L'ex-Premier ministre Seïni Oumarou a reconnu mercredi sa défaite à l'élection présidentielle du 12 mars au Niger, remportée par l'opposant historique Mahamadou Issoufou, disant ne pas vouloir entraîner le pays dans des "difficultés interminables".
Avant la proclamation prochaine des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, cette déclaration marque un processus électoral réussi, destiné à rétablir un régime civil après un an de junte militaire à la suite du coup d'Etat de février 2010 contre Mamadou Tandja.
"Je prends acte des résultats provisoires proclamés par la Céni" (Commission électorale nationale indépendante), a lancé M. Oumarou devant ses militants à Niamey.
"Je présente mes sincères félicitations ainsi que mes voeux de bonne chance et de succès à son Excellence Mahamadou Issoufou pour tout ce qu'il entreprendra de bien pour le Niger", a-t-il poursuivi.
"J'ai décidé de n'ouvrir aucun dossier en contentieux électoral et de ne saisir le Conseil constitutionnel d'aucun recours en annulation", malgré des "insuffisances" dans l'organisation du vote, a ajouté l'ex-candidat.
En présence de son principal allié, l'ex-chef d'Etat Mahamane Ousmane, M. Oumarou a exprimé "sa volonté de ne pas entraîner le Niger dans une nouvelle spirale de difficultés interminables", et d'"oeuvrer à une véritable réconciliation nationale".
En début de soirée, il s'est rendu au domicile de Mahamadou Issoufou pour le féliciter de sa victoire, selon des images diffusées par la télévision publique. Les deux anciens rivaux ont échangé une chaleureuse poignée de main.
"Dieu a choisi de te donner le pouvoir, je me soumets à sa volonté et je respecte le choix du peuple souverain", a dit Seïni Oumarou à son vainqueur, promettant "une opposition responsable, une opposition pour aider".
M. Issoufou a salué un geste qui "prouve que les adversaires politiques ne sont pas des ennemis", et s'est engagé "au respect des droits de l'opposition".
"Nous veillerons à ce que le Niger puisse être considéré comme un modèle de démocratie, non seulement en Afrique mais dans le monde", a-t-il conclu.
Selon les résultats publiés lundi par la Céni, M. Issoufou a remporté le scrutin avec près de 58% des suffrages, contre quelque 42% pour son rival.
Le président élu doit être investi le 6 avril.
Les deux finalistes avaient des profils radicalement différents: le vainqueur a été l'éternel adversaire de Mamadou Tandja, alors que M. Oumarou est l'"héritier" autoproclamé du chef de l'Etat déchu et détenu depuis un an, dont il fut Premier ministre.
Quelque 6,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce pays sahélien, important producteur d'uranium mais classé parmi les plus pauvres du monde. Le pays doit faire face à la menace croissante d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts d'Occidentaux.
Allié à Hama Amadou, autre ex-chef du gouvernement de M. Tandja, le nouveau président pourra s'appuyer sur une large majorité au Parlement.
Sa coalition dispose de 78 sur 107 sièges - six sièges restant à pourvoir lors de prochaines élections partielles -, selon une décision du Conseil constitutionnel publiée mercredi. - AFP