Le panel de l'Union africaine chargé de dénouer la crise ivoirienne a été critiqué mardi par un proche de Laurent Gbagbo qui a "récusé" un de ses membres, et par le Premier ministre d'Alassane Ouattara qui s'est dit convaincu que M. Gbagbo ne partirait pas sous la pression du comité.
"Les patriotes de Côte d'Ivoire récusent (le président burkinabè) Blaise Compaoré comme membre du panel et il n'est pas le bienvenu" dans le pays, a déclaré à Abidjan Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes", partisans du président sortant Laurent Gbagbo.
"Son pays continue d'être l'arrière-base de la rébellion (alliée à M. Ouattara). C'est un belligérant", a-t-il accusé.
Ancien médiateur du processus de paix ivoirien, M. Compaoré est considéré comme un tenant de la fermeté face à son voisin Laurent Gbagbo, qui refuse depuis l'élection du 28 novembre de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale.
Avec les présidents de Mauritanie, du Tchad, d'Afrique du Sud et de Tanzanie, M. Compaoré fait partie du panel mis en place ce week-end par l'UA et qui a un mois pour rendre ses conclusions "contraignantes".
A Ouagadougou, où il a justement rencontré M. Compaoré lundi, Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara, s'est dit "convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il dira non au panel des chefs d'Etat" de l'UA.
Le sortant "est allé trop loin pour reculer" et "c'est sûr (qu'il) opposera une fin de non-recevoir au panel", a ajouté M. Soro, prônant "une position de fermeté et de force légitime" à son égard.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a menacé M. Gbagbo de le déloger par la force s'il refuse de céder la place, mais l'Union africaine a insisté pour une résolution pacifique de la crise.
La position de M. Soro sur ce panel se distingue de celle de M. Ouattara, qui avait simplement "pris acte" de sa mise en place et souhaité que ses conclusions "soient rendues rapidement", en se félicitant d'être de nouveau reconnu comme président élu.
La bataille entre les deux rivaux se poursuivait par ailleurs au plan économico-financier, particulièrement autour de la banque centrale ouest-africaine (BCEAO).
Réunie à Dakar, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) a "mis en garde" le camp Gbagbo contre toute opération "illégale" visant la banque.
Les ministres de l'Uémoa ont "fermement condamné l'occupation des locaux des agences de la BCEAO" en Côte d'Ivoire par des partisans de M. Gbagbo depuis la semaine dernière "et l'exécution illégale et frauduleuse des opérations qui ont été effectuées".
L'Uémoa a retiré la signature du chef d'Etat sortant et accordé la gestion des comptes ivoiriens de la BCEAO à Alassane Ouattara, qui vise l'asphyxie financière du régime en place. - AFP