Michèle Alliot-Marie dit avoir voyagé dans un jet appartenant à un homme d'affaires tunisien lors d'un séjour fin 2010 en Tunisie mais nie qu'il s'agisse d'un membre du "clan Ben Ali".
La ministre française des Affaires étrangères avait admis le week-end dernier avoir passé le dernier réveillon de Noël en Tunisie tout en assurant avoir payé son séjour et n'avoir eu aucun contact avec le président déchu, Zine ben Ali.
Selon Le Canard enchaîné, à paraître mercredi, elle a effectué le vol entre l'aéroport de Tunis et la station de Tabarka à bord d'un appareil de neuf places appartenant à Aziz Miled et à Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, l'un des personnages les plus détestés du régime tombé le 14 janvier.
La chef de la diplomatie française était accompagnée dans ce voyage de ses parents et de son compagnon Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement.
"M. Miled, un ami de longue date, a proposé à Michèle Alliot-Marie de prendre place avec sa famille dans l'avion dans lequel lui-même se trouvait à destination de Tabarka", dit-on au cabinet de Michèle Alliot-Marie. "Il est exact qu'elle a pris cet avion pour Tabarka où elle a passé ses vacances."
En revanche, le cabinet de la ministre des Affaires étrangères dément qu'Aziz Miled, qui possède notamment la compagnie aérienne Nouvelair, soit un membre du clan Ben Ali.
"Le clan Ben Ali l'a obligé à céder des parts de sa compagnie d'aviation et les nouvelles autorités lui ont rendu ses parts", affirme-t-on.
Aziz Miled figure sur la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs après le départ de Ben Ali, soulignant qu'il était associé au frère de l'épouse du président déchu. Il avait appelé dans une tribune le président à se porter candidat à l'élection présidentielle de 2014.
Le Canard enchaîné s'interroge en outre sur le fait de savoir si la ministre a réellement payé ses vacances, notamment la facture de son hôtel à Tabarka. "A la fois les billets d'avion pour la Tunisie et l'hôtel ont été réglés par Mme Alliot-Marie et sa famille", assure-t-on dans son entourage.
La ministre des Affaires étrangères a été vivement critiquée pour avoir proposé l'aide de la France à la police tunisienne au moment où celle-ci réprimait des manifestations, trois jours avant la chute et l'exil du président tunisien.
"Mes vacances sont à mes frais, et la dernière fois que j'ai vu le président, en tête-à-tête, c'était en 2006, dans mes fonctions de ministre de la Défense. Je n'avais aucun contact privilégié avec lui", a-t-elle dit au Parisien paru dimanche.
Plusieurs médias, dont Le Canard enchaîné, ont écrit que la ministre avait bénéficié d'une escorte de la police tunisienne et qu'une voiture officielle l'attendait à sa descente d'avion pour la conduire à son lieu de villégiature. - Reuters