le chef de l'Etat lors d'un meeting en province.
La proclamation des résultats de l'élection présidentielle ivoirienne par la Commission électorale indépendante, qui a donné Alassane Ouattara vainqueur, est "crédible", souligne cependant la mission d'observateurs de l'Union européenne dans son rapport définitif mardi.
Il a estimé que la décision du conseil constitutionnel ivoirien d'invalider une partie des résultats et de décréter le président sortant Laurent Gbagbo vainqueur était illégale.Nous considérons que cette décision est une infraction à la loi ivoirienne. C'est même un excès de pouvoir", a-t-il souligné.
M. Mirundi a affirmé que M. Museveni était favorable à "une approche sérieuse concernant l'examen du processus (électoral), dont l'enregistrement des électeurs et de qui a voté".
L'enquête pourrait être confiée à une commission spéciale de l'Union africaine (UA), a-t-il ajouté.
La communauté internationale a reconnu Alassane Ouattara vainqueur de l'élection présidentielle de novembre que le président sortant Laurent Gbagbo affirme de son côté avoir gagnée, refusant en conséquence de quitter son poste.
Les chefs d'Etat de l'Union africaine qui se réuniront les 30 et 31 janvier au siège de l'UA à Addis Abeba essaieront d'harmoniser leurs positions sur la Côte d'Ivoire.
Le Nigeria pousse pour une solution militaire, alors que l'Afrique du Sud est sur une position identique à celle de l'Ouganda.
Le président sud-africain Jacob Zuma a souligné vendredi le blocage de la situation "malgré tous les efforts" et a plaidé pour trouver "quelque chose d'autre que demander à l'un des deux chefs de partir".
Des élections générales sont prévues le 18 février en Ouganda, dont une présidentielle pour laquelle le chef de l'Etat Yoweri Museveni (au pouvoir depuis 1986) sera candidat à sa succession.
Le président de l'UA à Abidjan pour "écouter" Gbagbo et Ouattara
Le président en exercice de l'Union africaine, le Malawite Bingu wa Mutharika, est arrivé mardi à Abidjan pour "écouter" le chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, et "aider" à résoudre la crise ivoirienne, à trois jours d'un sommet de l'UA à Addis Abeba.
"Même si des gens (ndlr, médiateurs africains) sont déjà venus (à Abidjan), cela ne signifie pas que je ne peux pas faire de même pour aider" à tenter de résoudre la crise ivoirienne née de la présidentielle du 28 novembre, a déclaré à la presse à Blantyre M. Mutharika, avant de s'envoler pour la Côte d'Ivoire, où sa visite n'a été annoncée que mardi matin.
"Ma responsabilité sera d'entendre les deux (MM. Gbagbo et Ouattara), d'écouter leurs avis de façon à ce que l'on puisse avancer" dans la résolution de la crise, a ajouté le président en exercice de l'Union africaine.
Son déplacement surprise intervient avant un sommet de l'UA prévu de vendredi à samedi à Addis Abeba, où il rendra compte de sa visite en Côte d'Ivoire, a-t-il indiqué.
Arrivé à l'aéroport d'Abidjan, M. Bingu wa Mutharika s'est rendu au palais présidentiel où il a été accueilli par Laurent Gbagbo.
Le président de l'UA devait ensuite rencontrer M. Ouattara, retranché au Golf hôtel d'Abidjan, soumis depuis un mois et demi à un blocus des forces restées loyales au président Gbagbo.
Il aura également un entretien avec le chef de l'opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), Choi Young-Jin.
Le 4 janvier, Bingu wa Mutharika avait appelé Laurent "Gbagbo à céder le pouvoir à (Alassane) Ouattara pour (...) éviter un bain de sang", avait déclaré le porte-parole du chef d'Etat du Malawi, Hetherwick Ntaba.
Le président en exercice de l'UA, qui avait déjà appelé le 8 décembre M. Gbagbo à se retirer, s'était aussi déclaré "déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte d'Ivoire", avait ajouté son porte-parole.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire à Paris s'installe
Ally Coulibaly, désigné par Alassane Ouattara pour représenter la diplomatie ivoirienne à Paris et agréé par la France, a pris possession mardi des locaux de l'ambassade de Côte d'Ivoire dans la capitale française.
Ally Coulibaly, qui avait accusé l'ambassadeur nommé par le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, Pierre Kipré, de refuser de lui céder la place, a pénétré dans les locaux de l'avenue Raymond Poincaré, dans le XVIe arrondissement de la capitale.
Après être entré dans les locaux inoccupés, il a fait de la fenêtre un geste de la main à une cinquantaine de partisans d'Alassane Ouattara massés devant le bâtiment.
Un serrurier avait été auparavant appelé pour ouvrir, à l'aide d'un marteau et d'un burin, le bureau de l'ambassadeur fermé à clé, ainsi que d'autres pièces de l'hôtel particulier.
Des collaborateurs du nouvel ambassadeur ont ensuite décroché d'un mur un portrait de Laurent Gbagbo.
"Je suis là, très heureux de pouvoir prendre mes fonctions, de pouvoir faire le travail pour lequel j'ai été nommé par Alassane Dramane Ouattara, le président de la République", a-t-il dit aux journalistes.
"Je suis désormais l'ambassadeur de la Côte d'Ivoire en France", a-t-il ajouté tandis que ses partisans à l'extérieur criaient "victoire".
La commission électorale ivoirienne, certifiée par l'Onu, a déclaré Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle le 28 novembre. Ce résultat a été renversé par le Conseil constitutionnel ivoirien, qui a donné Laurent Gbagbo vainqueur après invalidation de centaines de milliers de bulletins dans des secteurs favorables à Alassane Ouattara. – AfricaLog avec agences