Des tirs «à l'arme lourde» ont été entendus jeudi soir à Tiébissou, ville proche de la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro, située à la lisière de la zone sud sous contrôle du président sortant Laurent Gbagbo et du nord ex-rebelle, ont rapporté des habitants.
Il n'était pas possible dans l'immédiat de connaître l'origine de ces tirs.
«Des tirs à l'arme lourde ont commencé vers 15H00. Ils venaient d'abord de l'entrée sud de la ville, avant de se déplacer», a indiqué à l'AFP par téléphone une habitante, précisant qu'ils continuaient en milieu de soirée.
Ses propos ont été confirmés par deux autres témoins, dont l'un a évoqué aussi des tirs «sporadiques» de kalachnikov. «On est terrés chez nous», a raconté l'un d'eux.
Des combats entre forces loyales à M. Gbagbo et ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) alliées à Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale, avaient eu lieu mi-décembre dans cette ville située en zone sud à une quarantaine de km au nord de Yamoussoukro, à la limite de l'ancienne zone tampon qui séparait les deux ex-belligérants depuis 2003.
Les FN tiennent le nord du pays depuis leur putsch manqué de 2002.
Ces tirs surviennent alors que l'Union africaine a constaté en sommet à Addis Abeba le désaccord entre les deux camps: l'UA a confirmé quelques heures plus tôt jeudi l'élection à la présidence d'Alassane Ouattara, selon ce dernier, mais le camp Gbagbo a rejeté cette décision et agité la menace d'une reprise de la guerre civile.
Depuis trois semaines, des combats font rage dans l'ouest du pays entre FN et forces pro-Gbagbo, tandis que la situation se détériore à Abidjan.
Dans un quartier chic d'Abidjan, la maison d'une personnalité du camp Gbagbo, Damana Pickass, a été attaquée jeudi soir, notamment au lance-roquettes, sans faire de tué, a-t-on appris de sources concordantes.
«Des individus non identifiés ont attaqué mon domicile avec des grenades offensives, une mitraillette et un (lance-roquettes) RPG. Heureusement, je n'y étais pas», a déclaré M. Pickass à l'AFP, ajoutant que son frère avait été «blessé légèrement par des éclats de grenades».
Membre de la Commission électorale indépendante (CEI) qui avait organisé la présidentielle contestée de novembre, M. Pickass avait acquis une célébrité internationale en arrachant les feuilles de résultats partiels que s'apprêtait à lire à la télévision le porte-parole de la CEI, dénonçant un «hold-up électoral» au profit de M. Ouattara.
Cette scène est restée comme un résumé du contentieux électoral transformé en une crise politique qui menace chaque jour davantage de plonger le pays dans le chaos.
Selon le camp Ouattara, au moins une vingtaine de maisons de personnalités de son bord ont été pillées ces derniers jours.- AFP