La France s'est déclarée prête à agir militairement en Libye pour arrêter l'offensive de Mouammar Kadhafi dès le vote prévu ce jeudi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant ces opérations.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, est allé à New York défendre en personne ce projet de résolution franco-britannico-libanais visant à mettre fin à la répression du soulèvement contre le régime du dirigeant libyen.
Alain Juppé a indiqué à son arrivée à New York qu'en cas de vote positif, sur lequel Paris se dit confiant, la France et ses partenaires mettraient très vite la résolution en oeuvre.
"Il va de soi que compte tenu de l'urgence sur le terrain, elle doit être mise en oeuvre rapidement", a-t-il dit aux journalistes avant le début du débat au Conseil de sécurité.
De source française, on souligne que les frappes pourraient avoir lieu vendredi après consultation avec les pays de la Ligue arabe avant la tenue samedi à Paris d'un sommet tripartite Union européenne-Ligue arabe-Union africaine.
Les opérations pourraient viser les pistes des aérodromes et les convois de l'armée libyenne.
En réponse à une question, le chef de la diplomatie française a exclu toute opération militaire terrestre.
Peu avant le vote, Paris se voulait confiant.
"Il serait étonnant qu'il y ait un veto d'un membre permanent", a-t-on expliqué de source diplomatique française. "Nous sommes persuadés d'avoir les neufs voix nécessaires."
COURSE CONTRE LA MONTRE
Sur les cinq membres permanents du conseil, les voix de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis sont acquises. La Russie ne semble pas vouloir s'opposer au texte et Paris espère voir la Chine s'acheminer vers une abstention.
Une véritable course contre la montre est engagée, alors que les forces fidèles à Mouammar Kadhafi s'apprêtent à donner l'assaut aux derniers bastions des insurgés.
Selon la même source diplomatique française, le projet de résolution se fonde sur le chapitre VII de la charte des Nations unies pour autoriser l'utilisation "de tous les moyens" afin de protéger les populations civiles libyennes.
Cela comprend des moyens militaires, en particulier aériens, mais exclut une intervention terrestre, dit-on de même source.
Ce texte autorise la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne recouvrant une palette de modalités sans qu'il s'agisse nécessairement d'interdire tout l'espace aérien libyen.
Un autre point prévoit le renforcement des sanctions contre Mouammar Kadhafi, sa famille et son entourage. Enfin, le texte appelle à un cessez-le-feu immédiat.
Les opérations seront menées par une "coalition de volontaires" comprenant la France, le Royaume-Uni, sans doute les Etats-Unis et plusieurs pays arabes.
La participation de ces derniers pourrait cependant se limiter à l'autorisation de survol de leur territoire, un accès à leurs bases, une surveillance aérienne et maritime, etc.
Un représentant de la Ligue arabe à l'ONU a mentionné les Emirats arabes unis et le Qatar.
Les dirigeants français ont toujours affirmé qu'une intervention de la France contre les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ne pourrait pas se faire sans mandat du Conseil de sécurité et sans participation active des pays arabes. - Reuters