Les États-Unis sont passés à la vitesse supérieure dans leurs contacts avec l'insurrection libyenne, mais le chef de leurs services de renseignements a estimé que Kadhafi était en train de l'emporter.
La secrétaire d'État, Hillary Clinton, a informé le Congrès américain qu'elle rencontrerait des opposants libyens lors d'un voyage au Caire et à Tunis la semaine prochaine, son premier déplacement dans ces pays depuis le début des révoltes arabes.
«Nous sommes en train de joindre l'opposition à l'intérieur et à l'extérieur de la Libye. Je vais rencontrer certains de ces opposants à la fois aux États-Unis et lors de mon voyage la semaine prochaine, afin de discuter de ce que les États-Unis et d'autres peuvent faire», a-t-elle annoncé, tout en réitérant la demande américaine que le colonel Kadhafi quitte le pouvoir «sans retard ni nouvelles violences».
Le conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon, a par ailleurs signalé que les Etats-Unis allaient, en accord avec l'opposition, envoyer des équipes humanitaires dans l'est de la Libye, région contrôlée par l'insurrection contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
Des diplomates américains, dont Gene Cretz, l'ambassadeur américain en Libye, ont déjà rencontré au Caire des membres du Conseil national de transition (CNT).
D'autres contacts ont eu lieu, mais Washington était, jusqu'à présent, délibérément discret sur l'identité des personnalités rencontrées, pour ne pas donner le sentiment que les Etats-Unis choisissent leurs interlocuteurs.
La Maison Blanche a franchi un pas jeudi en révélant que les États-Unis avaient établi un «contact direct» avec «tous les hauts responsables» du CNT basé à Benghazi (est).
La France a été jeudi la première nation à reconnaître la légitimité du CNT pour représenter le peuple libyen.
Les États-Unis, a dit le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney, en restent pour l'heure à «un processus d'évaluation de ces groupes, le Conseil et d'autres personnes, pour savoir quel est leur objectif, qui ils représentent, quelles sont leurs idées et vers où ils conduiraient une Libye de l'après-Kadhafi».
Sur le terrain, les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont gagné du terrain jeudi dans leur progression vers l'Est tenu par les rebelles.
Les responsables du renseignement américain, interrogés par la commission de la Défense du Sénat à Washington, ont pris note de ce rééquilibrage après les gains initiaux de la rébellion.
Le directeur national du renseignement (DNI), James Clapper, qui coordonne l'action des 16 agences américaines de renseignement et leurs 80 milliards de dollars de budget, a même estimé qu'avec le temps, le régime Kadhafi «l'emportera».
«S'agissant des rebelles en Libye, et sur le point de savoir s'ils vont réussir ou pas, je pense franchement qu'ils sont engagés dans une bataille difficile», a-t-il ajouté.
M. Clapper a également expliqué au sénateur que le système de défense anti-aérien libyen était «assez important» et n'était dépassé au Moyen-Orient que par celui de l'Égypte.
Une réflexion qui devrait être à l'esprit des alliés de l'Otan, qui se verront soumettre le 15 mars un plan en vue d'une possible zone d'exclusion aérienne.
«Je sais à quel point les gens sont inquiets», a reconnu Mme Clinton en annonçant cette date: «Je partage cette inquiétude, mais nous avons beaucoup d'expérience de ce genre de circonstances, venant de l'Irak, des Balkans et d'ailleurs. Nous savons combien il peut être difficile de faire l'une ou l'autre des choses que beaucoup de gens souhaitent.» - AFP