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Radiodiffusion télévision guinéenne: Kaba Condé sur le gril, réagit

Feb 07, 2011

Le 1er février, le Président de la République a regagné Conakry, après sa tournée africaine qui a pris fin par sa participation au 16ème sommet de l’Union africaine. Comme d’habitude, des confrères des médias publics ont été déployés à l’aéroport international de Conakry-Gbessia pour la retransmission en direct de l’évènement. Un perdiem, dit-on, de 10 millions de francs guinéens aurait été décaissé pour eux, pour que la retransmission ne souffre d’aucune entorse. Mais quelle ne fut leur surprise quand les confrères ont appris que Kaba Condé, directeur de la radio, s’est volatilisé dans la nature avec le magot.

L’édition spéciale consacrée «au grand retour du Président de la république» s’est muée en débat sur le détournement des 10 millions. Kaba Condé a reçu des flèches tous azimuts lancées par ses confrères de la même boîte, qui n’ont pas gobé qu’il se soit éclipsé avec leur « dû ».

Dans un entretien qu’il nous a accordé il a tout nié. Selon lui, l’argent est destiné à la mobilisation des artistes pour la mamaya et pour les journalistes déployés à Sékhoutouréyah.

Faux, ont rétorqué ceux de l’aéroport. De fil en aiguille, l’affaire a tympanisé les conakrykas au point que le DG de la RTG, M. Ousmane Camara, a suspendu Kaba Condé pour faute lourde. Il a même été interdit de séjour à la RTG, pour cause d’insubordination et d’insoumission à l’autorité.

Nous avons approché Kaba Condé pour en savoir un peu plus. Il nous a conduit partout et nulle part. L’affaire continue de faire les choux gras de la presse guinéenne.

AfricaLog.com : On vous accuse d’avoir détourné 10 millions de nos francs destinés aux journalistes de la RTG, chargés de la couverture médiatique du retour du Président de la République de sa tournée africaine…

Kaba Condé : Merci de me donner l’opportunité d’expliquer et d’éclairer la lanterne des uns et des autres, sur cette affaire. L’initiative d’organiser la réception du Pr Alpha est partie du Gouverneur de Conakry, qui m’a associé à la tâche. Nous avons travaillé ensemble, avec une équipe de cadres du gouvernorat. Les tâches ont été réparties.

Moi, j’étais chargé d’assurer la mobilisation au niveau des artistes, au niveau publicitaire sur les radios et dans les quartiers. Dans un premier temps, la réception devrait être faite à l’esplanade du Palais du peuple. C’est à cause de cela que les artistes avaient été intéressés à la chose. Mais des cadres de la Présidence ont dit non, on n’est plus en campagne, le Président ne peut plus faire un discours après sa tournée: on le conduit directement à Sékhoutouréyah.

Il était question maintenant de mobiliser les gens par des annonces dans les quartiers, même avec des véhicules munis de haut-parleurs, par des banderoles. On a regroupé tout cela et on a dit presse. Et voilà que, mauvaise volonté aidant, nous assistons à une rencontre chez le Premier ministre, où le ministre de la Pêche, Moussa Condé indique que 10 millions de francs, presse. Et le Directeur général de la RTG, qui est déjà aux aboies, qui ne sait plus qu’est qu’il faut faire, qui se sent menacé je ne sais par quoi, je ne sais pas qu’est-ce qui le fait courir, Ousmane Camara, de m’appeler le lendemain pour dire : Kaba Condé où sont nos 10 millions? Je lui dis quel 10 millions? On n’a pas dit 10 millions pour la presse?

