Le président des États-Unis Barack Obama a appelé mardi son homologue Hosni Moubarak a entamer immédiatement une transition pacifique après que le dirigeant égyptien eut promis de quitter le pouvoir, mais pas avant septembre prochain.
M. Obama, qui s'est entretenu mardi soir avec M. Moubarak pendant 30 minutes, s'est en revanche gardé de l'appeler à démissionner immédiatement, comme les foules rassemblées dans les rues de grandes villes égyptiennes le réclament au huitième jour d'une révolte sans précédent contre le régime.
«Ce qui est clair, et je l'ai dit ce soir au président Moubarak, c'est que je crois qu'une transition bien ordonnée doit être significative, elle doit être pacifique et elle doit commencer maintenant», a déclaré M. Obama depuis la Maison-Blanche à l'issue d'une journée d'intenses consultations diplomatiques.
M. Obama joue une partie serrée, en essayant à la fois de ménager l'avenir des liens entre les États-Unis et l'un de leurs principaux alliés au Moyen-Orient, et de rester fidèle aux principes énoncés de respect des «valeurs universelles» comme la démocratie et les droits de l'homme.
A ce titre, il a également envoyé un message mardi soir aux centaines de milliers d'Égyptiens qui manifestent. «Aux Égyptiens, particulièrement aux jeunes, je veux que vous sachiez que nous entendons votre voix. J'ai la conviction intime que vous déterminerez vous-même votre destin», a-t-il lancé.
Dans la droite ligne des appels à la lutte contre la violence qui ont été une constante du message américain depuis le début de la crise, M. Obama a aussi félicité l'armée égyptienne d'avoir permis que des manifestations pacifiques aient lieu.
«Nous avons vu des chars couverts de banderoles et des soldats et des manifestants s'embrasser dans les rues, et à l'avenir, j'exhorte les militaires à continuer à faire en sorte que ce moment de changement reste pacifique», a-t-il poursuivi.
M. Obama s'exprimait quelques heures après que M. Moubarak, au pouvoir depuis trois décennies, eut annoncé à la télévision nationale qu'il ne serait pas candidat à la présidentielle de septembre. Le dirigeant octogénaire a aussi appelé le Parlement à amender la Constitution afin de faciliter les candidatures pour l'élection, jusqu'ici strictement contrôlées.
Mais les manifestants réunis dans le centre du Caire ont demandé de nouveau mardi soir son départ immédiat. Plus d'un million d'Égyptiens au total sont descendus dans les rues mardi, la plus importante mobilisation depuis le début de la contestation qui a fait au moins 300 morts selon un bilan non confirmé de l'ONU, et des milliers de blessés.
Le discours de M. Moubarak a été diffusé au moment où M. Obama réunissait les hauts responsables de son équipe de sécurité nationale, dont la secrétaire d'État Hillary Clinton, pour évoquer la situation.
«L'annonce du président (égyptien) est importante, mais la question est de savoir si elle satisfera les exigences des gens qui se trouvent sur la place de la Libération», épicentre de la contestation au Caire, a déclaré à l'AFP un haut responsable américain. Selon lui, «ce mouvement gagne de la force et ne s'arrêtera pas».
La journée de mardi a vu une intense activité diplomatique américaine dirigée vers l'Égypte, l'une des clefs de voûte de la politique de Washington au Moyen-Orient.
Un ancien ambassadeur des États-Unis au Caire a ainsi transmis à M. Moubarak un message de M. Obama lui appelant à ne pas se présenter en septembre, tandis que l'actuelle chef de la mission diplomatique américaine en Egypte, Margaret Scobey, s'est entretenue au téléphone avec Mohamed ElBaradei, chef de file de l'opposition égyptienne, selon des responsables. - AFP