Le gouvernement du Bénin a reporté vendredi au 13 mars l'élection présidentielle prévue ce week-end, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, alors qu'opposition et syndicats affirment que plus d'un million d'électeurs n'ont pas été enregistrés.
«Il y a eu une décision de la Cour constitutionnelle qui autorise le report et qui invite le chef de l'État a convoquer le corps électoral, donc les élections sont reportées au 13 mars prochain», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marie Ehouzou.
La Cour constitutionnelle avait autorisé plus tôt vendredi un report au 13 mars de la présidentielle prévue ce week-end pour permettre de compléter les listes électorales.
Opposition, syndicats et organisations de la société civile affirment depuis des semaines que plus d'un million d'électeurs n'ont pas été enregistrés dans le nouveau fichier électoral.
Le scrutin devrait se jouer essentiellement entre le président sortant, élu en 2006, et l'opposant Adrien Houngbédji, qui convoite la présidence depuis vingt ans. Un troisième homme, l'économiste Abdoulaye Bio Tchané pourrait jouer le rôle d'arbitre.
Il avait déjà été repoussé d'une semaine en raison de retards dans la confection du fichier qui compte désormais quelque 3,5 millions d'inscrits.
Mais cette mesure a paru insuffisante et plusieurs manifestations ont eu lieu à Cotonou, capitale économique de l'ancienne colonie française de 9,3 millions d'habitants, pour protester contre le fichier jugé toujours incomplet.
Jeudi, l'ONU, l'Union africaine et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest ont aussi apporté leur soutien à un nouveau report de la présidentielle.
Le président Boni Yayi, candidat à sa réélection, avait finalement ouvert la voie vendredi à un second report de la présidentielle prévue dimanche.
À seulement 48 heures du scrutin et au dernier jour de la campagne, M. Yayi s'était dit favorable à un ajournement qu'il avait jusqu'alors rejeté, craignant une crise constitutionnelle.
«Il est pour un report», a déclaré à l'AFP son porte-parole Marcel de Souza, mais «tient» à ce que «le délai constitutionnel qui traduit la fin de son mandat soit rigoureusement respecté», a-t-il souligné.
L'annonce de M. Yayi est survenue quelques heures après le vote par le Parlement d'une loi accordant un délai supplémentaire aux responsables du système électoral.
Si le chiffre de plus d'un million d'inscrits absents de la liste est discuté, chacun s'accorde pour reconnaître que la distribution des cartes électorales a pris un important retard.
Le gouvernement a jusqu'à présent dit craindre qu'un nouveau report engendre une crise constitutionnelle: le quinquennat de Boni Yayi expire le 6 avril et la loi fondamentale prévoit que son successeur prête serment d'ici cette date.
Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue, un second tour doit se dérouler 15 jours après le premier, un scénario très probable selon les observateurs.
Les meetings électoraux de M. Yayi prévus vendredi ont été annulés, a indiqué à l'AFP son porte-parole Marcel de Souza. Il n'était pas clair si les 13 autres candidats en avaient fait de même.- AFP