J’ai dit : Monsieur le directeur, quel 10 millions, j’arrive, je suis en panne. Avant que je ne vienne, il a réuni le personnel, ses sbires à lui, pour leur donner des autorisations de m’attaquer, en disant que moi, j’ai détourné l’argent de la RTG et que les 10 millions appartenaient aux journalistes basés à l’aéroport.
Je suis venu à son bureau, je lui ai donné les explications. Il a appelé le ministre de la Pêche qui a confirmé ce que je lui ai dit. Mais, il a la mauvaise volonté. Il veut accuser Kaba Condé, parce que peut-être, il se sent menacé par le travail que Kaba Condé est en train d’abattre et qui fait son nom. Sinon moi, je ne réponds pas. C’est la première fois que j’accorde une interview à une radio ou à un journal.

Vous étiez à l’aéroport, vous avez vu le déchaînement sur moi, des journalistes de la Radio où je suis le Directeur. Il les a réunis dans son bureau, pour leur dire: il faut attaquer Kaba Condé.
C’est ainsi que Fatoumata Hawa et Amara Camara se sont évertués à m’attaquer sur les antennes. Je n’ai pas réagi et je me suis occupé à préparer l’arrivée du Président à Sékhoutouréyah, parce que j’y étais basé pour animer l’équipe qui était-là au niveau de la radio et de la télévision.

J’espère que cela s’est bien passé, parce que les gens ont pu suivre en direct le retour du Président. Les gens ne voulaient pas que les journalistes s’installent à Sékhoutouréyah et Dieu seul sait ce que j’ai mené ce jour-là, comme bataille pour qu’on réussisse à faire passer le Président en direct à la télévision. Je ne dis pas tout, mais les gens écoutent mes émissions. Ce premier jour, je n’ai pas réagi. Je me suis dit si c’est le père de famille qui indique aux gens: venez attaquer les membres de ma famille, là tout le village va vous attaquer. Mais le lendemain, on m’appelle pour me dire que le rédacteur en chef est allé sur «Espace Fm», j’ai dit là, je ne comprends plus rien. C’est la suite de l’acharnement de Ousmane Camara : coûte que coûte il faut salir Kaba Condé, tout en occultant ce que lui, il est en train de faire à la RTG.

C’est ce qui m’a amené sur la radio «Espace Fm» pour donner mes explications. Et dans mes explications, j’ai expliqué comment cette histoire a commencé. Cet argent n’est pas à distribuer aux journalistes. L’argent qu’on donne à la presse privée, ne passe pas par Kaba Condé, il passe par l’URTELGUI. L’argent qu’on doit donner à la presse publique ne passe par Kaba Condé, mais passe plutôt par le ministère de la Communication

Est-ce que cela veut dire que la presse privée n’a rien à voir avec ce montant…Parce que certains soutiennent que la Presse privée avait sa part dans ledit montant, mais que celle-ci n’avait rien reçu.

C’est toujours la mauvaise interprétation. Quand il y a la mauvaise volonté, on crée la désinformation. Le mensonge n’a qu’à beau traîner, la vérité jaillira. Ousmane fait une gestion calamiteuse de la RTG. J’ai évoqué l’affaire des 35 millions de francs guinéens, pour l’organisation d’une soirée électorale où les journalistes n’ont même pas reçu 2 millions. Où sont les 33 millions? Quand les journalistes devraient être déployés sur le terrain pendant la campagne électorale, c’est moi qui suis allé chercher 20 millions de francs guinéens, j’étais avec tété Kéïta. Je suis venu déposer les 20 millions sur sa table. C’est lui qui a distribué cet argent pour les journalistes qui devraient aller sur le terrain, alors que le département avait déjà dégagé près de 25 millions pour la même cause. Or, lui, il nous avait dit qu’il n’y a rien.

Les scandales financiers, ça finit à la RTG ? Prenez les spots publicitaires à la télévision et à la radio, toute la nuit, la RTG ne fait que publier des spots, mais même l’eau manque dans les toilettes. Tout manque à la RTG. Même les nouveaux véhicules que KPC a donnés à la RTG, ils sont en panne. Le groupe électrogène de la RTG ne marche pas, faute d’huile de rechange. Quand des scandales comme ça s’accumulent à la RTG, il n’y a pas que deux gestionnaires, il n’y a que lui. Un collaborateur gênant, il faut l’accuser.

