Par Paddy Harper, Mpumelelo Mkhabela, Nkulukelo Ncana
Pour décrocher la magistrature suprême, le leader de l'ANC s'est inspiré des tactiques de campagne du candidat démocrate lors de l'élection présidentielle américaine. Une bonne histoire fait en ce moment le tour des cercles politiques : les stratèges du Congrès national africain [ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid] auraient rencontré, en 2008, les conseillers en communication qui ont conçu la campagne électorale de Barack Obama. Les Américains leur auraient proposé un plan en béton, mais assorti d'un tarif encore plus lourd. L'ANC leur aurait poliment dit : "Non merci !" et les aurait raccompagnés à la porte. Le parti aurait alors pris les meilleurs morceaux de ce plan, les aurait adaptés aux particularités locales et mélangés avec sa propre stratégie. Cette histoire n'est peut-être qu'une légende urbaine, mais elle résume bien la lucidité, l'habileté et la capacité d'anticipation dont l'ANC a fait preuve jusqu'à l'insertion du dernier bulletin dans l'urne, le 22 avril. Dans sa campagne, l'ANC a dépensé, réfléchi et travaillé davantage que l'opposition et s'est montré plus habile qu'elle, l'écrasant sur chaque pouce de l'espace public. Il a également chanté et dansé davantage, enflammant le cœur et l'âme des jeunes en rendant la politique à nouveau "cool" et excitante. Le parti a identifié cinq points faibles dans son action : la santé, l'éducation, la criminalité, le développement des zones rurales et de la jeunesse, et la précarité de l'emploi. Il s'est excusé d'avoir eu des mauvaises notes dans ces matières et, avec une simplicité désarmante, a transformé ses échecs en chevaux de bataille. Tous ses membres lisaient le même scénario et disaient la même chose. Quiconque s'écartait de la ligne était immédiatement remis au pas. Les feux étaient éteints avant que le parti ne brûle. Le résultat a été un exemple type de mobilisation politique. L'ANC a également investi le cyberespace, inondant les boîtes électroniques de courriels qui descendaient en flammes les partis d'opposition et portaient l'ANC aux nues. "Comme nous vivons dans un monde où le cyberespace est utilisé par des millions d'électeurs potentiels, nous ne pouvions pas négliger ce terrain", explique Ngoako Ramatlhodi, membre du comité exécutif national. "C'est pourquoi nous avons créé un énorme centre de communication, que nous avons utilisé pour transmettre notre message à ceux qui sont connectés à la Toile." – Sunday Times