Justement, vous êtes aussi reproché d’insubordination et d’insoumission à l’autorité. Qu’en pensez-vous ?

Ils peuvent le dire. C’est parce que Kaba Condé a eu le courage de dire tout haut, ce que tout le monde pense tout bas. Quand on dit faute lourde, quelle faute lourde ? Nous avons été le 3 février devant la Commission de discipline du département de l’Information. Nous avons été écoutés, le ministère va trancher. On ne sanctionne pas un cadre parce qu’il a dénoncé tes malversations. Nous avons décidé de faire le changement ? Ce changement commence par nous-mêmes.

Le ministre a reconnu la mauvaise gestion de la RTG. Le ministre Doré (sur la photo) a visité la RTG, la semaine dernière, tout le monde a vu l’état déliquescent dans le quel se trouve la RTG. Si dénoncer cela est une faute lourde, j’en prends acte.

L’administration va régler ça. Cela ne me fait ni chaud, ni froid. Parce que c’est une décision qui est illégale. Quelle est la faute qu’il peut me reprocher ? Pour avoir dénoncé ? Il n’a qu’à arrêter la malversation à la RTG. Que chaque Directeur fasse son travail, comme le ministre l’a dit.

Mais quand c’est le Directeur général qui peut aller même dans les studios avec une bande pour l’engager, et après la récupérer, ou qui peut aller avec un communiqué clandestin dans le studio, pour le diffuser et le retirer, on ne comprend plus. Et si le Directeur dénonce ça, on le sanctionne, moi, je suis tranquille dans ma conscience. Le Pharaon n’a pas empêché Moïse de détrôner Ramsès II, qu’il a d’ailleurs élevé sous son toit, alors qu’il ne voulait la naissance d’aucun garçon dans sa royauté. Ce ne sont pas les invectives de Ousmane Camara qui vont m’empêcher de continuer mon chemin. On peut mettre l’écran entre le feu et une personne, mais on ne peut pas mettre un écran entre le soleil et une personne. Il y a eu le grand test de journalisme que le gouvernement a fait en 1987, nous avons ceux-là qui l’ont eu et ceux-là qui ne l’ont pas eu. On m’accuse d’insubordination et ceux-là qui m’ont attaqué ?
Le jour de l’arrivée du Président tout le monde m’a vu, j’ai interviewé le Président de la République en direct à la télé, mais quand il s’est agi de la rediffusion de l’élément la nuit, ils ont coupé et ma question et la réponse du Président de la République.

J’avais posé au Président: est-ce que la manière dont il a été reçu par les Présidents auxquels il a rendu visite, ne l’engage pas de plus à répondre aux attentes des Guinéens. Le Président avait donné une réponse pertinente à la question, mais comme on ne veut pas voir la tête de Kaba Condé, on a coupé.

D’aucuns vous collent l’étiquette du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée), parti qui a porté Pr Alpha Condé au pouvoir. Qu’en dîtes-vous?

La loi autorise tous les Guinéens à adhérer à un parti politique. Donc, si je suis du RPG, je ne m’en plaindrais pas. Dans le domaine de mon travail, je reste journaliste. J’anime l’émission « L’invité du matin », qui est très écoutée. Si les gens pensent que la façon d’animer l’émission fait de moi un militant, je leur en donne acte. Mais ce que je sais, si je militerais dans un parti, je militerais librement. Personne ne peut condamner d’appartenir au PUP, au RPG, à l’UFDG. Tous les Guinéens ont droit à un vote, mais le vote guinéen est secret. Donc je ne dirai jamais pour qui je vote. Si les gens pensent que je suis du RPG, je leur donne acte, s’ils pensent que je suis du PUP ou de l’UFDG, je leur en donne aussi acte. Mais je retiens que la loi autorise tous les Guinéens à adhérer à un parti politique.

AfricaLog.com

 

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